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Formation continue des personnels : les raisons de s’inquiéter

Une enquête en cours de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur la question de l’évolution des Ecoles académiques de la formation continue (EAFC) ne rassure pas  : on peut redouter le bilan que rien ne s’est amélioré, voire que rien ne s’est passé depuis leur mise en place et que se profile à moyen terme une dégradation de la qualité et des conditions de la formation continue des personnels et agents.

La mise en œuvre d’une nouvelle organisation de la formation continue des personnels d’éducation à travers les EAFC promettait des jours nouveaux avec la création de véritables parcours conçus au plus près des besoins. Pleinement effectives depuis la rentrée 2023 en remplacement des anciens plans académiques de formation (PAF), il est peu de dire que ces EAFC peinent à se mettre en place conformément à leurs ambitions.

Dans une lettre au ministre d’août dernier, notre syndicat des inspecteurs du 2nd degré, le SNIA-IPR UNSA avait déjà alerté d’une étonnante mise à l’écart de leur expertise alors que les EAFC prétendaient associer tous les acteurs disponibles pour contribuer à rendre à la formation continue une qualité qui n’est toujours pas au rendez-vous.

Du côté de l’attractivité de l’offre aussi beaucoup de questions se posent. Dans de nombreuses académies, la baisse massive des inscriptions est manifeste avec, parfois, le constat que près de la moitié des enseignant·es ne vont jamais en formation continue. Pour beaucoup, cette offre ressemble souvent à un copié-collé de ce qui existait auparavant, dans le PAF, légèrement re-toiletté.

Il est vrai que la volonté politique de réduire les temps d’absence des enseignant·es dus à la formation continue a fortement impacté les demandes, que certain·es chef·fes d’établissement se sont abstenu·es de programmer des formations d’initiative locale, ce qui est dommageable pour la cohésion des équipes inter-métiers à l’heure de grands chantiers comme le climat scolaire, l’inclusion ou la lutte contre le harcèlement. Par effet de boule de neige, du fait de ces désaffections, ce sont désormais les formateurs qui s’interrogent sur la poursuite de leurs missions quant à l’accompagnement de leurs collègues.

Enfin, du côté des enseignant·es, les annonces de Gabriel Attal, alors encore ministre de l’EN, n’avaient pas rassuré en visant un 100 % des formations continues hors temps scolaire. Notre nouvelle ministre semble lui avoir emboîté le pas, elle qui déclarait encore récemment que « la formation initiale et continue des enseignants sont l’alpha et l’oméga des systèmes qui réussissent ».

Le SE-UNSA a rappelé à maintes reprises son opposition à l’organisation de la formation continue hors temps d’enseignement, car celle-ci ne doit pas être considérée comme une nouvelle mission volontairement acceptée et rémunérée par les personnels ; il s’agit d’une responsabilité de l’employeur envers ses agents que d’assurer le développement de leurs compétences dans le cadre du temps de travail réglementaire. Par ailleurs, cette perspective du hors temps de service favoriserait les inégalités genrées et poserait l’autre question de son financement alors qu’il vient d’être annoncé une réduction de 692 M€ du budget 2024 du MENJ.

L’UNSA Éducation s’interroge donc sur la motivation et la réelle portée de l’enquête IGESR et s’inquiète de la poursuite des évolutions annoncées au vu que rien ne semble mettre en adéquation les moyens humains, matériels et financiers pour une formation continue de qualité visant à inscrire chaque personnel dans un parcours adapté aux besoins, les siens et indirectement celles des élèves, à ses envies et au développement des compétences utiles au bon déroulement de sa carrière.

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