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« Devoirs faits » en recherche d’innovation… budgétaire

La secrétaire d’État chargée de l’Education prioritaire, Nathalie Elimas, évoque la possibilité d’étendre et généraliser le dispositif « e-devoirs faits » au collège et d’en confier en partie la charge à quelque 25 000 étudiants. Quand l’innovation vient au secours des pannes budgétaires…

Après « Devoirs faits », le MENJS a lancé dans le prolongement du premier confinement le dispositif « e-devoirs faits », c’est-à-dire une version distancielle du dispositif « classique », en présentiel. L’expérimentation actuellement en cours dans plusieurs académies a également donné lieu à l’ouverture d’une plateforme, « Devoirs faits, la communauté », visant à un partage de ressources et d’expériences entre professionnels.

Cette innovation serait née du constat que de la 6e à la 3e, on observe une baisse progressive, année par année, des effectifs inscrits dans le dispositif « classique » Devoirs faits. Alors que les élèves de 6e adhèrent assez largement, ils ne sont presque plus d’élèves en 3e à le suivre. Les causes seraient diverses : élèves tenus de quitter rapidement le collège après les cours pour attraper le car scolaire, incompatibilité d’emploi du temps et aussi sans doute peu d’appétence pour réaliser des activités présentielles avec des enseignants en fin de journée. D’où l’idée de proposer l’aide aux devoirs à la maison et par internet pour permettre à ces élèves de rejoindre le dispositif.

Question d’équité sociale posée

Après quelques mois, « e-devoirs faits » afficherait des résultats prometteurs et le ministère envisagerait de le généraliser dès la prochaine rentrée. Mais derrière la volonté affichée de déployer un dispositif vanté comme étant d’équité sociale et de réussite de tous les élèves, force est de s’interroger, surtout lorsque Mme Elimas annonce que 25 000 étudiants pourraient aider à ces « devoirs numériques du soir ». D’une part, on sait que l’outil numérique peut s’avérer un réel frein aux apprentissages au collège puisque de nombreuses familles des quartiers prioritaires ne possèdent pas d’ordinateur à la maison et que le smartphone – peu compatible avec la réalisation et la transmission des devoirs scolaires – est l’outil majoritairement utilisé par les élèves. La question de l’équité sociale est donc posée.

Financement à moindre coût

En second lieu, c’est la question du coût d’une telle opération qui interpelle. Il est promis de rémunérer les étudiants tuteurs, et si rien ne peut encore être officiellement annoncé, on peut supposer que cette aide sera bien moins onéreuse à financer que l’actuel dispositif en présentiel avec des enseignants si celui-ci était généralisé à la même échelle. « E-devoirs faits » vise-t-il à sonner le glas du dispositif classique  pour le suppléer à un moindre coût, tout en creusant un peu plus les inégalités scolaires (et en se défendant bien sûr de créer ce fossé) ?

L’UNSA EDUCATION a  défendu l’idée de Devoirs faits comme un dispositif susceptible, justement, de permettre d’apporter un soutien efficace aux élèves qui en ont le plus besoin et de réduire ces inégalités. Or, le récent rapport de l’inspection générale de 2020 sur Devoirs faits a pointé du doigt la nécessité de le faire gagner en qualité pour atteindre cet objectif. Nous notions, pour notre part, à l’occasion du compte-rendu de cette étude, l’insuffisance des moyens alloués permettant ce gain qualitatif (voir notre article du 16 novembre 2020). Il semblerait à première vue que notre ministère cherche avant tout à résoudre la seule équation budgétaire par l’illusion d’une plus-value du numérique au détriment de ce qui devrait être la première des priorités : œuvrer à la réussite de TOUS les élèves.

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La secrétaire d’État chargée de l’Education prioritaire, Nathalie Elimas, évoque la possibilité d’étendre et généraliser le dispositif « e-devoirs faits » au collège et d’en confier en partie la charge à quelque 25 000 étudiants. Quand l’innovation vient au secours des pannes budgétaires…

Après « Devoirs faits », le MENJS a lancé dans le prolongement du premier confinement le dispositif « e-devoirs faits », c’est-à-dire une version distancielle du dispositif « classique », en présentiel. L’expérimentation actuellement en cours dans plusieurs académies a également donné lieu à l’ouverture d’une plateforme, « Devoirs faits, la communauté », visant à un partage de ressources et d’expériences entre professionnels.

Cette innovation serait née du constat que de la 6e à la 3e, on observe une baisse progressive, année par année, des effectifs inscrits dans le dispositif « classique » Devoirs faits. Alors que les élèves de 6e adhèrent assez largement, ils ne sont presque plus d’élèves en 3e à le suivre. Les causes seraient diverses : élèves tenus de quitter rapidement le collège après les cours pour attraper le car scolaire, incompatibilité d’emploi du temps et aussi sans doute peu d’appétence pour réaliser des activités présentielles avec des enseignants en fin de journée. D’où l’idée de proposer l’aide aux devoirs à la maison et par internet pour permettre à ces élèves de rejoindre le dispositif.

Question d’équité sociale posée

Après quelques mois, « e-devoirs faits » afficherait des résultats prometteurs et le ministère envisagerait de le généraliser dès la prochaine rentrée. Mais derrière la volonté affichée de déployer un dispositif vanté comme étant d’équité sociale et de réussite de tous les élèves, force est de s’interroger, surtout lorsque Mme Elimas annonce que 25 000 étudiants pourraient aider à ces « devoirs numériques du soir ». D’une part, on sait que l’outil numérique peut s’avérer un réel frein aux apprentissages au collège puisque de nombreuses familles des quartiers prioritaires ne possèdent pas d’ordinateur à la maison et que le smartphone – peu compatible avec la réalisation et la transmission des devoirs scolaires – est l’outil majoritairement utilisé par les élèves. La question de l’équité sociale est donc posée.

Financement à moindre coût

En second lieu, c’est la question du coût d’une telle opération qui interpelle. Il est promis de rémunérer les étudiants tuteurs, et si rien ne peut encore être officiellement annoncé, on peut supposer que cette aide sera bien moins onéreuse à financer que l’actuel dispositif en présentiel avec des enseignants si celui-ci était généralisé à la même échelle. « E-devoirs faits » vise-t-il à sonner le glas du dispositif classique  pour le suppléer à un moindre coût, tout en creusant un peu plus les inégalités scolaires (et en se défendant bien sûr de créer ce fossé) ?

L’UNSA EDUCATION a  défendu l’idée de Devoirs faits comme un dispositif susceptible, justement, de permettre d’apporter un soutien efficace aux élèves qui en ont le plus besoin et de réduire ces inégalités. Or, le récent rapport de l’inspection générale de 2020 sur Devoirs faits a pointé du doigt la nécessité de le faire gagner en qualité pour atteindre cet objectif. Nous notions, pour notre part, à l’occasion du compte-rendu de cette étude, l’insuffisance des moyens alloués permettant ce gain qualitatif (voir notre article du 16 novembre 2020). Il semblerait à première vue que notre ministère cherche avant tout à résoudre la seule équation budgétaire par l’illusion d’une plus-value du numérique au détriment de ce qui devrait être la première des priorités : œuvrer à la réussite de TOUS les élèves.