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Journée internationale de la tolérance : où en est la France ?

Depuis 1996, l’ONU a fait du 16 novembre la journée internationale de la tolérance. Cela fait suite à la signature par l’UNESCO d’une déclaration de principes sur la tolérance. Dans ce texte, ce terme est défini comme «le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains.» Mais en France qu’en est-il ? L’UNSA Éducation fait le point.

Si on se contente de regarder quelques émissions de chaînes d’informations en continu, la réponse semble évidente : la tolérance n’est pas une valeur dans notre pays tant l’exclusion, la division, l’hostilité envers les autres semblent très présentes. Pourtant, de nombreuses enquêtes démontrent le contraire : la population française est de plus en plus tolérante. À l’heure où la campagne présidentielle est presque lancée, cette journée du 16 novembre est l’occasion de revenir sur la définition de cette valeur, sur ses liens avec des débats actuels, par exemple autour de la laïcité et sur l’attitude vis-à-vis des populations étrangères et des migrant.es.

La tolérance, une valeur bien présente en France

De nombreuses enquêtes montrent que la tolérance est de plus en plus présente dans la société française, contrairement à une première impression que l’on peut avoir. De nombreux baromètres annuels (comme celui de la CNCDH), des enquêtes scientifiques, des sondages vont tous dans le même sens : nous avançons vers une société de plus en plus tolérante. On le voit en particulier lorsqu’on étudie le racisme et l’hostilité vis-à-vis des populations étrangères : ce sont des phénomènes qui sur le moyen terme ont tendance à diminuer.

Ce n’est pourtant pas la sensation que l’on peut avoir alors que de nombreux.ses candidat.es potentiel.les à la présidentielle s’évertuent à creuser les fractures sociales. Encore faut-il mieux comprendre la place de la tolérance dans la société française à l’aune de certains sujets d’actualité.

Régime de tolérance et régime de laïcité

L’incarnation de la tolérance dans un régime politique implique que l’on cherche par exemple à faire exister ensemble plusieurs religions et différentes communautés qui partagent des valeurs, tout en respectant la diversité. Faire de cette notion de tolérance un axe contradictoire à la laïcité à la française serait toutefois un contresens.

Le principe de laïcité établi par la loi de 1905 va au-delà du régime de tolérance. La laïcité, articulée avec la liberté de conscience et la liberté d’expression, permet aux croyances et incroyances de vivre dans un espace politique où l’État ne reconnait aucune religion au détriment d’autres et où tous les cultes sont traités à égalité. Cela signifie concrètement que la laïcité est un principe qui va au-delà de la notion de tolérance religieuse. La tolérance est justement permise par la laïcité qui s’incarne dans la séparation des Églises et de l’État.

La tolérance et la crise migratoire en Europe

Un autre sujet d’actualité met à mal la tolérance dans notre pays. On assite actuellement à une multiplicité de situations de crise migratoire, dans la Méditerranée, autour de la région de Calais ou bien encore depuis quelques semaines à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, où plusieurs milliers de personnes tentent de rejoindre l’Union européenne. Ces situations montrent les divisions des pays de l’UE, l’utilisation de populations fragilisées dans des crises internationales, mais aussi la peur de l’autre. Cette peur va de pair avec le rejet, la xénophobie ou le racisme. Pourtant de nombreuses voix s’élèvent contre cette situation et la solidarité est bien présente dans l’opinion publique.

Le rôle essentiel de l’éducation

C’est pourquoi la journée internationale de la tolérance a son importance pour aider à aller au-delà des débats médiatiques actuels. En effet, comme le rappelle la déclaration de principe de l’UNESCO, «L’éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l’exclusion de l’autre et doit aider les jeunes à développer leur capacité d’exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques.» En cette journée du 16 novembre, l’UNSA Éducation rappelle notre attachement au principe de laïcité et aux valeurs républicaines « liberté, égalité, fraternité », à la démocratie, à l’État de droit, aux libertés, à la justice sociale, et à la solidarité.

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