Analyses et décryptages

Des vacataires en galère dans l’enseignement supérieur

Plus personne ne peut nier que l’enseignement supérieur français souffre d'un sous-financement chronique. Cela se manifeste, entre autres, par une pénurie d'enseignants titulaires face à une démographie étudiante qui a fortement augmenté pendant plus d’une dizaine d’années. Pour compenser, les établissements n’ont souvent d’autres possibilités que celle de recourir aux personnels contractuels et vacataires. Depuis 2016, le nombre de vacataires a ainsi augmenté de 44%, tandis que celui des enseignants titulaires stagne.

Les vacataires dans l’enseignement supérieur français occupent donc un rôle de plus en plus important. En 2021, c’est plus de 152 000 vacataires qui étaient sollicités contre environ 68 000 enseignants titulaires et 24 000 contractuels enseignants. Le statut juridique des vacataires est distinct des autres personnels contractuels et leur recrutement est régi par un décret spécifique. Il existe deux catégories de vacataires : les chargés d’enseignement vacataires (CEV) et les agents temporaires vacataires (ATV). La principale différence entre les deux statuts réside dans la nécessité pour les CEV de justifier d’une activité professionnelle principale tandis que les ATV ne peuvent être que des étudiant·e·s en doctorat ou des retraité·e·s. Les CEV représentent la grande majorité des vacataires, avec environ 92% de l’ensemble, tandis que les ATV étudiants en constituent près de 4,5%.

 

Tous les vacataires sont rémunérés à l’heure (à la tâche), ce qui complique voire interdit la mensualisation de leur salaire. Avec un délai de paiement théorique d’au minimum deux mois après la validation des heures travaillées, la mensualisation des vacataires, pourtant imposée par la loi de programmation de la recherche, est dans les faits loin d’être effective. Certains vacataires peuvent percevoir leur rémunération plusieurs mois après avoir effectué leur heures. On rappellera que l’heure de vacation est rémunérée par une indemnité, non soumise à retenue pour pension, de 40,91€.

La situation des vacataires souligne donc les défis structurels auxquels l’enseignement supérieur est confronté, notamment en termes de financement et de recrutement d’enseignants permanents. Les vacataires ne peuvent plus être la variable d’ajustement du désengagement de l’État. 

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