Extrême droite : y-a-t-il le feu dans la Maison Europe ?
Depuis une semaine, une mobilisation d’extrême-droite a lieu en Allemagne dans la ville de Chemnitz située dans la région de Saxe. Les manifestations ont débuté à la suite du meurtre d’un habitant de la ville, pour lequel deux migrants sont mis en examen. Cela a déclenché une protestation de plus en plus radicale contre la politique migratoire d’Angela Merkel, mais aussi contre l’Europe, accusée de favoriser l’accueil des migrants au détriment des habitants du pays. Le parti d’extrême-droite Afd (Alternative pour l’Allemagne) et le mouvement anti-musulman PEGIDA sont à l’initiative de ces manifestations qui prennent de l’ampleur. Des actes de violence ont lieu, mais on a pu voir également des gestes et des slogans inspirés du nazisme. Cette haine de rue inquiète en Allemagne et en Europe.
Assiste-t-on à une montée irrésistible des idées d’extrême droite sur le Vieux continent ?
Il faut dire que l’extrême droite semble être de plus en plus présente partout en Europe. La Ligue italienne est aujourd’hui au pouvoir à Rome dans un gouvernement de coalition, tout comme le Parti de la liberté (FPÖ) en Autriche. Ailleurs sur le vieux continent, plusieurs de ces partis sont durablement enracinés dans la vie politique, comme le Rassemblement national en France. Dans quelques jours, le 9 septembre, la Suède aura des élections législatives et le parti « les Démocrates de Suède » est en passe de faire son plus haut score, alors que jusqu’à présent il était très minoritaire. Dans presque tous les pays de l’Union, des partis politiques de ce type se développent et atteignent en moyenne 20 % des suffrages aux élections. Il faut y ajouter des gouvernements ultra-conservateurs, où les libertés fondamentales sont mises en danger avec le soutien des formations politiques autoritaires, comme en Hongrie ou en Pologne.
Quand la peur rassemble : vers une union des droites extrêmes en Europe
Les idées que développent ces mouvements sont identiques : il y a tout d’abord le rejet de l’étranger et l’affirmation que l’identité européenne est mise en danger par l’arrivée de migrants. Cette peur de l’autre s’accompagne de doutes sur le fonctionnement démocratique, de plus en plus affichés sur fonds de difficultés sociales. Le repli sur une identité ancrée dans le territoire, la peur du déclassement et le rejet du cosmopolitisme qu’incarneraient les élites et l’UE servent de terreau au développement de ces formations politiques.
Plusieurs initiatives se mettent en ce moment en place : il y a tout d’abord la constitution de coopérations entre gouvernements défendant les mêmes objectifs comme la Hongrie et l’Italie sur la politique migratoire. L’Autriche, qui a pris depuis le 1er juillet la présidence tournante de l’UE, souhaite faire de la question migratoire européenne une préoccupation première. Ensuite, on assiste à la construction d’un discours commun basé avant tout sur la défense des valeurs ancestrales européennes qui seraient en danger. Le projet de Steve Bannon, l’ex-conseiller du président Trump, de constituer une fondation en Europe afin d’armer idéologiquement les partis radicaux va également dans ce sens.
Plus largement, plusieurs des organisations d’extrême-droite s’associent, dans l’optique des élections européennes de 2019.
Enfin, on assiste à des coopérations entre ces organisations et d’autres partis politiques qui empruntent de plus en plus à l’extrême droite ses idées afin d’accéder au pouvoir et d’épouser les peurs de l’électorat tout en affichant un nationalisme exclusif.
Comment agir ?
Il faut tout d’abord réaffirmer la légitimité des valeurs et des missions de l’Union européenne. Cela passe par une action forte et unitaire sur tous les problèmes actuels auxquels sont confrontés les pays de l’Union, de l’accueil des migrants aux difficultés économiques.
Il faut aussi rendre plus clair et transparent le fonctionnement de la gouvernance européenne qui trop souvent paraît difficile à comprendre. Dans chaque pays, il est également important de combattre les idées de l’extrême-droite, qu’elle n’hésite plus à mettre en pratique. Ainsi dans le domaine éducatif, cela passe par un enseignement basé sur des valeurs traditionalistes et une mystification de l’histoire, ou bien encore une exclusion progressive des plus pauvres et des étrangers. Tous les aspects de la vie quotidienne sont impactés dès que l’extrême-droite est arrivée au pouvoir, pour le moment par le biais de gouvernements de coalition.
Les prochaines élections qui auront lieu en mai 2019 obligeront à un positionnement ferme en faveur de l’idée européenne. Comme il est écrit dans notre résolution générale :
« Pour l’UNSA Éducation, l’Europe peut être un élément de stabilisation d’un monde désorienté, et le moteur d’une mondialisation maitrisée. Un nouveau projet politique européen ambitieux établissant les fondements d’une union entre les peuples de l’Europe doit émerger. Son modèle social et politique est à construire et son espace démocratique à enrichir. Il doit être porteur d’espoir et d’émancipation pour les peuples. »
C’est pourquoi nous affirmerons nos valeurs contre les incendiaires de l’extrême droite et contre les apprentis pyromanes qui les soutiennent.