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Élèves radicalisés : La réponse sécuritaire immédiate ne peut effacer la réponse éducative

L’annonce de Gabriel ATTAL au journal télévisé de France 2, le jeudi 20 octobre, sur le traitement des élèves radicalisés, pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le ministre avait sondé les organisations syndicales, deux jours auparavant, sur la question de la gestion des cas les plus dangereux.

A l’UNSA Education nous comprenons et partageons la volonté de ne pas voir les drames se reproduire. Pour autant les annonces faites, au-delà du message fort pour l’opinion publique « d’exclure», laissent de vraies questions en suspens :

1) Comment caractérise-t-on un élève particulièrement dangereux et radicalisé ? Cela concerne-t-il uniquement les Fichés S ? Ce n’est pas suffisant et de plus, en tant que personnels, nous n’en avons pas connaissance. Comment, avec un faisceau d’éléments, traduit-t-on cette qualification en termes juridiques ? Car justement, nous ne sommes pas des juges. Ces précisions sont indispensables.

2) Pour permettre l’exclusion sur un tel motif, il faudra très probablement modifier la Loi et le code de l’éducation. Dans quels termes ?

3) Que fait-on de ces jeunes exclus et déscolarisés pour éviter de renforcer la radicalisation ? Quelles structures d’accueil sont prévues ? Le droit à l’éducation est clairement encadré par la loi. Si on perd totalement ces jeunes de vue, et qu’on n’a plus d’encadrement éducatif, comment prévient-t-on leur enfermement définitif dans la radicalisation ?

4) Comment travaille-t-on sur la durée, dans le cadre d’un partenariat Police / Justice / Éducation et sur les dispositifs déjà existants pour prévenir la radicalisation ?

Pour l’UNSA Éducation nous souhaitons prendre le temps d’en discuter avec le ministère et avec les autres ministères concernés, dont le ministère de l’intérieur, pour travailler le sujet sur le fond. Protéger les personnels et les élèves doit rester une priorité.

Avant de décider de nouvelles mesures, il faut s’intéresser à ce qui existe déjà, l’appliquer pour résoudre les problèmes actuels, majeurs, dans la protection des élèves et des personnels. Ainsi, les annonces sur ces sujets seront plus crédibles.

Première difficulté, aujourd’hui, les personnels ne savent souvent pas qu’ils peuvent signaler et ne savent pas comment le faire. D’autres le savent mais s’autocensurent. Deuxième difficulté, lorsque le signalement a eu lieu, nous n’avons aucun retour de ce que devient ce signalement. Quel traitement est fait par la police et la justice ? Quelle protection peut être garantie aux personnels et aux élèves dans le traitement de ce signalement ?

Aujourd’hui, les équipes ont davantage besoin d’être accompagnés et soutenus par l’institution dans le cas d’un signalement. Elles doivent être informées et être rassurées, sur ce que l’élève va connaître comme accompagnement, et sa famille en termes de surveillance. Une chose est sûre, nous aurons besoin d’être associés à ces discussions. C’est un enjeu qui doit être partagé et collectif.

A l’UNSA Éducation, nous croyons dans les collectifs de travail et en la complémentarité des acteurs. La situation grave que nous traversons ne va pas se résoudre par une série d’injonctions donnés aux cadres et par un  suivi de remontées statistiques.

La réponse sécuritaire ne peut effacer la réponse éducative. Pour que tout le monde y adhère, comprenne son rôle, il faut déjà commencer par envoyer un message clair depuis le plus haut niveau de l’État. Ainsi, Les annonces faites par voie de presse, parce que l’opinion les attend, sont une chose. Mais ce qui vraiment changera la situation, c’est qu’un travail de fond s’engage avec l’ensemble de la communauté éducative. Et que ce travail soit partagé et discuté avec les représentants des personnels. C’est ce que l’UNSA demande.

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