La diversité dans la société française à la télévision, fiction ou réalité ?

Une représentation faussée de la société française

Les minorités, les femmes, les ruraux, les CSP inférieures sont toujours délaissées par les chaînes de télévision, déplore l’Arcom. Le rapport constate que les personnes perçues comme “non-blanches” ont été moins représentées en 2021 à la télévision ; la présence des femmes à la télévision est stable (39 %). Leur proportion est plus importante sur les chaînes historiques (44 %), mais elles restent en-deçà de la parité. En effet, les femmes représentent 52 % de la population française. La représentation du handicap reste très marginale : seulement 0,8 %. Ceci est “décevant” pour l’Arcom, car les politiques de recrutement dans les médias audiovisuels sont de plus en plus favorables à l’inclusion de personnes en situation de handicap, mais cela ne transparaît pas à l’écran.

Des connotations discriminatoires envers les personnes “non-blanches”

Le rapport souligne que les personnes vues comme “non-blanches” tiennent une place plus importante dans les rôles à connotation négative (22 %) que dans ceux à connotation positive (18 %). De plus, 43 % des personnes ayant une attitude à connotation négative dans les programmes d’information sont vues comme “non-blanches”, soit 11 points de plus qu’en 2020. Dans l’ensemble, les personnes perçues comme “blanches” demeurent donc largement majoritaires à la télévision.

Des inégalités géographiques

L’Arcom souligne par ailleurs des inégalités liées au lieu de vie. Le rapport démontre que c’est une image très urbaine de la société qui est affichée au travers de la télévision. Il y a toutefois des déséquilibres dans cette société urbaine. En effet, les centres-villes historiques sont très largement représentés (65 %) contrairement aux banlieues (4 %). La ruralité représente 13 % des personnes à l’écran (avec une diminution de trois points par rapport à l’année 2020). Quant aux territoires ultra-marins, ils connaissent une perte de représentativité importante en passant de 10 % en 2019 et 2020 à 3 % en 2021, certainement suite à la suppression de la chaîne France Ô.

Des inégalités selon l’âge

Les juniors et les seniors continuent à être sous-représentés. À peine 10 % des jeunes apparaissent, et la situation est encore plus mauvaise pour les plus de 65 ans avec seulement 5 %. Alors même que les seniors constituent la tranche d’âge française la plus importante avec plus de 20 %. L’Arcom dénonce que la situation des femmes est encore plus mauvaise, avec une représentation qui diminue dès 50 ans ! En effet, 40 % des femmes indexées ont entre 35 et 49 ans, 15 % entre 50 et 64 ans.

Des inégalités socioprofessionnelles

Enfin, le rapport pointe un autre élément de l’incapacité à représenter l’ensemble des Françaises et Français à la télévision. En effet, il y a une surreprésentation des catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+). Cela concerne 75 % des personnes présentes à l’écran contre 10 % pour les catégories inférieures et 15 % des inactifs.

Le constat de l’Arcom est édifiant : les discriminations stagnent, voire progressent à l’écran. Le rapport se base sur 1800 heures de programmes diffusés par dix-neuf chaînes de la télévision numérique terrestre en 2021. Notre Fédération soutient l’Arcom dans son appel aux éditeurs à renouveler leurs engagements, qu’elle liste en fin de document, et à les renforcer. Elle insiste particulièrement sur la nécessité pour les chaînes d’information en continu de “se saisir davantage des enjeux d’une juste représentation de la société française dans sa diversité. L’information, qui est en prise avec la réalité de la société française, devrait donner à voir une plus juste représentation de celle-ci.” Tout comme l’École, l’UNSA Éducation souhaite que les médias s’engagent à agir contre toutes les formes de discriminations et à les faire disparaitre. Cet espace doit représenter le “vivre ensemble” de notre société.

Pour aller plus loin :

Le site de l’Arcom avec le rapport en intégralité (140 pages)