Du concept d’expérimentation en matière éducative

Dans le système scolaire français, il est assez courant d’expérimenter. L’initiative en revient parfois aux équipes éducatives avec le soutien plus ou moins fort de l’institution ou, plus couramment sous l’impulsion de l’institution, elle-même quand elle veut tester quelques idées de réformes.

Ainsi, sont expérimentées depuis quelques années des secondes « à champ professionnel » dans certains lycées professionnels. Ainsi, le ministère autorise une association « Agir pour l’école » à tester des méthodes d’apprentissage de la lecture en CP. Ou bien encore, le ministère expérimente depuis 2017 dans la région Normandie une nouvelle forme de gouvernance dite « Un recteur pour deux académies ».

Ces trois exemples récents sont intéressants à regarder. Dans les trois cas, ces expérimentations se font en dehors de tout protocole scientifique. L’une d’entre elle (les secondes à champ professionnel) a fait l’objet d’un rapport de l’inspection générale très mitigé. Dans deux cas, les décisions politiques de généralisation sont prises alors que les expérimentations sont encore en cours et indépendamment du résultat observé (pas toujours publié).

Pourtant, l’expérimentation devrait pouvoir trouver sa place en matière éducative comme dans d’autres. On pourrait par exemple avantageusement s’inspirer des méthodes rigoureuses développées par l’économiste, professeure au collège de France, Esther Duflo qui travaille rigoureusement sur la lutte contre la pauvreté1.

Pour qu’une expérimentation soit crédible et que les résultats soient convaincants et acceptés, quelques conditions devraient être remplies :

   –  Elle doit s’inscrire dans un protocole expérimental suivi par un laboratoire de recherche reconnu,
    – Elle doit durer le temps nécessaire pour que leurs résultats puissent être évalués,
    – Son évaluation doit être publique et les conclusions suivies d’effet.

Pour ceci, il est avant tout nécessaire que le temps de la réforme en Éducation soit déconnecté du temps politique. Est ce possible dans notre pays ? On finirait par en douter…

1Voir par exemple : « Le développement humain », Esther Duflo, Seuil, 2010

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Dans le système scolaire français, il est assez courant d’expérimenter. L’initiative en revient parfois aux équipes éducatives avec le soutien plus ou moins fort de l’institution ou, plus couramment sous l’impulsion de l’institution, elle-même quand elle veut tester quelques idées de réformes.

Ainsi, sont expérimentées depuis quelques années des secondes « à champ professionnel » dans certains lycées professionnels. Ainsi, le ministère autorise une association « Agir pour l’école » à tester des méthodes d’apprentissage de la lecture en CP. Ou bien encore, le ministère expérimente depuis 2017 dans la région Normandie une nouvelle forme de gouvernance dite « Un recteur pour deux académies ».

Ces trois exemples récents sont intéressants à regarder. Dans les trois cas, ces expérimentations se font en dehors de tout protocole scientifique. L’une d’entre elle (les secondes à champ professionnel) a fait l’objet d’un rapport de l’inspection générale très mitigé. Dans deux cas, les décisions politiques de généralisation sont prises alors que les expérimentations sont encore en cours et indépendamment du résultat observé (pas toujours publié).

Pourtant, l’expérimentation devrait pouvoir trouver sa place en matière éducative comme dans d’autres. On pourrait par exemple avantageusement s’inspirer des méthodes rigoureuses développées par l’économiste, professeure au collège de France, Esther Duflo qui travaille rigoureusement sur la lutte contre la pauvreté1.

Pour qu’une expérimentation soit crédible et que les résultats soient convaincants et acceptés, quelques conditions devraient être remplies :

   –  Elle doit s’inscrire dans un protocole expérimental suivi par un laboratoire de recherche reconnu,
    – Elle doit durer le temps nécessaire pour que leurs résultats puissent être évalués,
    – Son évaluation doit être publique et les conclusions suivies d’effet.

Pour ceci, il est avant tout nécessaire que le temps de la réforme en Éducation soit déconnecté du temps politique. Est ce possible dans notre pays ? On finirait par en douter…

1Voir par exemple : « Le développement humain », Esther Duflo, Seuil, 2010