Éducation : la réforme (im)possible ?

Rengaine de ces temps de sinistrose, paroles dubitatives de hauts responsables dépités, vision pessimiste d’une opinion publique qui ne croit plus « au changement, maintenant », tant on lui déjà tant fait le coup… il revient comme un lancinant refrain, l’idée même que toute réforme de l’Éducation serait –certes fortement souhaitable- mais hautement improbable et pour tout dire, impossible.


Rengaine de ces temps de sinistrose, paroles dubitatives de hauts responsables dépités, vision pessimiste d’une opinion publique qui ne croit plus « au changement, maintenant », tant on lui déjà tant fait le coup… il revient comme un lancinant refrain, l’idée même que toute réforme de l’Éducation serait –certes fortement souhaitable- mais hautement improbable et pour tout dire, impossible.
Au quotidien, sur le terrain, les choses avancent, bougent, évoluent…
Certes pas suffisamment, pas assez vite, avec une ampleur parfois trop limitée… peut-être… mais tout semble indiquer que la transformation est en marche.

La dichotomie est, semble-t-il, moins entre le pessimisme de ceux qui baissent les bras et l’optimisme de ceux qui veulent (encore) y croire et davantage entre les injonctions nationales d’une administration éloignée et un terrain en perpétuel évolution dans son « frottement permanent aux réalités du quotidien ».

Dans leur ouvrage « Ecole : la grande transformation ? » François Muller et Romuald Normand, dans la perspective des travaux d’Andy Hargreaves, mettent en évidence que la « grande transformation » demande de « construire à partir du bas, [et de] piloter par le haut », de « développer une responsabilité partagée », de « considérer les élèves comme des parties prenantes », « d’encourager le professionnalisme chez les enseignants », de renforcer les partenariats et « d’entretenir les réseaux d’apprentissage ».

Les auteurs montrent que le changement nécessite une transformation de la gouvernance, qu’il est indispensable de substituer aux injonctions hiérarchiques et à la culture du contrôle, de la confiance, de l’accompagnement bienveillant des établissements et « une reddition de compte intelligente ».

La réforme des temps éducatif est à ce sujet –et si on veut bien la regarder avec un peu de recul- révélatrice de ces principes. Une fois passer le cap de la loi et du jeu des postures, nombreux auront été les territoires à s’emparer du dispositif pour inventer localement et en partenariat une politique éducative cohérente. Plus de souplesse, offerte dès le départ, aurait certainement permis d’aller plus vite, plus loin et évité bien des blocages.

Fixer un cadre et faire confiance aux professionnels, les aider et les accompagner, dans des démarches qui leur laissent initiatives et responsabilités, valorisent leurs initiatives et innovations, leur apportent ouvertures et réponses et mises en réseau, telles sont les nouvelles missions des instances de gouvernances.

En effet, si le bon niveau de l’évolution se situe localement, il ne peut exonérer les structures nationales de leurs responsabilités.

L’agir local ne peut devenir l’effet bocal. La proximité ne peut se traduire par le particularisme et l’enfermement. Le rôle d’une dimension nationale, s’il demeure indispensable, s’entend comme un cadre qui libère et non comme un carcan qui enferme et sclérose.

Aussi conviendrait-il certainement dans les hautes sphères de moins imposer ce doit changer sur le terrain et comment… et d’agir davantage sur la transformation de ces mêmes hautes sphères afin qu’elles rendent possibles, qu’elles valorisent, qu’elles diffusent ce qui se transforment progressivement chaque jour localement.

Là est certainement la condition essentielle du changement : celle qui affirmerait sans hésitation ni nostalgie qu’en Éducation la réforme est possible, qu’elle est en cours !

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Rengaine de ces temps de sinistrose, paroles dubitatives de hauts responsables dépités, vision pessimiste d’une opinion publique qui ne croit plus « au changement, maintenant », tant on lui déjà tant fait le coup… il revient comme un lancinant refrain, l’idée même que toute réforme de l’Éducation serait –certes fortement souhaitable- mais hautement improbable et pour tout dire, impossible.
Au quotidien, sur le terrain, les choses avancent, bougent, évoluent…
Certes pas suffisamment, pas assez vite, avec une ampleur parfois trop limitée… peut-être… mais tout semble indiquer que la transformation est en marche.

La dichotomie est, semble-t-il, moins entre le pessimisme de ceux qui baissent les bras et l’optimisme de ceux qui veulent (encore) y croire et davantage entre les injonctions nationales d’une administration éloignée et un terrain en perpétuel évolution dans son « frottement permanent aux réalités du quotidien ».

Dans leur ouvrage « Ecole : la grande transformation ? » François Muller et Romuald Normand, dans la perspective des travaux d’Andy Hargreaves, mettent en évidence que la « grande transformation » demande de « construire à partir du bas, [et de] piloter par le haut », de « développer une responsabilité partagée », de « considérer les élèves comme des parties prenantes », « d’encourager le professionnalisme chez les enseignants », de renforcer les partenariats et « d’entretenir les réseaux d’apprentissage ».

Les auteurs montrent que le changement nécessite une transformation de la gouvernance, qu’il est indispensable de substituer aux injonctions hiérarchiques et à la culture du contrôle, de la confiance, de l’accompagnement bienveillant des établissements et « une reddition de compte intelligente ».

La réforme des temps éducatif est à ce sujet –et si on veut bien la regarder avec un peu de recul- révélatrice de ces principes. Une fois passer le cap de la loi et du jeu des postures, nombreux auront été les territoires à s’emparer du dispositif pour inventer localement et en partenariat une politique éducative cohérente. Plus de souplesse, offerte dès le départ, aurait certainement permis d’aller plus vite, plus loin et évité bien des blocages.

Fixer un cadre et faire confiance aux professionnels, les aider et les accompagner, dans des démarches qui leur laissent initiatives et responsabilités, valorisent leurs initiatives et innovations, leur apportent ouvertures et réponses et mises en réseau, telles sont les nouvelles missions des instances de gouvernances.

En effet, si le bon niveau de l’évolution se situe localement, il ne peut exonérer les structures nationales de leurs responsabilités.

L’agir local ne peut devenir l’effet bocal. La proximité ne peut se traduire par le particularisme et l’enfermement. Le rôle d’une dimension nationale, s’il demeure indispensable, s’entend comme un cadre qui libère et non comme un carcan qui enferme et sclérose.

Aussi conviendrait-il certainement dans les hautes sphères de moins imposer ce doit changer sur le terrain et comment… et d’agir davantage sur la transformation de ces mêmes hautes sphères afin qu’elles rendent possibles, qu’elles valorisent, qu’elles diffusent ce qui se transforment progressivement chaque jour localement.

Là est certainement la condition essentielle du changement : celle qui affirmerait sans hésitation ni nostalgie qu’en Éducation la réforme est possible, qu’elle est en cours !