Et si on se préoccupait du “Monde de maintenant” ?

Alors oui, bien sûr, il faut se projeter, se préparer, s’organiser et surtout… utiliser la crise pour montrer qu’on avait bien raison, que rien ne peut plus être comme avant et que nos idées et nos projets forcément géniaux et disruptifs sont nécessaires et urgents !

En même temps que le confinement qui nous fige physiquement dans nos logements (enfin pas tout le monde…) nous vivons et participons à une fuite en avant qui nous protège contre l’angoisse mais pourrait s’avérer assez vaine au final.

En effet, comment peut-on construire sur quelque chose que nous ne prenons pas le temps de vivre, ressentir, affronter jour après jour, heure après heure, minute après minute…?

Si jeter un œil en arrière et un autre en avant est effectivement utile il est pour le moment nécessaire de vivre pleinement ce présent, sans vouloir le changer à coup de “il aurait fallu…” ou l’écarter avec des “dès que ce sera fini il faudra…

Posons-nous et attrapons, ressentons, vivons ce qui se passe en nous et autour de nous, là, ici et maintenant : nos émotions, un écoulement du temps modifié, des habitudes qui s’installent, nos liens qui se vivent avec des modalités et des intensités différentes, notre sommeil, nos repas, notre rythme, nos loisirs… les glissements qui se sont opérés dans nos peurs, nos priorités, nos choix… Posons-nous et intériorisons bien cela pour ne pas le perdre ou l’oublier, pour pouvoir nous appuyer dessus quand la situation va évoluer, dès la semaine prochaine, probablement… mais ce n’est pas sûr… et on ne sait pas encore comment cela va être et comment nous allons vivre ces changements. “À chaque jour suffit sa peine” comme on dit.

Essayons de nous freiner dans le mouvement effréné de récolte de ce qui se passe, la réflexion, l’analyse et la déduction de ce qu’il FAUT en faire à l’avenir pour en tirer profit. Après le rush concernant la “continuité pédagogique” on a déjà des demandes de chercheurs et de journalistes qui VEULENT SAVOIR comment les enseignants gèrent la classe après la réouverture de l’école… qui n’a pas encore eu lieu… Alors oui c’est intéressant et utile, oui il faut le faire, mais s’il vous plait un peu de décence et de mesure : les enseignants et les personnels éducatifs ont géré comme ils ont pu, à distance, une version dégradée de leur métier, même quand ils ont réussi à faire des choses FORMIDABLES et CRÉATIVES, ils sont épuisés et eux aussi inquiets face à la perspective du déconfinement.

Alors, s’il vous plait, fichez-leur la paix, posez-vous, observez et admirez en silence ce qu’ils mettent en oeuvre à travers ce qu’ils en disent spontanément sur les réseaux sociaux, les forums d’échanges… vous leur poserez des questions plus tard… là ce n’est pas le moment.

MERCI pour eux !

Stéphanie de Vanssay, le mercredi 6 mai 2020, jour #51 du confinement

Photo de Artem Beliaikin provenant de Pexels

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Alors oui, bien sûr, il faut se projeter, se préparer, s’organiser et surtout… utiliser la crise pour montrer qu’on avait bien raison, que rien ne peut plus être comme avant et que nos idées et nos projets forcément géniaux et disruptifs sont nécessaires et urgents !

En même temps que le confinement qui nous fige physiquement dans nos logements (enfin pas tout le monde…) nous vivons et participons à une fuite en avant qui nous protège contre l’angoisse mais pourrait s’avérer assez vaine au final.

En effet, comment peut-on construire sur quelque chose que nous ne prenons pas le temps de vivre, ressentir, affronter jour après jour, heure après heure, minute après minute…?

Si jeter un œil en arrière et un autre en avant est effectivement utile il est pour le moment nécessaire de vivre pleinement ce présent, sans vouloir le changer à coup de “il aurait fallu…” ou l’écarter avec des “dès que ce sera fini il faudra…

Posons-nous et attrapons, ressentons, vivons ce qui se passe en nous et autour de nous, là, ici et maintenant : nos émotions, un écoulement du temps modifié, des habitudes qui s’installent, nos liens qui se vivent avec des modalités et des intensités différentes, notre sommeil, nos repas, notre rythme, nos loisirs… les glissements qui se sont opérés dans nos peurs, nos priorités, nos choix… Posons-nous et intériorisons bien cela pour ne pas le perdre ou l’oublier, pour pouvoir nous appuyer dessus quand la situation va évoluer, dès la semaine prochaine, probablement… mais ce n’est pas sûr… et on ne sait pas encore comment cela va être et comment nous allons vivre ces changements. “À chaque jour suffit sa peine” comme on dit.

Essayons de nous freiner dans le mouvement effréné de récolte de ce qui se passe, la réflexion, l’analyse et la déduction de ce qu’il FAUT en faire à l’avenir pour en tirer profit. Après le rush concernant la “continuité pédagogique” on a déjà des demandes de chercheurs et de journalistes qui VEULENT SAVOIR comment les enseignants gèrent la classe après la réouverture de l’école… qui n’a pas encore eu lieu… Alors oui c’est intéressant et utile, oui il faut le faire, mais s’il vous plait un peu de décence et de mesure : les enseignants et les personnels éducatifs ont géré comme ils ont pu, à distance, une version dégradée de leur métier, même quand ils ont réussi à faire des choses FORMIDABLES et CRÉATIVES, ils sont épuisés et eux aussi inquiets face à la perspective du déconfinement.

Alors, s’il vous plait, fichez-leur la paix, posez-vous, observez et admirez en silence ce qu’ils mettent en oeuvre à travers ce qu’ils en disent spontanément sur les réseaux sociaux, les forums d’échanges… vous leur poserez des questions plus tard… là ce n’est pas le moment.

MERCI pour eux !

Stéphanie de Vanssay, le mercredi 6 mai 2020, jour #51 du confinement

Photo de Artem Beliaikin provenant de Pexels