La communauté éducative élève le ton contre les expulsions

Profs, parents et associations demandent, comme Vincent Peillon, une sanctuarisation de l’école.

Sous la présidence Sarkozy, les socialistes se battaient pour que l’école reste un sanctuaire où les enfants sans papiers pouvaient se rendre sans crainte d’être arrêtés. Rares étaient les maires socialistes qui, à la demande du Réseau Education sans frontières (RESF), refusaient de «parrainer» des élèves et leurs familles en situation irrégulière. Le retournement d’aujourd’hui, avec un ministre de l’Intérieur PS autorisant l’interpellation d’une collégienne en pleine sortie scolaire, est ressenti d’autant plus vivement par la communauté éducative, convaincue que la gauche mènerait une autre politique.«Une ignoble expulsion !» tonne le syndicat Unsa éducation dans un communiqué. «Plus aucune intervention policière dans les établissements scolaires et leurs abords !» exige le Snes, principal syndicat du secondaire, qui parle d’«une scène d’une autre époque».

Consigne orale. Les deux organisations rappellent que sous l’ère Sarkozy, à la suite de nombreuses mobilisations, une consigne orale avait été donnée afin que les forces de l’ordre n’aillent plus chercher les enfants sans papiers dans les écoles ou aux abords. L’engagement avait été respecté, à quelques exceptions toutefois. «Il n’y a pas de texte écrit disant que l’école est un sanctuaire, à la différence des universités où, héritage du passé, les forces de l’ordre ne peuvent intervenir que sur demande de leur président, souligne Laurent Escure de l’Unsa éducation. Mais cela a toujours été un modus vivendi. Le ministre Vincent Peillon a bien fait de le rappeler. On assiste à une rupture, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un préfet zélé mais que Manuel Valls assume.»

«Infamies». Alors que l’Unef, syndicat étudiant classé à gauche, dénonce une «dérive inadmissible» et réclame «une réponse politique», les lycéens de la FIDL appellent à une mobilisation aujourd’hui dans les lycées et à un rassemblement à Paris. Ils exigent «le retour immédiat de Léonarda et de Khatchit», un lycéen de 19 ans scolarisé à Paris et récemment expulsé vers l’Arménie, ainsi que «l’interdiction d’expulser des parents sans papiers avec des enfants ayant commencé une année scolaire».

Le ton des réactions renvoie à quelques années en arrière. «Nous les prenons sous notre protection, nous ne laisserons pas commettre des infamies en notre nom, commençait la pétition de RESF signée en mai 2006 par 30 000 personnes. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants… S’ils décident d’échapper à une expulsion honteuse, nous les y aiderons.» Parmi les signataires : Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry, Harlem Désir, Bruno Leroux, Jack Lang…

Véronique Soulé

L’article sur le site de Libération

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Profs, parents et associations demandent, comme Vincent Peillon, une sanctuarisation de l’école.

Sous la présidence Sarkozy, les socialistes se battaient pour que l’école reste un sanctuaire où les enfants sans papiers pouvaient se rendre sans crainte d’être arrêtés. Rares étaient les maires socialistes qui, à la demande du Réseau Education sans frontières (RESF), refusaient de «parrainer» des élèves et leurs familles en situation irrégulière. Le retournement d’aujourd’hui, avec un ministre de l’Intérieur PS autorisant l’interpellation d’une collégienne en pleine sortie scolaire, est ressenti d’autant plus vivement par la communauté éducative, convaincue que la gauche mènerait une autre politique.«Une ignoble expulsion !» tonne le syndicat Unsa éducation dans un communiqué. «Plus aucune intervention policière dans les établissements scolaires et leurs abords !» exige le Snes, principal syndicat du secondaire, qui parle d’«une scène d’une autre époque».

Consigne orale. Les deux organisations rappellent que sous l’ère Sarkozy, à la suite de nombreuses mobilisations, une consigne orale avait été donnée afin que les forces de l’ordre n’aillent plus chercher les enfants sans papiers dans les écoles ou aux abords. L’engagement avait été respecté, à quelques exceptions toutefois. «Il n’y a pas de texte écrit disant que l’école est un sanctuaire, à la différence des universités où, héritage du passé, les forces de l’ordre ne peuvent intervenir que sur demande de leur président, souligne Laurent Escure de l’Unsa éducation. Mais cela a toujours été un modus vivendi. Le ministre Vincent Peillon a bien fait de le rappeler. On assiste à une rupture, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un préfet zélé mais que Manuel Valls assume.»

«Infamies». Alors que l’Unef, syndicat étudiant classé à gauche, dénonce une «dérive inadmissible» et réclame «une réponse politique», les lycéens de la FIDL appellent à une mobilisation aujourd’hui dans les lycées et à un rassemblement à Paris. Ils exigent «le retour immédiat de Léonarda et de Khatchit», un lycéen de 19 ans scolarisé à Paris et récemment expulsé vers l’Arménie, ainsi que «l’interdiction d’expulser des parents sans papiers avec des enfants ayant commencé une année scolaire».

Le ton des réactions renvoie à quelques années en arrière. «Nous les prenons sous notre protection, nous ne laisserons pas commettre des infamies en notre nom, commençait la pétition de RESF signée en mai 2006 par 30 000 personnes. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants… S’ils décident d’échapper à une expulsion honteuse, nous les y aiderons.» Parmi les signataires : Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry, Harlem Désir, Bruno Leroux, Jack Lang…

Véronique Soulé

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