Déclaration liminaire du conseil d’administration du 25 novembre 2021
Monsieur le président, monsieur le directeur, mesdames et messieurs les administratrices et administrateurs,
En préparant ce conseil d’administration, la formule de l’écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans son roman de 1958, « Le Guépard » et rendue célèbre par le film de Luchino Visconti, nous est, à nouveau, revenue à l’esprit :
« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Dans le Guépard, la répartition du pouvoir et de ses moyens ne change pas, malgré l’histoire politique en mouvement. Le film montre l’échec relatif de la révolution garibaldienne face à la permanence de la puissance des grands aristocrates féodaux du sud de l’Italie, mais il pointe surtout du doigt une alternative essentielle qui ne devrait pas être étrangère à notre réseau : Changer et vivre ou rester tel quel et disparaître progressivement.
À l’AEFE des impondérables demeurent que n’altèrent, quand ils ne les amplifient pas, ni les changements de gouvernance, ni la succession des directrices et directeurs à sa tête.
La politique semble impuissante à faire changer l’ordre des choses, ou pire, la politique semble, parfois, mise délibérément au service de l’absence de changement.
Ainsi, la dotation publique n’accompagne pas le développement du réseau, ni ne compense l’augmentation implacable du coût des pensions civiles et du GVT, instaurant ainsi, un déficit structurel que nous ne cessons de dénoncer depuis de nombreuses années. À se demander si ce dernier n’est pas organisé ou pour le moins assumé.
La farandole des fermetures et redéploiements de postes, les déficiences d’une politique sociale aux abonnés absents, organisent l’affaiblissement humain d’un réseau hémophile qui perd de sa substance peu à peu et se prive de ce qui en fait sa force, sa puissance et sa richesse.
Il semble hélas que tout change pour que rien ne change véritablement.
Rien ne change d’une politique de l’agence tributaire, plus que jamais, de la commande présidentielle du doublement des effectifs et qui, par la mission tendanciellement schizophrénique qui lui est assignée, passe, petit à petit, par pertes et profit sa nature même d’opérateur PUBLIC
On déploie le tapis rouge face aux investisseurs privés, certains bénéficiant même d’une grande sollicitude et d’une attention accrue de la part de l’opérateur public. On s’accommode de certaines valeurs et on détourne le regard face à ceux qui organisent pourtant, dans certains pays, la concurrence face à nos propres établissements en gestion directe. C’est une nouvelle forme de la trahison des clercs, chère à Julie Benda en somme.
Doit-on ici encore insister sur la gouvernance verticale et descendante, sur l’incapacité à résoudre dans des délais acceptables les difficultés épineuses comme celles rencontrées par nos collègues menacés par le fisc Grec ?
Nous, à l’UNSA, nous ne vous promettons pas la révolution garibaldienne, mais une réforme républicaine autour de nos valeurs intangibles et qui ont toujours été celles de ceux qui voulaient plus d’égalité et plus de justice sociale : la défense du service public d’éducation, la laïcité, le dialogue, le jugement critique, la liberté de conscience et d’expression.
Aussi, nous ne pouvons accepter l’absence de réalité du dialogue social, ni la remise en question de la liberté de la parole syndicale…
Notre liberté de parole constitue une des grandes lois fondatrices de notre république sociale. Qu’on ne compte pas nous y faire renoncer.
Au quotidien, comme nous l’avons toujours fait, nous agirons encore aux côtés des personnels et des parents qui défendent, comme nous le service public d’éducation et ses valeurs fondatrices, et nous serons toujours forces de proposition pour préserver notre réseau auquel nous sommes attachés.
Pour que l’on change, vive et refuse de disparaître.
Merci de votre écoute et de votre attention.