En lien avec l'actualité

La Communauté politique européenne : une nouvelle étape de la construction de l’Europe ?

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, les États européens se sont retrouvés le 6  octobre dernier à Prague en République tchèque à l’initiative d’Emmanuel Macron. En effet, lors de la présidence française de l’Union européenne (UE) au premier semestre 2022, le président français a fait part de sa volonté de fonder une “Communauté politique européenne” (CPE). L’UNSA Éducation est résolument favorable à la construction d’une Europe démocratique et sociale. Cette nouvelle structure européenne est encore en construction avec des contours parfois flous. Notre Fédération saisit l’occasion de faire le point à la suite de cette première réunion : ses membres et ses ambitions.
europe population union

Montrer à Moscou et au reste du monde l’unité des 44 États

Si les cités-États (Andorre, Monaco, Vatican et Saint-Marin) n’ont pas été conviées, 44 nations européennes se sont rassemblées dans un contexte de guerre sur le Vieux Continent. Tout un symbole et une démonstration d’unité évidemment destinée à Vladimir Poutine, d’autant plus qu’elle a lieu à Prague, capitale de la République tchèque et de l’ex-Tchécoslovaquie martyrisée par les troupes soviétiques en 1968. La liste des participants comprend l’ensemble des pays européens, à l’exception de la Russie et de la Biélorussie, proche alliée du régime russe. Dans le détail, il s’agit des 27 États membres de l’UE ainsi que des pays ayant obtenu le statut de candidat à l’adhésion (Albanie, Moldavie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Turquie et Ukraine), de la Bosnie-Herzégovine et de la Géorgie (candidatures déposées), du Kosovo (“candidat potentiel” pour l’UE), des États membres de l’Espace économique européen (Islande, Liechtenstein, Norvège), ainsi que de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Suisse et du Royaume-Uni. Ce premier sommet de la CPE a porté sur deux principales questions : la paix et la sécurité, en particulier avec la guerre en Ukraine, et la crise énergétique.

Élargir l’Europe pour offrir à l’Ukraine, ce que l’UE ne peut pas (encore)

Emmanuel Macron a lancé sa proposition de CPE le 9 mai au Parlement européen de Strasbourg, jour de la Fête de l’Europe, où l’on célèbre la construction européenne. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, souligne que la CPE et l’adhésion  à l’UE sont deux voies distinctes mais parallèles. Ainsi, selon lui, la première ne doit pas être “une alternative au prochain élargissement de l’UE ”, mais un forum “d’amis et de partenaires ”. La CPE apparaît comme une sorte de G44 européen où tous les pays participent sur un pied d’égalité et au même niveau. Cette réorganisation est une réaction à la guerre de Vladimir Poutine qui transforme profondément le continent européen. L’Ukraine a obtenu le statut de pays candidat à l’adhésion. Toutefois, l’adhésion prendra du temps : au moins dix ans, peut-être plus. Là est l’une des ambitions de la CPE, puisque l’UE n’est pas en mesure d’offrir dès aujourd’hui à l’Ukraine toute sa protection, cette autre communauté a été inventée, plus large et à effet immédiat.

Une Europe à géométrie variable

L’idée remonte aux années 1980 et la CPE pourrait être le cercle le plus large de cette Europe à géométrie variable. Elle peut se passer d’un haut degré d’institutionnalisation, elle a besoin de sommets et du dialogue entre les dirigeants pour donner une direction et une incarnation au nouvel ordre géopolitique sur le continent. La CPE a pour ambition de compléter l’UE en créant les conditions de coopérations accrues d’une communauté partageant quantité d’intérêts territoriaux et géostratégiques, mais pas encore de valeurs. Les dirigeants qui ont participé au sommet de la CPE ont ainsi identifié plusieurs domaines de coopération : la protection des infrastructures essentielles (câbles, gazoducs, satellites) ; la lutte comme la cybercriminalité, la propagande et la désinformation ; le soutien accru à l’Ukraine ; et, la mise en place d’une stratégie énergétique intégrée et d’une politique commune sur les migrations et la jeunesse.

Et la suite ?

La CPE est donc un moyen de consolider les liens entre l’UE et les pays européens qui veulent se protéger de la menace russe, en attendant qu’ils rejoignent ou non la famille communautaire, mais qui permet aussi de renouer des liens avec des voisins plus ou moins proches. Un deuxième sommet doit se tenir début 2023 en Moldavie. L’Espagne, qui assurera la présidence tournante de l’UE au second semestre 2023, devrait organiser le troisième et le Royaume-Uni a mis une option sur le suivant. La CPE semble donc s’installer.

europe population union

Pour l’UNSA Éducation, l’Europe est un élément de stabilisation d’un monde désorienté, et le moteur d’une mondialisation maîtrisée. Un nouveau projet politique européen ambitieux établissant les fondements d’une union entre les peuples de l’Europe doit émerger. C’est pourquoi le développement de la Communauté politique européenne peut être un levier important pour consolider la construction européenne. À l’UNSA Éducation, nous pensons que les pays européens ont intérêt à se rassembler pour promouvoir les droits Humains, la démocratie et l’État de droit.

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales