En 4 ans

Ce billet hebdomadaire a exactement 4 ans. En quelques 215 articles, il aura tenté à la fois de rendre compte des sujets d’actualité éducative et de poser quelques réflexions plus larges, plus atemporelles. Il aura également été le témoin du passage de quatre ministres de l’éducation nationale, d’autant de la culture, de trois en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’une permanente hésitation sur le périmètre de jeunesse et sports et de son rattachement.

En quatre ans, le bilan d’un système d’éducation moins parfait que l’on avait bien voulu s’en convaincre auparavant a fait son chemin. Certes, il n’y aura pas eu en France comme ailleurs de choc provoqué par les résultats des évaluations internationales. Mais une prise de conscience qu’il fallait faire évoluer les choses s’est peu à peu imposée. Il en est né, après des mois de concertation, l’idée de la refondation de l’Ecole de la République.

Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Il n’y a pas de consensus éducatif en France. Des idéologies différentes s’opposent et souvent s’affrontent. Les décideurs politiques peinent à s’appuyer sur des enthousiasmes largement majoritaires pour accompagner leurs réformes. A force de vouloir ménager et la profession enseignante -souvent déstabilisée par l’annonce de changements- et l’opinion publique -facilement attachée à un modèle d’enseignement ancien- et les syndicats les plus contestataires et les élus locaux -de plus en plus concernés par les politiques éducatives sur les territoires-, le risque d’immobilisme, ou tout au moins de changement à minima, est réel.

Ainsi, comme chaque fois, pour certains la refondation aura été trop loin. Pour d’autres, elle se sera arrêtée en route. D’autant plus qu’elle aura manquée de temps et parfois de constance. Faut-il rappeler le désintérêt de Vincent Peillon pour les activités de loisirs éducatifs, parce qu’il n’avait pas obtenu la jeunesse et les sports dans son portefeuille ministériel, le délai d’une année supplémentaire annoncé par le président Hollande au congrès des maires de France pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, le décret Hamon assouplissant ces mêmes rythmes, l’incapacité de Najat Vallaud-Belkacem d’ouvrir le dossier du bac-3 bac+3 alors qu’elle était ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et que son administration conduisait une évaluation des réformes du lycée sans objectif d’un prolongement pourtant annoncé et indispensable ?

Le nouveau ministre Blanquer a commencé par des assouplissements qu’il refuse de concevoir comme des détricotages, mais que beaucoup ont interprété comme des retours en arrière. Il lui faudra faire preuve de bien plus de pédagogie s’il veut convaincre les communes de conserver des semaines à cinq matinée de classe, des loisirs éducatifs de meilleure qualité, des collèges avec des enseignements interdisciplinaires, un enseignement supérieur capable de faire réussir le plus grand nombre des jeunes bacheliers qui souhaitent continuer leurs études.

Il a un peu moins de cinq ans pour le faire. Disons quatre, si l’on retire ce démarrage difficile et le -forcément- temps de latence qui précédera les élections présidentielles de 2022.

Quatre ans donc pour faire mieux et plus efficace ?

Quatre ans surtout pour mettre la réussite éducative de tous les enfants et de tous les jeunes au cœur des préoccupations de notre politique éducative. D’utiliser tous les leviers scolaires, universitaires, mais aussi de l’éducation non formelle. D’articuler et de mettre en cohérence tous les temps, tous les acteurs et toutes les actions éducatives. De faire des professionnels de l’Education, des parents et des jeunes eux-mêmes des partenaires agissant dans la définition et la mise en œuvre des changements et non plus subissant les décisions unilatérales de ceux qui croient savoir ce qui est bon pour le système.

De la souplesse, des marges de liberté, le pari de l’intelligence collective. C’est ce que le président Macron revendiquait dans son programme de candidat. C’est ce qui devra présider à la politique d’Education pour qu’elle prenne le tournant du 21ème siècle, s’inscrive résolument vers l’avenir, lutte efficacement contre les inégalités de toute nature et permette l’émancipation individuelle et collective de chacune et chacun.

Un formidable défi, dont il faudra reparler régulièrement. Et faire le bilan…disons…dans quatre ans !

 

Denis Adam, le 19 juillet 2017
 

 

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Ce billet hebdomadaire a exactement 4 ans. En quelques 215 articles, il aura tenté à la fois de rendre compte des sujets d’actualité éducative et de poser quelques réflexions plus larges, plus atemporelles. Il aura également été le témoin du passage de quatre ministres de l’éducation nationale, d’autant de la culture, de trois en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche et d’une permanente hésitation sur le périmètre de jeunesse et sports et de son rattachement.

En quatre ans, le bilan d’un système d’éducation moins parfait que l’on avait bien voulu s’en convaincre auparavant a fait son chemin. Certes, il n’y aura pas eu en France comme ailleurs de choc provoqué par les résultats des évaluations internationales. Mais une prise de conscience qu’il fallait faire évoluer les choses s’est peu à peu imposée. Il en est né, après des mois de concertation, l’idée de la refondation de l’Ecole de la République.

Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Il n’y a pas de consensus éducatif en France. Des idéologies différentes s’opposent et souvent s’affrontent. Les décideurs politiques peinent à s’appuyer sur des enthousiasmes largement majoritaires pour accompagner leurs réformes. A force de vouloir ménager et la profession enseignante -souvent déstabilisée par l’annonce de changements- et l’opinion publique -facilement attachée à un modèle d’enseignement ancien- et les syndicats les plus contestataires et les élus locaux -de plus en plus concernés par les politiques éducatives sur les territoires-, le risque d’immobilisme, ou tout au moins de changement à minima, est réel.

Ainsi, comme chaque fois, pour certains la refondation aura été trop loin. Pour d’autres, elle se sera arrêtée en route. D’autant plus qu’elle aura manquée de temps et parfois de constance. Faut-il rappeler le désintérêt de Vincent Peillon pour les activités de loisirs éducatifs, parce qu’il n’avait pas obtenu la jeunesse et les sports dans son portefeuille ministériel, le délai d’une année supplémentaire annoncé par le président Hollande au congrès des maires de France pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, le décret Hamon assouplissant ces mêmes rythmes, l’incapacité de Najat Vallaud-Belkacem d’ouvrir le dossier du bac-3 bac+3 alors qu’elle était ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et que son administration conduisait une évaluation des réformes du lycée sans objectif d’un prolongement pourtant annoncé et indispensable ?

Le nouveau ministre Blanquer a commencé par des assouplissements qu’il refuse de concevoir comme des détricotages, mais que beaucoup ont interprété comme des retours en arrière. Il lui faudra faire preuve de bien plus de pédagogie s’il veut convaincre les communes de conserver des semaines à cinq matinée de classe, des loisirs éducatifs de meilleure qualité, des collèges avec des enseignements interdisciplinaires, un enseignement supérieur capable de faire réussir le plus grand nombre des jeunes bacheliers qui souhaitent continuer leurs études.

Il a un peu moins de cinq ans pour le faire. Disons quatre, si l’on retire ce démarrage difficile et le -forcément- temps de latence qui précédera les élections présidentielles de 2022.

Quatre ans donc pour faire mieux et plus efficace ?

Quatre ans surtout pour mettre la réussite éducative de tous les enfants et de tous les jeunes au cœur des préoccupations de notre politique éducative. D’utiliser tous les leviers scolaires, universitaires, mais aussi de l’éducation non formelle. D’articuler et de mettre en cohérence tous les temps, tous les acteurs et toutes les actions éducatives. De faire des professionnels de l’Education, des parents et des jeunes eux-mêmes des partenaires agissant dans la définition et la mise en œuvre des changements et non plus subissant les décisions unilatérales de ceux qui croient savoir ce qui est bon pour le système.

De la souplesse, des marges de liberté, le pari de l’intelligence collective. C’est ce que le président Macron revendiquait dans son programme de candidat. C’est ce qui devra présider à la politique d’Education pour qu’elle prenne le tournant du 21ème siècle, s’inscrive résolument vers l’avenir, lutte efficacement contre les inégalités de toute nature et permette l’émancipation individuelle et collective de chacune et chacun.

Un formidable défi, dont il faudra reparler régulièrement. Et faire le bilan…disons…dans quatre ans !

 

Denis Adam, le 19 juillet 2017