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Discours ministériel ambitieux vs épuisement des personnels : un écart consternant…

Lors du dernier CHSCT MEN 2020-2021, l'UNSA Éducation a alerté une nouvelle fois l'employeur sur l'épuisement et les inquiétudes de toutes les professions de l'éducation.

Déclaration liminaire – CHSCT MEN du 8 juillet 2021

Avant toute chose, l’UNSA Éducation tient à remercier la DGRH d’avoir répondu favorablement à notre demande de maintien de ce CHSCT ministériel. L’ordre du jour, bien que coconstruit avec les organisations syndicales, témoigne de l’importance voire de l’urgence à traiter certains sujets en vue d’une rentrée la mieux préparée possible.

Nous ne développerons pas dans ce propos liminaire les exigences de l’UNSA Éducation pour une rentrée réussie, puisqu’un point spécifique de cette séance est dédié aux conditions sanitaires de la rentrée. Nous tenons tout de même à alerter une nouvelle fois notre employeur quant aux inquiétudes légitimes de toute une profession. Notre ministre a diligenté une étude de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance pour apporter un éclairage sur la crise sanitaire et ses conséquences, celle-ci étant centrée sur les élèves et leurs apprentissages. Si cette étude était une demande forte de l’UNSA Éducation , il manque selon nous un maillon essentiel :  celui des personnels en charge des élèves et des apprentissages eux-mêmes et plus largement du bon fonctionnement de toute l’institution.

Sans cette vision globale de ce qui a percuté notre École, de ce que la préparation de la rentrée et des années à venir devra prendre en compte aussi bien pour les élèves que les personnels, toute ambition de vouloir analyser pour mieux adapter et projeter restera un vœu pieux et les conclusions de toute étude en seront faussées, inadaptées.

Toujours dans le cadre de la préparation de la rentrée, un autre point est source d’inquiétude. Si la nécessité vaccinale de nos jeunes semble faire consensus au sein du gouvernement, la méthode pour y parvenir, elle, diverge et laisse une part trop importante de flou quant à ce qui pourrait se mettre en place dans les écoles et établissements à la rentrée. Planifier une stratégie vaccinale des jeunes c’est important, mais les tergiversations sur une vaccination des jeunes qui aurait un intérêt de se faire au sein des établissements pour les uns ou au contraire en dehors pour les autres signifie concrètement repousser la prévention dans deux mois.

Or pour l’UNSA Éducation, si à travers cette question, ce sont bien les conditions sanitaires optimales à réunir pour la rentrée qui se posent, c’est dès aujourd’hui que cette stratégie vaccinale doit démarrer sans attendre. Il est hors de question que l’École et ses personnels, faute d’anticipation, revivent dès la rentrée une séquence similaire à celle subie avec les autotests où ni temps ni moyens suffisants n’ont été mis à la disposition des équipes. Par conséquent, s’il s’avérait être prévu une campagne de vaccination de nos jeunes à la rentrée, il est impératif que celle-ci ne repose nullement sur les personnels de l’Éducation nationale.

 

En deuxième point de ce propos liminaire, l’UNSA Éducation souhaite faire un focus sur les conditions de travail des personnels. Si l’ordre du jour qui nous réunit aujourd’hui y reviendra pour des personnels en particulier, c’est bien de tous les personnels que nous avons aussi nécessité à parler. Fort de ses conclusions du Grenelle, le Ministre a insisté sur l’enjeu d’une meilleure qualité de vie au travail des personnels de l’Éducation nationale, particulièrement par une gestion des ressources humaines profondément renouvelée. Nous pouvons partager cette ambition mais dénonçons ce qui se met en place.

Lorsque le ministre parle d’une RH renouvelée car plus lisible, plus humaine, plus individuelle et plus réactive, l’UNSA Éducation voit s’installer dans les territoires une RH plus opaque, plus virtuelle, plus anonyme et plus différée au regard de l’urgence des besoins. Jamais les personnels ne se sont sentis aussi peu informés, isolés face à la complexité de leur institution et par conséquent déconsidérés. Pourtant, ce n’est ni la qualité des applications numériques développées et encore moins la volonté des agents administratifs de mieux accompagner les personnels qui nous semblent faire défaut.

L’UNSA Éducation veut pointer ici un écart important entre le discours public ambitieux et la réalité vécue par les personnels. Quand publiquement le ministre annonce une révolution quant à la personnalisation de la gestion de chaque agent pour une meilleure qualité de vie au travail et un système plus performant, il pressure en interne les différents échelons de notre ministère pour une mise en œuvre immédiate, sans moyens supplémentaires et sans accompagnement des collectifs comme des individus en charge de mettre en œuvre cette révolution. La crise, trop souvent arguée pour justifier les dysfonctionnements ne peut désormais plus tout expliquer.

L’UNSA Éducation demande au ministre d’une part, de cesser tout discours dont les ambitions affichées seront nécessairement source de déception pour les personnels en matière de mise en œuvre effective et, d’autre part, de prendre en compte les alertes, à plusieurs reprises renouvelées, et revoir en urgence sa copie quant à la gestion des personnels. A tous les niveaux et sur tous les territoires, malgré un engagement sans faille de tous pour un service public d’Éducation de qualité, les personnels exercent dans des conditions de plus en plus dégradées et notre institution est au bord de la rupture. Le dernier exemple en date, celui de l’organisation des examens, sur lequel nous allons revenir dans l’ordre du jour, est accablant.

 

Pour terminer, l’UNSA Éducation veut évoquer l’installation de « l’observatoire des rémunérations et du bien-être » qui s’est tenu en présence des organisations syndicales le 28 juin dernier. Si l’UNSA Éducation a exprimé à quelles conditions cet observatoire pouvait devenir un outil utile au système éducatif et à tous ses personnels, elle a aussi rappelé que cet observatoire devait garantir objectivité et indépendance des données et analyses et ne pas servir à la communication politique d’un ministre ou d’un gouvernement pour valoriser son bilan. Il doit se baser sur un fonctionnement paritaire avec les organisations syndicales. Il lui faut des instruments de mesures coconstruits et stables dans le temps. Il faut qu’il puisse s’auto-saisir ou que les organisations syndicales puissent le faire. C’est à ces conditions qu’il pourra s’inscrire dans la durée et remplir son rôle utile.

Pour l’UNSA Éducation, cet observatoire doit concerner l’ensemble des personnels. Il ne saurait se limiter aux problématiques liées aux enseignants, CPE et PsyEN. Il doit également se préoccuper des autres personnels, en particulier toutes celles et tous ceux aux plus basses rémunérations (AESH, AED, Catégorie B et catégorie C, contractuels) ainsi qu’aux différentes filières (administrative, technique, santé, social, direction, inspection) et au secteur jeunesse et sports. Pour l’UNSA Éducation, l’observatoire doit impérativement prendre en compte dans ses observations, l’objectif d’égalité femme/homme et le suivi des plans qui se mettent actuellement en place.

La dernière édition du baromètre UNSA des métiers de l’éducation a montré la dégradation vécue des conditions de travail. Il est urgent de doter des outils nécessaires à un diagnostic partagé. Cet observatoire peut le permettre. A ce titre, il aurait mieux valu le nommer « observatoire des rémunérations et des conditions de vie au travail » afin de confirmer qu’il s’attache à relever ce qui est vécu et non pas à l’interpréter a priori.

L’UNSA Éducation agira au sein de l’observatoire pour en faire l’instrument utile, objectif et indépendant qu’il peut et doit être et veillera à l’articulation nécessaire avec le CHSCT.

Spécifiquement à l’ordre du jour prévu, l’UNSA Éducation aura l’occasion de présenter 7 avis.

Intervention d’Élisabeth Allain-Moreno pour l’UNSA Éducation

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