Des animateurs (bien) formés

Parmi les reproches, légitimes, entendus sur la réforme des rythmes, se pose celui de la formation des animateurs.


Affirmer que les temps, les actions et les acteurs de l’Education dans et hors l’Ecole sont complémentaires et qu’ils participent à une même démarche globale au service des enfants –et pas seulement des élèves- n’a de sens qu’avec une exigence de contenu et de niveau pour la formation des animateurs.


Comment en effet concevoir une même responsabilité, une reconnaissance partagée et un travail en commun entre des enseignants formés à Master 2 et des animateurs tout juste titulaires d’un Brevet –non professionnel- d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) acquis en 2 semaines de théorie et un stage pratique ?


Si l’Education populaire ne légitime pas les diplômes comme seule source de compétences, elle ne peut se satisfaire d’un bagage minimum, tout juste adapté à animer de manière ponctuelle et pour peu d’années des centres de loisirs ou de séjour.


La responsabilité de hausser le niveau –et donc dans le même temps de permettre l’émergence et la reconnaissance d’un véritable métier- est partagée. Elle se heurte généralement à la question économique, laissant croire que le coût d’animateurs mieux formés et donc mieux payés serait insupportable par les structures employeuses, alors qu’il s’agit en fait d’un véritable choix politique (fut un temps où les parents d’élèves apportaient de quoi se nourrir et se chauffer à l’instituteur de leurs enfants… on a heureusement trouvé depuis d’autres manière de rémunérer –certes insuffisamment encore, mais décemment- les enseignants !).


Dans ce domaine, l’évolution de la filière animation de la fonction publique territoriale avec la création d’un cadre A et l’aspiration vers le cadre B (grâce à des mécanismes de formation interne, de VAE et reconnaissance des acquis) des adjoints d’animation est souhaitable. Mais il convient aussi que les associations et particulièrement les mouvements organismes de formation jouent également le jeu en privilégiant la formation et le recrutement d’animateurs à haut niveau.


Déconnectée de tout lien avec la formation universitaire, la filière de formation « jeunesse et sports » est condamnée à demeurer une voie de relégation accueillant ceux qui ne peuvent ou ne veulent poursuivre des études. Or, les formations conjointes, les passerelles, les doubles certifications (par exemple entre un DEJEPS et une licence…) sont des pistes qui permettent les décloisonnements, les ouvertures d’esprits, les articulations entre connaissances théoriques et savoirs pratiques et qui multiplient l’acquisition de compétences complémentaires.


Enfin, les ESPé doivent être ce lieu de fabrication d’une culture commune et de projets partagés entre les différents acteurs éducatifs et tout particulièrement dans le cadre des projets éducatifs territoriaux (PEDT).


La réaffirmation de la réforme des rythmes –qui doivent être éducatifs et non seulement scolaires- doit être l’occasion de mettre en chantier la formation des animateurs. Cela concerne aussi bien la Ministre chargé de la jeunesse que le ministre en charge de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Un chantier interministériel, qui donnerait la dimension d’un pôle éducatif et  instaurerait le premier ministre comme véritable animateur d’une politique éducative gouvernementale.

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Parmi les reproches, légitimes, entendus sur la réforme des rythmes, se pose celui de la formation des animateurs.


Affirmer que les temps, les actions et les acteurs de l’Education dans et hors l’Ecole sont complémentaires et qu’ils participent à une même démarche globale au service des enfants –et pas seulement des élèves- n’a de sens qu’avec une exigence de contenu et de niveau pour la formation des animateurs.


Comment en effet concevoir une même responsabilité, une reconnaissance partagée et un travail en commun entre des enseignants formés à Master 2 et des animateurs tout juste titulaires d’un Brevet –non professionnel- d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) acquis en 2 semaines de théorie et un stage pratique ?


Si l’Education populaire ne légitime pas les diplômes comme seule source de compétences, elle ne peut se satisfaire d’un bagage minimum, tout juste adapté à animer de manière ponctuelle et pour peu d’années des centres de loisirs ou de séjour.


La responsabilité de hausser le niveau –et donc dans le même temps de permettre l’émergence et la reconnaissance d’un véritable métier- est partagée. Elle se heurte généralement à la question économique, laissant croire que le coût d’animateurs mieux formés et donc mieux payés serait insupportable par les structures employeuses, alors qu’il s’agit en fait d’un véritable choix politique (fut un temps où les parents d’élèves apportaient de quoi se nourrir et se chauffer à l’instituteur de leurs enfants… on a heureusement trouvé depuis d’autres manière de rémunérer –certes insuffisamment encore, mais décemment- les enseignants !).


Dans ce domaine, l’évolution de la filière animation de la fonction publique territoriale avec la création d’un cadre A et l’aspiration vers le cadre B (grâce à des mécanismes de formation interne, de VAE et reconnaissance des acquis) des adjoints d’animation est souhaitable. Mais il convient aussi que les associations et particulièrement les mouvements organismes de formation jouent également le jeu en privilégiant la formation et le recrutement d’animateurs à haut niveau.


Déconnectée de tout lien avec la formation universitaire, la filière de formation « jeunesse et sports » est condamnée à demeurer une voie de relégation accueillant ceux qui ne peuvent ou ne veulent poursuivre des études. Or, les formations conjointes, les passerelles, les doubles certifications (par exemple entre un DEJEPS et une licence…) sont des pistes qui permettent les décloisonnements, les ouvertures d’esprits, les articulations entre connaissances théoriques et savoirs pratiques et qui multiplient l’acquisition de compétences complémentaires.


Enfin, les ESPé doivent être ce lieu de fabrication d’une culture commune et de projets partagés entre les différents acteurs éducatifs et tout particulièrement dans le cadre des projets éducatifs territoriaux (PEDT).


La réaffirmation de la réforme des rythmes –qui doivent être éducatifs et non seulement scolaires- doit être l’occasion de mettre en chantier la formation des animateurs. Cela concerne aussi bien la Ministre chargé de la jeunesse que le ministre en charge de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Un chantier interministériel, qui donnerait la dimension d’un pôle éducatif et  instaurerait le premier ministre comme véritable animateur d’une politique éducative gouvernementale.