(In)former

Y aura-t-il un avant et après 7 (ou 11) janvier 2015 ? Trop tôt pour le dire. Mais force est de constater l’ampleur des réactions et la nécessité maintenant de passer de l’émotion à l’action. Dans le domaine de l’Éducation, parmi les axes forts soutenus par la plupart de ceux qui veulent que la réaction soit à la hauteur des enjeux se trouvent l’information et la formation.

Y aura-t-il un avant et après 7 (ou 11) janvier 2015 ? Trop tôt pour le dire. Mais force est de constater l’ampleur des réactions et la nécessité maintenant de passer de l’émotion à l’action.

Dans le domaine de l’Éducation, parmi les axes forts soutenus par la plupart de ceux qui veulent que la réaction soit à la hauteur des enjeux se trouvent l’information et la formation.

Information d’abord, parce qu’en s’attaquant à un journal, fut-il satirique, c’est à la liberté de diffuser des informations dans la pluralité des analyses et des opinions que le terrorisme s’en prend. Vouloir interdire ou supprimer un média, c’est combattre la liberté d’informer. Et, il n’y a qu’un mot pour qualifier un pays sans presse libre : la dictature, qu’un seul mot pour définir l’imposition d’une pensée unique : la tyrannie.

Information aussi, parce que l’actuelle diffusion de rumeurs, les engouements et adhésions qu’elles suscitent, montrent combien il est indispensable d’apprendre à lire, décrypter, comprendre, choisir ses informations. La pluralité des informations est un gage de liberté. Mais le trop plein d’informations exige de savoir trier, sélectionner, filtrer. Et cela s’apprend.

Information encore, parce que « le média est le message » (dixit MacLuhan) ? Mais que trop peu de jeunes, d’élèves, d’étudiants savent que cela impose un décodage. Qu’un texte, une parole ce ne sont pas seulement des mots, qu’une image, ce n’est pas seulement ce que l’on a cru voir… et que sous le dessin d’une pipe, il faut impérativement rappeler que « ceci n’est pas une pipe » (merci Monsieur Magritte !).

Alors… formation…

Formation pour tous les enseignants qui, comme le montre Michel Serres dans « Petite Poucette », sont appelés dorénavant à travailler avec des élèves, des étudiants saturés de savoirs et donc doivent apprendre une nouvelle approche de leur métier. Être moins des transmetteurs que des lieurs, des arrangeurs, des donneurs de sens, des aides et des guides filtreurs…

Formation aussi pour tous les personnels d’Éducation -dans et hors l’École- et formation commune. Afin qu’ils articulent leurs interventions en complémentarité, qu’ils donnent du sens commun, qu’ils puissent conduire des démarches partagées… qu’ils se construisent une culture commune.

Formation encore pour tous les éducateurs afin qu’ils puissent partir de la culture des enfants et des jeunes avec lesquels ils travaillent. Connaître ce qu’ils sont, ce qu’ils lisent, ce qu’ils voient, ce qu’ils croient, ce qu’il savent, ce qu’ils croient savoir, avoir vu ou avoir lu…, certes pour les emmener ailleurs, certes pour les conduire au-delà –et c’est le sens même (littéral) d’éduquer- mais sans qu’ils ne décrochent dès le départ ou abandonnent en cours de route.

Victor Hugo faisait correspondre l’ouverture des écoles à la fermeture des prisons. Cette conviction est toujours d’actualité, à la condition que l’Éducation remplisse pleinement la lourde, difficile mais essentielle mission d’émancipation qui est la sienne.

Informer et former sont deux impératifs qui lui permettent de se réformer dans ce sens.

Denis ADAM, le 21 janvier 2015

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Y aura-t-il un avant et après 7 (ou 11) janvier 2015 ? Trop tôt pour le dire. Mais force est de constater l’ampleur des réactions et la nécessité maintenant de passer de l’émotion à l’action.

Dans le domaine de l’Éducation, parmi les axes forts soutenus par la plupart de ceux qui veulent que la réaction soit à la hauteur des enjeux se trouvent l’information et la formation.

Information d’abord, parce qu’en s’attaquant à un journal, fut-il satirique, c’est à la liberté de diffuser des informations dans la pluralité des analyses et des opinions que le terrorisme s’en prend. Vouloir interdire ou supprimer un média, c’est combattre la liberté d’informer. Et, il n’y a qu’un mot pour qualifier un pays sans presse libre : la dictature, qu’un seul mot pour définir l’imposition d’une pensée unique : la tyrannie.

Information aussi, parce que l’actuelle diffusion de rumeurs, les engouements et adhésions qu’elles suscitent, montrent combien il est indispensable d’apprendre à lire, décrypter, comprendre, choisir ses informations. La pluralité des informations est un gage de liberté. Mais le trop plein d’informations exige de savoir trier, sélectionner, filtrer. Et cela s’apprend.

Information encore, parce que « le média est le message » (dixit MacLuhan) ? Mais que trop peu de jeunes, d’élèves, d’étudiants savent que cela impose un décodage. Qu’un texte, une parole ce ne sont pas seulement des mots, qu’une image, ce n’est pas seulement ce que l’on a cru voir… et que sous le dessin d’une pipe, il faut impérativement rappeler que « ceci n’est pas une pipe » (merci Monsieur Magritte !).

Alors… formation…

Formation pour tous les enseignants qui, comme le montre Michel Serres dans « Petite Poucette », sont appelés dorénavant à travailler avec des élèves, des étudiants saturés de savoirs et donc doivent apprendre une nouvelle approche de leur métier. Être moins des transmetteurs que des lieurs, des arrangeurs, des donneurs de sens, des aides et des guides filtreurs…

Formation aussi pour tous les personnels d’Éducation -dans et hors l’École- et formation commune. Afin qu’ils articulent leurs interventions en complémentarité, qu’ils donnent du sens commun, qu’ils puissent conduire des démarches partagées… qu’ils se construisent une culture commune.

Formation encore pour tous les éducateurs afin qu’ils puissent partir de la culture des enfants et des jeunes avec lesquels ils travaillent. Connaître ce qu’ils sont, ce qu’ils lisent, ce qu’ils voient, ce qu’ils croient, ce qu’il savent, ce qu’ils croient savoir, avoir vu ou avoir lu…, certes pour les emmener ailleurs, certes pour les conduire au-delà –et c’est le sens même (littéral) d’éduquer- mais sans qu’ils ne décrochent dès le départ ou abandonnent en cours de route.

Victor Hugo faisait correspondre l’ouverture des écoles à la fermeture des prisons. Cette conviction est toujours d’actualité, à la condition que l’Éducation remplisse pleinement la lourde, difficile mais essentielle mission d’émancipation qui est la sienne.

Informer et former sont deux impératifs qui lui permettent de se réformer dans ce sens.

Denis ADAM, le 21 janvier 2015