En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18

Non, l’art du haïku n’a pas été découvert en France après Hiroshima, il est temps de lire ces haïkus, regroupés dans cette anthologie, En pleine figure, qui sont comme des bombes lâchées sur le terrain de la sensibilité.

Ici, les mots, comme la réalité, sont crus et ne cachent rien des atrocités de la guerre:

« De Vailly à Craonne,

Le Chemin des Dames

Est pavé de crânes. » (René Druart)

« Fleur qui respirait la lumière,

Son oeil gît,

La gorge tranchée. » (Julien Vocance)

Les soldats ne partent pas la fleur au fusil, c’est la mort qui guette, qui rôde :

« J’ai senti, petite plaque ovale,

Quand je t’ai mise au cou,

Le froid du couperet. » (Julien Vocance)

Contre qui se battent les poilus? Des ennemis? Des hommes comme eux, qui ont bien souvent, le même âge, et qui sont, eux aussi, envoyés à l’abattoir…

« Face à face ils s’égorgèrent

Et connurent dans leur chute

La fraternelle accolade » (Marc-Adolphe Guégan)

« Sur sa couche funéraire

Pour toujours endormi,

Je regarde mon ennemi

Et je reconnais un frère. » (Albert de Neuville)

Ce sont de véritables cours d’histoire qui nous sont donnés à lire dans ces poèmes qui figent, pour l’éternité des instants de vie dans les tranchées et les pensées de ces hommes sacrifiés.

En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18, Anthologie établie par Dominique Chipot, Préface de Jean Rouaud, Éditions Bruno Doucey, 2013, 16 €

 

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Non, l’art du haïku n’a pas été découvert en France après Hiroshima, il est temps de lire ces haïkus, regroupés dans cette anthologie, En pleine figure, qui sont comme des bombes lâchées sur le terrain de la sensibilité.

Ici, les mots, comme la réalité, sont crus et ne cachent rien des atrocités de la guerre:

« De Vailly à Craonne,

Le Chemin des Dames

Est pavé de crânes. » (René Druart)

« Fleur qui respirait la lumière,

Son oeil gît,

La gorge tranchée. » (Julien Vocance)

Les soldats ne partent pas la fleur au fusil, c’est la mort qui guette, qui rôde :

« J’ai senti, petite plaque ovale,

Quand je t’ai mise au cou,

Le froid du couperet. » (Julien Vocance)

Contre qui se battent les poilus? Des ennemis? Des hommes comme eux, qui ont bien souvent, le même âge, et qui sont, eux aussi, envoyés à l’abattoir…

« Face à face ils s’égorgèrent

Et connurent dans leur chute

La fraternelle accolade » (Marc-Adolphe Guégan)

« Sur sa couche funéraire

Pour toujours endormi,

Je regarde mon ennemi

Et je reconnais un frère. » (Albert de Neuville)

Ce sont de véritables cours d’histoire qui nous sont donnés à lire dans ces poèmes qui figent, pour l’éternité des instants de vie dans les tranchées et les pensées de ces hommes sacrifiés.

En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18, Anthologie établie par Dominique Chipot, Préface de Jean Rouaud, Éditions Bruno Doucey, 2013, 16 €