28 septembre : Journée internationale pour le droit à l’avortement
Aux États-Unis, les lois anti-avortement américaines se sont multipliées.
Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et malgré le changement de présidence, la situation continue de se dégrader. De nombreux États conservateurs comme la Louisiane, le Kentucky, l’Alabama ou le Mississipi ont déjà adopté de nombreuses restrictions qui mettent en danger la santé des femmes. Dernièrement, la Cour suprême vient de refuser de bloquer une loi qui empêche tout avortement au Texas quelle qu’en soit la cause passé 6 semaines de grossesse.
Cette décision est extrêmement inquiétante car plus de 85% des IVG interviennent après cette période.
Cette loi outrancière entrée en vigueur au 1er septembre 2021 permet à n’importe quel citoyen ou citoyenne quel que soit son État, de dénoncer tout IVG illégale en contrepartie d’une prime de 10 000 dollars si ce signalement donne lieu à une condamnation lors d’un procès. Des mouvements anti- avortement ont ainsi créé des sites Internet de dénonciations anonymes à l’instar de Texas Right to Life. Certaines plateformes ont, cependant refusé d’héberger ces sites dans un mouvement de contestations de ces procédés.
Prêt à en découdre et face à une loi déclarée « inconstitutionnelle » par le ministre de la justice américaine, le gouvernement de Joe Biden a décidé de riposter en déposant plainte contre le Texas afin d’obtenir son annulation.
Une action dont l’issue sera cruciale et dont la portée politique est essentielle afin de limiter l’impact de cette nouvelle loi qui pourrait séduire d’autres territoires républicains.
L’enjeu n’est pas seulement le droit des femmes à disposer de leur corps mais également d’assurer leur sécurité et leur santé.
En effet, chaque année, cinq millions de femmes sont hospitalisées pour être soignées pour des complications liées à un avortement. On estime qu’elles sont environ 47 000 à en mourir.
Fort heureusement dans certains pays, le droit des femmes à disposer de leur corps progresse.
C’est ainsi que plus au Sud, le Mexique, pays voisin des États-Unis et l’un des plus restrictifs sur l’IVG, a légalisé l’avortement ce mois-ci en rendant inconstitutionnelle la criminalisation de l’IVG.
À Saint-Marin, plus petit pays du monde enclavé en Italie, un référendum ce dimanche 26 septembre a abrogé la loi qui pénalisait l’IVG et obligeait les femmes à se rendre en Italie pour la pratiquer à leur frais.
Ainsi en Europe il reste encore trois pays interdisant l’IVG : Malte, la principauté d’Andorre et la cité du Vatican.
Mais qu’en est-il en France ?
Si la France reste l’un des pays européens les plus avancés en matière d’avortement, l’IVG est cependant très souvent contestée de manière insidieuse. Dernièrement, les débats houleux sur l’allongement de la limite du délai légal pour pratiquer une IVG et la « double clause de conscience » ont révélé la fragilité du droit des femmes à disposer de leur corps dans le pays et la nécessité de le défendre. D’après une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la France a enregistré en 2019 le plus haut niveau du nombre d’interruptions volontaires de grossesses en 30 ans. Ce sont souvent les femmes les plus précaires qui ont recours à l’avortement et l’accès à l’IVG peut être fragilisé car des obstacles demeurent toujours présents.
En effet, la « double clause de conscience » qui permet à de nombreux médecins de refuser de pratiquer l’IVG, rend cet acte plus compliqué à pratiquer dans certaines régions où les infrastructures pour les accueillir sont peu nombreuses et fonctionnent par ailleurs, à flux tendus en cette période de crise sanitaire.
Chaque année, c’est donc entre 4 000 et 5 000 femmes par an en France qui avortent à l’étranger car elles ont dépassé le délai légal de 12 semaines.
Dernièrement un rapport de l’Assemblée nationale a recommandé de porter de douze à quatorze semaines de grossesse la limite légale pour pratiquer une IVG. Mais la proposition de loi qui avait été adoptée dans un premier temps par l’assemblée nationale n’a pas été retenue en deuxième lecture. Classée sans suite, cette question n’apparaît plus à l’agenda parlementaire. Ne pas en faire une priorité, c’est oublier qu’une femme sur trois a recours à l’avortement au cours de sa vie, c’est donc nier la réalité de nombreuses femmes.
Dernièrement pourtant, un sondage révélait que 93 % des Français.es sont attaché.es au droit à l’avortement et que 88 % soutiennent l’allongement du délai à quatorze semaines. Alors pourquoi limiter ce droit ? Pourquoi risquer d’accroître les inégalités et les injustices en poussant certaines femmes à avorter clandestinement ?
Pour l’UNSA Éducation, cette journée internationale pour le droit à l’avortement est l’occasion de rappeler certaines évidences :
– Le droit à l’IVG est garanti par la loi depuis 1975 et les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps.
– le régime de l’IVG a été assoupli afin de favoriser un accès pour toutes les femmes.
– Le 0800 08 11 11, numéro vert national « sexualités, contraception, IVG » est anonyme et gratuit. Il permet d’avoir des informations essentielles à toutes et tous.
L’UNSA Éducation est en faveur du droit des femmes et soutient les initiatives qui visent à permettre à toutes les femmes de faire les choix qui concernent leur corps. Dans cette période de crise, la nécessité d’informations fiables et l’éducation à la sexualité paraît encore plus essentielle. Notre fédération agit en ce sens car la question de l’égalité femmes-hommes passe par une éducation à la vie sexuelle et affective pour toutes et tous.
Pour aller plus loin :
Les propositions de la Fondation Jean Jaurès pour garantir le droit à l’avortement en France dans la note d’Amandine Clavaud, directrice de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes de la Fondation, et Déborah Rouach, chargée de mission au secteur international : « Le droit à l’avortement : un combat sans fin pour garantir la liberté de disposer de son corps »
Le Ciné-débat d’Osez le féminisme le mercredi 29 septembre à la Cité Audacieuse Paris 5
Le 23 février 2022 sortira le film SIMONE Le voyage du siècle d’Olivier Dahan
Communiqué du HCE