Elections américaines : les enseignant.es s’engagent pour l’école publique !
Pendant 4 ans, les profs étaient les bienvenus à la Maison Blanche. Jill Biden, enseignante de métier et première dame, a largement contribué à faire rentrer les enseignants et leurs organisations syndicales au plus près du pouvoir à Washington. Une situation qui pourrait perdurer car Tim Walz, gouverneur du Minnesota et candidat à la vice-présidence au côté de Kamala Harris, est aussi un ancien adhérent des syndicats de l’éducation. Il s’est fait connaître pendant la campagne avec un tonitruant « ne sous-estimez jamais un enseignant de l’école publique! » pendant un meeting.
La National Education Association, NEA, 3 millions de membres, plusieurs centaines d’associations locales affiliées, a monté une plate-forme électorale et ne ménage pas ses efforts pour mobiliser les personnels éducatifs pour le scrutin: plate-forme d’inscription sur liste électorale, levée de fonds pour les candidats qui soutiennent l’opinion publique, aide au vote par correspondance, banque de ressources pour faire campagne pour des candidates et des candidats qui s’engagent à soutenir l’école publique et les éducateurs…des situations qu’on ne retrouve pas en France où la tradition et la nature syndicale sont différentes. Lien vers la plate-forme « make your vote » ici.
La NEA propose aussi un comparateur électoral des politiques éducatives en ligne (ici) et ses réseaux sociaux font clairement campagne pour Kamala Harris. Le candidat Donald Trump a en effet annoncé vouloir réduire le budget de l’éducation publique dans le cadre du projet ultra conservateur et ultra libéral « project 2025 » avec une mesure farfelue qui consiste à ne plus financer les établissements qui voudront évoquer l’esclavage ou le racisme dans leur enseignement. Voire carrément supprimer le département ministériel de l’éducation. La NEA mobilise aussi des influeuceuses et des influenceurs de réseaux sociaux pour défendre la cause de l’éducation publique, tels que Diego Marin, prof de maths à Chicago, Carly Barrett, prof dans le Kentucky qui dénonce les vouchers « chèques scolaires » mis en place par certains états pour soutenir l’école publique ou encore Zeepps, dans le Colorado, qui fait campagne pour un amendement qui réduirait les tailles des classes dans son état.
L’American Federation of Teachers, 2 millions de membres, fait de même de son côté: un bus affrété pour parler de l’éducation dans tous les états et défendre les valeurs soutenues par l’AFT, et notamment le droit des femmes à disposer de leur corps (lien vers les déplacements ici), des meetings de la présidente Randi Weingarten sont organisés dans les « swing states » et le dernier podcast de l’AFT, « union talks » revient sur les enjeux du scrutin ici ou encore sur ce qui s’est passé pendant la convention du parti démocrate où les leaders syndicaux ont eu la parole.
Cela pourrait vous paraître déconnecté de notre actualité nationale, et pourtant. Les débats éducatifs sont les mêmes en Argentine, aux Etats-Unis, en Australie et sur tous les continents on a une pénurie d’enseignants, on a un manque d’investissement public, on a des questions de santé mentale, d’outil numérique, de conditions de travail, qui se ressemblent, quelle que soit la langue étudiée. Le courant ultra-conservateur, qui menace l’autonomie professionnelle des enseignants, est puissant aux Etats-Unis où certains états du sud vont jusqu’à interdire certains livres dans les écoles.