Européennes 2019 : l’extrême droite en embuscade

La progression de l’extrême droite en Europe est forte depuis quelques années. Quelles en sont les raisons ? Comment ce courant politique s’est-il préparé pour les européennes ? Le premier article de notre série porte sur les principaux thèmes de campagne de l’extrême droite, en France comme dans les autres pays européens.

               

Le projet du Rassemblement national

Pour connaître les principaux thèmes de campagne du RN, il faut à la fois lire les textes officiels de ce parti, mais aussi s’intéresser aux discours tenus dans les meetings et dans les médias. En ce qui concerne le programme, on trouve deux manifestes, l’un plus théorique qui aspire à une « alliance européenne des nations », l’autre plus ramassé et davantage ciblé sur les fondamentaux du RN. Les deux documents donnent une vision de l’Europe catastrophiste et anxiogène : ce qui prédomine est la recherche de sécurité dans tous les domaines. Or, justement pour le RN, cette sécurité est menacée par l’Union européenne, par l’absence de frontières, et par la présence de migrant.e.s sur tout le continent. On critique l’ensemble du projet européen en se faisant le défenseur d’une identité nationale protégée. Les responsables du désastre et des peurs selon le RN : la technocratie « européiste » et ses soutiens et les populations étrangères.

L’hostilité à l’Islam, l’insistance sur les dangers d’une criminalité mondialisée, ainsi que la valorisation d’une civilisation française et européenne mythifiée sont mises en évidence. La distinction que l’on doit à l’essayiste anglais David Goodhart entre celles et ceux qui veulent des racines (le « peuple ») et les soutiens de la mondialisation qui seraient nomades (« les élites ») est mise en évidence comme une des clés d’explication de la situation actuelle. Cela permet au RN de se faire le défenseur des populations ayant des difficultés économiques. On notera enfin que l’utilisation de « fake news » est clairement revendiquée, en valorisant ainsi l’idée de « vérité alternative » chère à Steve Bannon, l’ancien conseiller de Trump, qui est aujourd’hui présent aux côtés de l’extrême droite européenne.

Mais la campagne de l’extrême droite française doit aussi se comprendre à l’aide des discours dans les meetings et les médias. Et là, les nuances que l’on trouve parfois sur le papier disparaissent : ainsi selon Marine le Pen, l’immigration serait voulue par l’UE pour faire disparaitre les patries et les identités nationales… Quant au numéro de la liste RN, Jordan Bardella, il semble très souvent méconnaître les prérogatives du Parlement européen et le fonctionnement de l’UE. La xénophobie, le rejet de l’autre et des différences, la recherche de solutions autoritaires, ce sont là des fondamentaux que le RN n’hésite pas à mettre encore en évidence, au risque d’effrayer d’éventuels partenaires européens.

Une extrême droite européenne divisée, mais des thèmes communs

Les forces politiques se rattachant à l’extrême droite en Europe sont en effet divisées, en dépit des tentatives d’union que cherchent à mettre en place le RN ou plus encore la Ligue italienne de Salvini. Qu’ont tous ces mouvements en commun ? Tout d’abord, on retrouve chez eux l’hostilité des étrangers, ainsi que le rejet des migrant.e.s et de l’ Islam. Une telle conception que l’on peut appeler nativisme (c’est-à-dire le rejet de toute nouvelle forme d’immigration dans un territoire) suffit bien souvent à fédérer les extrêmes droites européennes. C’est également toute une vision du monde qui leur est commune avec pêle-mêle des valeurs ultra-conservatrices et réactionnaires, une xénophobie et un sexisme affichés, ainsi qu’une inclinaison vers des pratiques autoritaires et national-populistes.

Le programme de ce courant politique vaut aussi pour ce qu’il néglige : on n’y trouve ainsi presque rien sur la préservation de l’environnement et la transition écologique. Bien d’autres thématiques sont absentes ou farouchement combattues, nous y reviendrons dans les prochains articles. Alors que les intentions de vote pour l’extrême droite dépassent les 20 % dans de nombreux pays de l’Union, c’est tout l’édifice européen qui est menacée par cette extrême droite en embuscade. C’est pourquoi pour l’UNSA Éducation, le choix est clair : pas un vote pour l’extrême droite !

La vidéo du jour :

                   

Jérôme Fourquet, analyste politique, expert en géographie électorale, directeur du département Opinion à l’IFOP. Question : « Que révèlent les sondages sur les intentions de vote aux européennes ? Pourquoi l’extrême droite fait-elle un score si important ? »

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L’hostilité à l’Islam, l’insistance sur les dangers d’une criminalité mondialisée, ainsi que la valorisation d’une civilisation française et européenne mythifiée sont mises en évidence. La distinction que l’on doit à l’essayiste anglais David Goodhart entre celles et ceux qui veulent des racines (le « peuple ») et les soutiens de la mondialisation qui seraient nomades (« les élites ») est mise en évidence comme une des clés d’explication de la situation actuelle. Cela permet au RN de se faire le défenseur des populations ayant des difficultés économiques. On notera enfin que l’utilisation de « fake news » est clairement revendiquée, en valorisant ainsi l’idée de « vérité alternative » chère à Steve Bannon, l’ancien conseiller de Trump, qui est aujourd’hui présent aux côtés de l’extrême droite européenne.

Mais la campagne de l’extrême droite française doit aussi se comprendre à l’aide des discours dans les meetings et les médias. Et là, les nuances que l’on trouve parfois sur le papier disparaissent : ainsi selon Marine le Pen, l’immigration serait voulue par l’UE pour faire disparaitre les patries et les identités nationales… Quant au numéro de la liste RN, Jordan Bardella, il semble très souvent méconnaître les prérogatives du Parlement européen et le fonctionnement de l’UE. La xénophobie, le rejet de l’autre et des différences, la recherche de solutions autoritaires, ce sont là des fondamentaux que le RN n’hésite pas à mettre encore en évidence, au risque d’effrayer d’éventuels partenaires européens.

Une extrême droite européenne divisée, mais des thèmes communs

Les forces politiques se rattachant à l’extrême droite en Europe sont en effet divisées, en dépit des tentatives d’union que cherchent à mettre en place le RN ou plus encore la Ligue italienne de Salvini. Qu’ont tous ces mouvements en commun ? Tout d’abord, on retrouve chez eux l’hostilité des étrangers, ainsi que le rejet des migrant.e.s et de l’ Islam. Une telle conception que l’on peut appeler nativisme (c’est-à-dire le rejet de toute nouvelle forme d’immigration dans un territoire) suffit bien souvent à fédérer les extrêmes droites européennes. C’est également toute une vision du monde qui leur est commune avec pêle-mêle des valeurs ultra-conservatrices et réactionnaires, une xénophobie et un sexisme affichés, ainsi qu’une inclinaison vers des pratiques autoritaires et national-populistes.

Le programme de ce courant politique vaut aussi pour ce qu’il néglige : on n’y trouve ainsi presque rien sur la préservation de l’environnement et la transition écologique. Bien d’autres thématiques sont absentes ou farouchement combattues, nous y reviendrons dans les prochains articles. Alors que les intentions de vote pour l’extrême droite dépassent les 20 % dans de nombreux pays de l’Union, c’est tout l’édifice européen qui est menacée par cette extrême droite en embuscade. C’est pourquoi pour l’UNSA Éducation, le choix est clair : pas un vote pour l’extrême droite !

La vidéo du jour :

                   

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