Demain, le bac…

Demain 15 juin débutent les épreuves du baccalauréat 2017.

Comme chaque année, la presse se fait l’écho de cet événement annuel.

Le Monde parle de « la traditionnelle épreuve de philosophie » qui débutera l’examen, « l’épreuve reine » affirment même certains journaux, alors qu’elle n’existe pas pour les bacs professionnels, soit pour un futur bachelier sur trois.

Annonces du Président de la République et du ministre de l’Education nationale obligent, les quotidiens s’interrogent également sur le fait que cette édition soit la dernière du modèle actuel. En effet, Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer se sont engagés à « moderniser le bac », à le « remuscler » en amplifiant la part du contrôle continu et en limitant l’examen final à quatre matières.

Enfin, et comme tous les ans, certains médias s’interrogent sur l’utilité du bac. Réactivant le débat sur sa dévalorisation et la nécessité de le moderniser, ils se demandent s’il faut le supprimer.

Ces trois approches n’en sont en fait qu’une seule. Celle de faire évoluer une institution tout en lui conservant sa place symbolique de rite de passage collectif à l’âge adulte.

En effet, « le bac c’est la dernière institution nationale depuis la suppression du service national, c’est un point de repère important », souligne le ministre de l’Education nationale.

En fait, soyons clairs. Personne -ou presque- ne revendique la suppression du baccalauréat.

Quels que soient les reproches qui puissent lui être faits, il demeure « le dernier rite initiatique dans notre société de plus en plus fragmentée » comme l’explique dans Le Figaro Thibaud Collin, philosophe et écrivain, qui y voit une institution assurant la cohésion générationnelle. Il rappelle que dans de nombreux pays d’Europe, le bac est appelé « maturité ».

Pas facile dans ce contexte de réformer l’examen.

En annonçant les chiffres de cette édition 2017 (718.890 candidats en augmentation de 3,4% par rapport à 2016, 2900 sujets élaborés et environ 4 millions de copies à corriger), la directrice générale de l’enseignement scolaire Florence Robine, n’a pas manqué de rappeler que « l’évolution du bac est une réflexion à long terme », que les travaux pour le réformer « n’ont pas commencé » et que le calendrier « n’est pas arrêté ». Autant dire que la réforme n’est vraisemblablement pas pour l’an prochain.

Bien entendu, là comme pour d’autres sujets éducatifs, le débat sera rude et les positions largement tranchées.

Car, il ne s’agit pas uniquement de modifier les seules épreuves (ce qui déjà peut entrainer de grands changements, éventuellement de conséquentes économies, mais aussi des interrogations sur l’avenir des personnels -principalement administratifs- qui y sont affectés), mais de bouger tout un système.

Transformer le bac, c’est repenser le lycée. C’est également réinterroger l’enseignement supérieur.

Comment faire évoluer les trois voies du lycée pour éviter les relégations par une orientation subie en filières professionnelles ? Comment permettre des parcours davantage personnalisés en échappant à l’enfermement dans des filières étanches ? Où placer l’orientation ? Quelles évaluations prendre en compte afin de ne pas se limiter à un examen terminal sanction ? A quel moment préparer, puis passer le baccalauréat ? Que signifie qu’il soit le premier titre universitaire ? Et donc comment faire le lien avec les études supérieures ? Comment également permettre une meilleure réussite en licence alors qu’actuellement un étudiant sur deux est en échec en première année d’université ?

Toutes ces questions – et bien d’autres- se posent. Elles n’ont pas trouvé de réponses ni dans la précédente réforme du lycée, ni dans le plan licence, pas plus -évidemment puisqu’elles ont été essentiellement des lois d’organisation et de gouvernance- dans les lois Pécresse et Fioraso.

Le chantier, celui qu’on nomme dorénavant bac-3 bac+3, reste donc entièrement à mettre en œuvre. Il ne sera pas facile. Il ne pourra se faire sans concertation ni sans participation de l’ensemble des acteurs éducatifs.

La DGESCO a raison de revendiquer du temps et une réflexion en profondeur.
Sans cela, ce ne sera qu’une réforme de plus et pour rien.

La presse, l’opinion publique et même les professionnels de l’Education pourront à nouveau s’interroger et se demander : « demain, le bac ? »…

 

Denis ADAM, le 14 juin 2017
 

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Annonces du Président de la République et du ministre de l’Education nationale obligent, les quotidiens s’interrogent également sur le fait que cette édition soit la dernière du modèle actuel. En effet, Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer se sont engagés à « moderniser le bac », à le « remuscler » en amplifiant la part du contrôle continu et en limitant l’examen final à quatre matières.

Enfin, et comme tous les ans, certains médias s’interrogent sur l’utilité du bac. Réactivant le débat sur sa dévalorisation et la nécessité de le moderniser, ils se demandent s’il faut le supprimer.

Ces trois approches n’en sont en fait qu’une seule. Celle de faire évoluer une institution tout en lui conservant sa place symbolique de rite de passage collectif à l’âge adulte.

En effet, « le bac c’est la dernière institution nationale depuis la suppression du service national, c’est un point de repère important », souligne le ministre de l’Education nationale.

En fait, soyons clairs. Personne -ou presque- ne revendique la suppression du baccalauréat.

Quels que soient les reproches qui puissent lui être faits, il demeure « le dernier rite initiatique dans notre société de plus en plus fragmentée » comme l’explique dans Le Figaro Thibaud Collin, philosophe et écrivain, qui y voit une institution assurant la cohésion générationnelle. Il rappelle que dans de nombreux pays d’Europe, le bac est appelé « maturité ».

Pas facile dans ce contexte de réformer l’examen.

En annonçant les chiffres de cette édition 2017 (718.890 candidats en augmentation de 3,4% par rapport à 2016, 2900 sujets élaborés et environ 4 millions de copies à corriger), la directrice générale de l’enseignement scolaire Florence Robine, n’a pas manqué de rappeler que « l’évolution du bac est une réflexion à long terme », que les travaux pour le réformer « n’ont pas commencé » et que le calendrier « n’est pas arrêté ». Autant dire que la réforme n’est vraisemblablement pas pour l’an prochain.

Bien entendu, là comme pour d’autres sujets éducatifs, le débat sera rude et les positions largement tranchées.

Car, il ne s’agit pas uniquement de modifier les seules épreuves (ce qui déjà peut entrainer de grands changements, éventuellement de conséquentes économies, mais aussi des interrogations sur l’avenir des personnels -principalement administratifs- qui y sont affectés), mais de bouger tout un système.

Transformer le bac, c’est repenser le lycée. C’est également réinterroger l’enseignement supérieur.

Comment faire évoluer les trois voies du lycée pour éviter les relégations par une orientation subie en filières professionnelles ? Comment permettre des parcours davantage personnalisés en échappant à l’enfermement dans des filières étanches ? Où placer l’orientation ? Quelles évaluations prendre en compte afin de ne pas se limiter à un examen terminal sanction ? A quel moment préparer, puis passer le baccalauréat ? Que signifie qu’il soit le premier titre universitaire ? Et donc comment faire le lien avec les études supérieures ? Comment également permettre une meilleure réussite en licence alors qu’actuellement un étudiant sur deux est en échec en première année d’université ?

Toutes ces questions – et bien d’autres- se posent. Elles n’ont pas trouvé de réponses ni dans la précédente réforme du lycée, ni dans le plan licence, pas plus -évidemment puisqu’elles ont été essentiellement des lois d’organisation et de gouvernance- dans les lois Pécresse et Fioraso.

Le chantier, celui qu’on nomme dorénavant bac-3 bac+3, reste donc entièrement à mettre en œuvre. Il ne sera pas facile. Il ne pourra se faire sans concertation ni sans participation de l’ensemble des acteurs éducatifs.

La DGESCO a raison de revendiquer du temps et une réflexion en profondeur.
Sans cela, ce ne sera qu’une réforme de plus et pour rien.

La presse, l’opinion publique et même les professionnels de l’Education pourront à nouveau s’interroger et se demander : « demain, le bac ? »…

 

Denis ADAM, le 14 juin 2017