Education artistique et culturelle : magiques annonces ministérielles !

En Conseil des ministres, des annonces ont été faites par les deux Ministres concernés (Culture et Education Nationale) ; l’éducation artistique et culturelle est une priorité du Président de la République et l’objectif de 100% des enfants touchés par cette éducation est fixé. Mais comment y parvenir ? Par effet d’annonce et pensée magique ?

Un développement volontariste !
Décidemment, nos ministres semblent croire à l’effet magique des annonces qui entrainerait aussitôt la mise en œuvre effective de leurs décisions ! « A la suite de la rentrée en musique, une chorale scolaire sera mise en place dans chaque établissement scolaire. » (Compte rendu du Conseil des ministres du 14 septembre ici )

 Les deux ministres ne tirent pas de bilan public de cette rentrée en musique, selon le Snpden (cité par le Café Pédagogique) seulement un collège sur quatre et moins d’un lycée sur dix a suivi l’injonction ministérielle de la « rentrée en musique ». Qu’en est-il des écoles maternelles et élémentaires ? Tout laisse à penser que la rentrée en musique s’est organisée (pour les visites des recteurs et inspecteurs d’académie) dans des écoles choisies et connues pour leurs projet spécifiques en musique, telles les écoles accueillant des sections CHAM (classe à horaire aménagé musique).
Mener une chorale ne s’improvise pas, si les collèges peuvent s’appuyer sur le professeur de musique, il n’y en a pas ou très peu en lycée et pas du tout en école primaire. Les professeurs des écoles reçoivent dans  leur formation initiale, seulement autour de quinze heures d’enseignement de la musique en deux années de Master (petites variations horaires en fonction des Espé, et c’est pareil pour les arts plastiques !). En si peu de temps, il leur faut se constituer une culture musicale en relation avec le programme d’histoire des arts, apprendre à chanter et faire chanter, apprendre à rythmer et faire rythmer, assimiler des contenus de didactique de la musique. Mission impossible! Seuls ceux qui ont déjà une pratique musicale avant de devenir professeur des écoles, s’autoriseront à enseigner cette forme artistique à leurs élèves. C’est pointé, connu et affirmé dans chaque rapport d’Inspection Générale qui se penche sur l’éducation artistique (dernier en date à lire ICI) et il en est de même, pour les autres arts, ceux du domaine visuel (sculpture, peinture, photo, cinéma), et tous les autres pourtant intégrés dans les six domaines des programmes : arts de l’espace, du quotidien, du langage, du spectacle vivant, du son.

Quand nos décideurs politiques vont-ils enfin prendre en compte le nécessaire renforcement de la formation initiale et continue des équipes éducatives ? Car même s’il ne s’agit pas de faire de tous les professeurs des meneurs de chorale, et si on peut envisager de faire appel aux partenaires que sont potentiellement les Conservatoires de Musique, être porteur de projet culturel et élaborer des partenariats, ça s’apprend aussi.

Agir pour une véritable ambition culturelle
Bien sûr que l’école est le lieu où l’on peut toucher tous les enfants et les jeunes. Aujourd’hui seuls 40% d’entre eux suivent un PEAC (Parcours d’Education Artistique et Culturelle, chiffres Ministère de la Culture) mais affirmer une généralisation par injonction et choix hasardeux est illusoire. Pour une accessibilité au plus grand nombre, il serait nécessaire de former les équipes, de responsabiliser les échelons locaux et les financeurs potentiels de projets, d’encourager la co-construction de ces projets en donnant le temps de la concertation et de l’élaboration à tous les partenaires (associatifs, artistes, établissements scolaires, représentants en Drac de l’Etat). Et plutôt que décréter que la chorale est un passage obligé pour accéder à la culture musicale, ou que théâtre et livre seront privilègiés, il serait nettement plus efficace de continuer à encourager les enseignements interdisciplinaires qui permettent une ouverture culturelle,  de leur permettre d’exister par la concertation des personnels  , et d’accompagner les équipes dans la construction de parcours éducatifs artistiques et culturels.
Ceci dessine les contours d’une politique éducative, elle  prend du temps, coûte de l’argent, elle se fonde sur une analyse de l’existant et se projette dans l’avenir : un projet ambitieux au service d’une véritable démocratisation de la culture. C’est ce projet que porte l’Unsa Education, pour que tous les univers culturels soient des fenêtres ouvertes sur le monde, qui permettent de faire société et de vivre ensemble, en citoyens libres et éclairés.

 

 

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Un développement volontariste !
Décidemment, nos ministres semblent croire à l’effet magique des annonces qui entrainerait aussitôt la mise en œuvre effective de leurs décisions ! « A la suite de la rentrée en musique, une chorale scolaire sera mise en place dans chaque établissement scolaire. » (Compte rendu du Conseil des ministres du 14 septembre ici )

 Les deux ministres ne tirent pas de bilan public de cette rentrée en musique, selon le Snpden (cité par le Café Pédagogique) seulement un collège sur quatre et moins d’un lycée sur dix a suivi l’injonction ministérielle de la « rentrée en musique ». Qu’en est-il des écoles maternelles et élémentaires ? Tout laisse à penser que la rentrée en musique s’est organisée (pour les visites des recteurs et inspecteurs d’académie) dans des écoles choisies et connues pour leurs projet spécifiques en musique, telles les écoles accueillant des sections CHAM (classe à horaire aménagé musique).
Mener une chorale ne s’improvise pas, si les collèges peuvent s’appuyer sur le professeur de musique, il n’y en a pas ou très peu en lycée et pas du tout en école primaire. Les professeurs des écoles reçoivent dans  leur formation initiale, seulement autour de quinze heures d’enseignement de la musique en deux années de Master (petites variations horaires en fonction des Espé, et c’est pareil pour les arts plastiques !). En si peu de temps, il leur faut se constituer une culture musicale en relation avec le programme d’histoire des arts, apprendre à chanter et faire chanter, apprendre à rythmer et faire rythmer, assimiler des contenus de didactique de la musique. Mission impossible! Seuls ceux qui ont déjà une pratique musicale avant de devenir professeur des écoles, s’autoriseront à enseigner cette forme artistique à leurs élèves. C’est pointé, connu et affirmé dans chaque rapport d’Inspection Générale qui se penche sur l’éducation artistique (dernier en date à lire ICI) et il en est de même, pour les autres arts, ceux du domaine visuel (sculpture, peinture, photo, cinéma), et tous les autres pourtant intégrés dans les six domaines des programmes : arts de l’espace, du quotidien, du langage, du spectacle vivant, du son.

Quand nos décideurs politiques vont-ils enfin prendre en compte le nécessaire renforcement de la formation initiale et continue des équipes éducatives ? Car même s’il ne s’agit pas de faire de tous les professeurs des meneurs de chorale, et si on peut envisager de faire appel aux partenaires que sont potentiellement les Conservatoires de Musique, être porteur de projet culturel et élaborer des partenariats, ça s’apprend aussi.

Agir pour une véritable ambition culturelle
Bien sûr que l’école est le lieu où l’on peut toucher tous les enfants et les jeunes. Aujourd’hui seuls 40% d’entre eux suivent un PEAC (Parcours d’Education Artistique et Culturelle, chiffres Ministère de la Culture) mais affirmer une généralisation par injonction et choix hasardeux est illusoire. Pour une accessibilité au plus grand nombre, il serait nécessaire de former les équipes, de responsabiliser les échelons locaux et les financeurs potentiels de projets, d’encourager la co-construction de ces projets en donnant le temps de la concertation et de l’élaboration à tous les partenaires (associatifs, artistes, établissements scolaires, représentants en Drac de l’Etat). Et plutôt que décréter que la chorale est un passage obligé pour accéder à la culture musicale, ou que théâtre et livre seront privilègiés, il serait nettement plus efficace de continuer à encourager les enseignements interdisciplinaires qui permettent une ouverture culturelle,  de leur permettre d’exister par la concertation des personnels  , et d’accompagner les équipes dans la construction de parcours éducatifs artistiques et culturels.
Ceci dessine les contours d’une politique éducative, elle  prend du temps, coûte de l’argent, elle se fonde sur une analyse de l’existant et se projette dans l’avenir : un projet ambitieux au service d’une véritable démocratisation de la culture. C’est ce projet que porte l’Unsa Education, pour que tous les univers culturels soient des fenêtres ouvertes sur le monde, qui permettent de faire société et de vivre ensemble, en citoyens libres et éclairés.