Analyses et décryptages

Evaluation sous pression

Inscrite dans la loi pour une école de la confiance depuis 2019, l’évaluation des EPLE a été lancée en septembre 2020, puis en 2021 pour les écoles. Dans un système éducatif percuté par une crise sanitaire, bousculé par la mise en œuvre de nombreuses réformes, il ne va pas de soi pour les équipes, d’en voir l’intérêt. Et encore moins de s’approprier un nouveau paradigme d’évaluation des actions, tant le temps pour y parvenir est contraint. Jusqu’à en perdre tout son sens.

Un objectif irréaliste et insoutenable.
« Le conseil d’évaluation de l’école, placé auprès du ministre chargé de l’éducation nationale, est chargé d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire. » Ce conseil s’est donné un objectif à 5 ans pour évaluer l’ensemble des écoles et établissements. Objectif perturbé par la période de crise Covid, qui a freiné la mise en œuvre. Alors que la crise est en période d’accalmie, des injonctions tombent dans les académies pour « rattraper le temps perdu », jusqu’à en perdre de vue la finalité de ces évaluations. Faire du chiffre, cocher des cases plutôt que laisser le temps de l’appropriation, de la formation et de la réflexion pour les équipes.
 
Volontariat de façade
En 2020, 1200 établissements, sont entrés dans le processus, et ont effectué leur auto-diagnostic, puis ont reçu une équipe d’évaluation externe. Parfois sans pression, pour des équipes, peu nombreuses, déjà entrées dans un tel processus, dans la continuité d’une réflexion engagée à long terme.  Mais il y a aussi le volontariat fortement conseillé, celui qui a toutes les chances d’être contre-productif, de faire perdre le sens de l’objectif initial.  Car si le projet d’établissement est une réalité, il n’est pas encore partout un projet de travail collectif largement partagé. Ce qui a pour conséquence, de faire passer l’évaluation de l’’EPLE comme une charge de travail supplémentaire sans perception réaliste de la plus-value qu’elle pourrait apporter.
Pour quelle finalité ? Que peut-on donner aux équipes pour faire mieux ? Les besoins exprimés en formation ne peuvent être pris en compte tant la formation continue est à la peine pour se déployer en nombre. L’évaluation des écoles et établissements, étendue à marche forcée ne résout pas les problèmes structurels du système éducatif.
A la rentrée, 2021, la priorité n’est pas d’évaluer. La priorité des écoles et EPLE est de retrouver les élèves, reconstituer des collectifs de travail, gérer leur hétérogénéité, continuer d’absorber les changements dus aux réformes et ceci encore en mode protocole sanitaire.
 
 
L’UNSA Éducation reconnait l’utilité d’un cadre d’évaluation qui peut permettre aux équipes de porter une analyse réflexive sur leur action éducative. Mais en aucun cas, celui-ci ne peut s’improviser et s’imposer à marche forcée. L’UNSA Éducation demande au CEE (Conseil d’Évaluation de l’Ecole) de décaler son calendrier. Prendre le temps de la mise en œuvre ne pourra qu’être bénéfique à l’Ecole, afin d’atteindre l’objectif initial : croiser les analyses sur les structures et les pratiques, améliorer la réussite des enfants et des jeunes, en y accordant les moyens nécessaires.
 

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