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Des relations dégradées entre l’école et les familles

Un récent rapport de l’IGESR (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) fait état d’une dégradation des relations entre l’école et les familles, sans que la crise sanitaire y soit nécessairement pour quelque chose. Ce sont 23 préconisations qui ont été proposées à l’issue d’une enquête de terrain approfondie.

Qu’il s’agisse du niveau national, de l’échelon académique ou de l’établissement, la feuille de route proposée par l’IGESR pour raccommoder les deux parties, école et système scolaire d’un côté, parents et familles de l’autre, à y regarder de près s’avère être un chantier de fond. L’idée est bien d’élargir l’accès à l’Ecole aux familles qui en sont les plus éloignées mais d’inciter aussi toutes les familles à investir les lieux scolaires. Certaines propositions évoquent également la création d’une charte d’établissement des relations école-familles ou encore l’instauration du vote électronique pour les parents d’élèves afin de favoriser leur participation et leur implication sur des sujets pouvant aller jusqu’au fonctionnement des établissements.

Mais sans vouloir débattre pour l’instant sur ces intentions et leur principe de réalité du fait d’un rapport demeuré confidentiel et actuellement remisé, l’enquête préalable de l’inspection générale fournit d’intéressants éléments quant à l’état de l’Ecole au regard de ces relations.

Un sujet crucial

On peut d’abord constater qu’il n’existe réellement aucune politique nationale structurée et pilotée sur ce sujet crucial et que les actions déployées en faveur d’une amélioration des relations école-familles sont plutôt le fait d’initiatives de terrain que l’aboutissement d’une action pilotée au niveau académique et national. Les directrices et directeurs d’écoles, les chef.fes d’établissements semblent devoir construire leurs propres indicateurs de suivi et travailler « au ressenti », de manière somme toute assez isolée pour faire face à une grande complexité.

Le rapport décrit quatre profils types de parents : les « intrusifs », les « agressifs », les « invisibles » et les « solidaires », selon que ces parents se révèlent plus ou moins critiques parce qu’ils sont très bien informés ou très éloignés de la culture scolaire, la catégorie des « parents solidaires » étant celle pour lesquels les intérêts collectifs prévalent sur les intérêts de leurs propres enfants.

Coopération, respect mutuel

En face d’eux, « dans leur majorité, [les professionnels de l’éducation] considèrent les parents comme des « relais » et estiment qu’ils n’ont pas à s’immiscer dans des considérations d’ordre pédagogique », indique le rapport, qui véhicule le témoignage d’enseignant.es qui n’attendent pas des parents une coopération mais d’abord un respect des codes de l’Ecole.

A partir de ce constat, l’inspection générale note que s’est développée entre ces acteurs une dégradation de leurs relations à travers plusieurs points de tension et d’incompréhension : les contenus pédagogiques, l’évaluation, l’organisation de la continuité pédagogique, la gestion de la crise sanitaire. Sur ce dernier point, le rapport distingue deux phases : le premier confinement, plutôt positif avec une bonne communication entre enseignant.es et parents qui a conduit à une reconnaissance mutuelle, mais une seconde phase qui a vu l’incompréhension et l’exaspération des parents prendre le dessus du fait des fréquentes modifications d’organisation pédagogique et des protocoles sanitaires.

Opacité du système scolaire

Plus précisément, sont évoqués ensuite le manque de parité d’estime entre les professionnels de l’éducation et les parents, au détriment de ces derniers, considérés souvent comme des consommateurs de l’Ecole, la diversité des familles dans un éventail allant d’une majorité de parents faisant confiance à l’Ecole à d’autres qui se trouvent complètement démunis et cherchent à sécuriser le parcours scolaire de leur enfant, l’opacité du système scolaire et le manque de lisibilité des attentes de l’établissement, et enfin la faible représentativité des familles et de leur diversité par les parents élus.

Sur la question de la formation des professionnels d’éducation, le rapport souligne combien la thématique est souvent floue, apparaissant dans une multiplicité d’autres domaines comme le décrochage scolaire, le climat scolaire, la parentalité, le numérique, la grande pauvreté. Et le rapport d’indiquer un glissement progressif de la notion de coéducation à celle de coopération dans les intitulés de formation.

Pour l’UNSA Éducation, ce rapport a le mérite de poser de nouveau la question de la centralité des relations Ecole-familles et de l’effort nécessaire qu’il reste à produire pour rehausser et fortifier ce partenariat. Car pour notre organisation, les parents sont membres de la communauté éducative à part entière. Derrière le principe de coéducation que nous défendons, c’est sur leur coopération pleine et active, dans la reconnaissance et le respect mutuels de chaque partie, que nous semble reposer la réussite de tous les enfants au sein d’une société où l’égalité et la solidarité ne sont pas de vains mots.

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