Analyses et décryptages

La fonction publique sert-elle encore à quelque chose ? Notre argumentaire

« Ronds de cuir, Inefficaces, Planqués, Corrompus », « Nécessaires », « Indispensables »...Les fonctionnaires ont tout entendu. « Trop chers, à supprimer », « Trop peu nombreux, on veut des services de proximité » : Des fonctionnaires autant réclamés que récriés ! La fonction publique sert-elle encore à quelque chose ? L'UNSA Éducation dit OUI et vous explique quelle vision elle porte pour la fonction publique et le service public.

La fonction publique sert-elle encore à quelque chose ? Analyse d’un rapport à la fonction publique très ambivalent basé sur des perceptions mouvantes, sous l’éclairage du dernier baromètre Webhelp.

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Usagers VS agents : des perceptions très différentes

Le dernier baromètre Webhelp de mesure de la satisfaction des usagers envers le service public montre un changement de perception négatif : moins d’un usager sur deux (49%) est satisfait du service public, une chute de -25 points entre 2021 et 2022. Manque de réactivité, écoute insuffisante sont les insatisfactions les plus souvent relevées.

A contrario, les agents en exercice sont satisfaits à 63%, avec un sentiment d’utilité qui reste important.

La crise sanitaire a eu un impact négatif sur la perception du service public par les usagers ; elle a renforcé la complexité de la définition d’intérêt général en même temps qu’une accélération des processus sociaux et sociétaux déjà en œuvre.

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Un changement de vocation de l’État

L’État ne possède plus l’entière prérogative du service à l’usager avec comme corollaire l’érosion du service public. D’ailleurs, certaines catégories de la population, notamment les plus jeunes, sont favorables au recours aux partenaires privés pour certaines prestations. Une image plus contemporaine semble être plébiscitée. On recherche une relation plus commerciale, image parfois diffusée par le service public lui-même.

L’intérêt général n’a plus l’universalisme d’antan. Aujourd’hui il est plutôt vu comme étant la somme d’intérêts particuliers ayant une visée utilitariste et consommatrice.

Les causes ? La mondialisation, la libéralisation économique, l’individualisme sont autant de décentrements subis et parfois encouragés par l’État.

Le triomphe de l’individuation de la société aboutit à des tensions internes qui renforcent l’anomie. Comment dès lors articuler et faire coexister des logiques distinctes ? Quelles finalités donner à l’action publique ?

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Faire sens pour refaire société

Chaque crise qu’elle soit sanitaire, sociale ou économique met au défi les structures existantes.

L’État reste le garant du lien dans une société fracturée, garant aussi des valeurs fondamentales d’impartialité, de probité, d’intégrité de neutralité et de laïcité. Il est également la seule entité capable de faire face aux crises de grande ampleur.  A ce titre il est responsable de la relation entre un service public de qualité et une société apaisée.

La fonction publique porte des missions essentielles au quotidien : faire en sorte que l’ensemble soit cohérent, veiller à la bonne articulation entre la loi – expression d’une volonté collective – et les réalités singulières du terrain.

Dans ce contexte, la fonction publique apparaît plus que jamais indispensable. Pour mener à bien ses missions, elle doit se faire confiance et bénéficier de celle de la société. Elle doit également s’adapter aux grands enjeux sociétaux, aux nouvelles formes de contact et de solidarité, à la digitalisation. Il lui revient de faire sa mue tout en se recentrant sur son cœur de métier, celui qui fait sens. Proximité, Service, Écoute, Soutien, Lien : voici des missions qui ont toujours correspondu et correspondent toujours aux attentes de la population.

Le Service public doit pouvoir porter fièrement son nom. Car c’est bien l’intérêt public qui doit rester – ou parfois redevenir –  la priorité des politiques publiques.

Il lui faut pour cela des agents, des moyens, des missions qui font sens. Mais pas seulement. Il lui faut également la contribution de chacune et chacun d’entre nous, car il nous revient également de veiller au bien commun. De ne pas en attendre tout et son contraire. De nous souvenir qu’elle est un service qui a forcément un coût, et que supprimer un coût revient à supprimer un service. De réaliser qu’il n’est pas facile d’être agent public. Et qu’être reconnaissant∙e de ce qui est fait a aussi du sens.

Pour l’UNSA Éducation, l’accès au service public doit se faire sans aucune discrimination territoriale ou individuelle, notamment pour l’éducation, la culture, la santé, la justice et l’emploi.

Parce qu’elle joue un rôle essentiel pour notre cohésion sociale, l’Éducation doit échapper à la logique marchande. L’État est responsable de la qualité et de l’égalité d’accès au Service public. Garant du droit il est le régulateur des moyens dont disposent les différents acteurs.

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