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Il est temps d’apprendre à voir ce qui est sous vos yeux

L'UNSA Éducation demande au ministre Ndiaye de prendre conscience des conditions de travail des personnels.

L’UNSA Éducation, dans cette instance de CSA ministériel qui ne s’est réunie qu’une seule fois depuis le mois de janvier, dans le contexte d’un mouvement social profond de notre société opposée au projet de réforme des retraites du gouvernement, et à la veille de la réunion de l’intersyndicale avec la Première ministre, tient à vous demander et par votre voix à l’ensemble du gouvernement et de l’Exécutif :

Êtes-vous enfin prêts à entendre et non plus simplement écouter ?

Êtes-vous enfin prêts à respecter le principe de participation qui par le 8ème alinéa du préambule de la constitution de 1946 dispose que les travailleurs participent à la gestion et à la détermination collectives des conditions de travail ?

Il ne serait que temps.

Vous ne pouvez vous contenter, et en tous cas l’UNSA Éducation ne peut se satisfaire d’une pratique d’enjambement des problèmes majeurs :

  • Qu’il s’agisse du report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans à laquelle, avec l’ensemble des personnels du ministère, nous sommes fermement opposés ;

 

  • Qu’il s’agisse de la volonté d’imposer un agenda social incluant notamment ce que vous dénommez « revalorisation » mais pour laquelle vous semblez obstinés à vouloir, in fine, principalement, adresser le message médiatique d’une augmentation de la charge de travail contre rémunération pour résoudre les difficultés de remplacement dans le second degré, ce qu’a d’ailleurs réaffirmé vendredi dernier la Première ministre, lors de sa visite dans la Nièvre ;

 

  • Qu’il s’agisse du leurre de renforcement des moyens nécessaires de notre système éducatif auquel vous avez répondu par la suppression de 481 emplois dans le second degré et la suppression de 1117 emplois dans le 1er degré et tout nous porte à croire que le solde réel soit encore plus défavorable ;

 

  • Qu’il s’agisse de l’incapacité à s’attaquer aux difficultés de mobilités géographiques ou professionnelles au sein de notre ministère par l’ouverture d’un vrai calendrier de travail et non par d’habituels et simples bilans et projets de LDG. Cette année à nouveau les résultats des mouvements inter des enseignants, CPE et PsyEN sont toujours plus préoccupants et ce sont nombre de personnels qui sont toujours plus en difficultés pour parvenir à envisager un parcours serein dans leur métier et souhaiter y entrer ou y rester.

 

  • Qu’il s’agisse de l’inconscience à ne pas mettre en œuvre des solutions qui existent pourtant, pour mettre un terme à la dégradation des conditions et de la qualité de vie au travail, conduisant chaque jour un peu plus à une perte de sens des agents dans la pratique de leur métier, dans un système rendu exsangue par une bureaucratie démesurée et irraisonnée.

A titre d’illustration, Monsieur le Président, vous connaissez les difficultés que rencontrent les personnels avec les systèmes d’informations Op@ale et RenoirRH. L’UNSA Éducation a, à plusieurs reprises, attiré vote attention et celle des services sur cette situation qui, à selon nous, ne fait qu’empirer, générant des situations de mal être au travail – nous disposons de témoignages très forts- et de signalements RSST en augmentation constante. Face à cette réalité, même si vous n’en êtes pas à l’origine, il est particulièrement déplacé pour ne pas dire insultant pour les collègues confrontés au fonctionnement erratique de ces progiciels d’entendre dire, çà et là, qu’il s’agirait essentiellement, de leur part, d’une résistance au changement, qu’il s’agirait d’apprendre à penser différemment, qu’il s’agirait lorsque que bug il y a, que de mauvaise conjoncture. Et bien, c’est cette conjoncture qui structure et empoisonne de plus en plus le travail au quotidien de nos collègues.

Les conditions et la qualité de vie au travail des personnes, le service dû aux usagers du service public d’éducation n’ont que faire d’une révolution copernicienne de la pensée du « comment je clique sur un clavier ». Il leur faut des outils qui fonctionnent. Avec ces outils-là, un maçon, au lieu de construire un mur, nous conduirait dans le mur. Et bien, devant le mur, nous y sommes. Monsieur le Président, récemment, vous nous avez volontiers écoutés sur Op@ale. Bientôt sans doute, nous écouterez-vous tout aussi volontiers sur RenoirRH. Mais maintenant que ferez-vous entendre aux personnels ?

Enfin, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général des ressources humaines, à défaut d’entendre, il vous est sans doute utile voire nécessaire d’apprendre à voir ce qui est sous vos yeux.

Il vous serait utile de regarder attentivement la fresque dite du bon gouvernement peinte par Ambrogio Lorenzetti dans la salle de la paix du palais communal de Sienne en 1338. Elle rappelle que le bon gouvernement de la République est un bon gouvernement par ce qu’il produit des effets bénéfiques, concrets et tangibles pour chacune et chacun.

Intervention de l’UNSA Éducation au CSA ministériel du 03 avril 2023.

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