De l’éducation aux médias et à l’information comme urgence démocratique
C’est un rapport d’une centaine de pages au titre évocateur qui n’a pas été sans susciter des réactions : « Armer chacun dans la guerre de l’information ». « Ce titre a été très controversé mais nous avons voulu le conserver car il s’agit bien d’un enjeu fort et déterminant pour les années à venir. Il y a même sur ce sujet urgence démocratique », déclare Violette Spillebout, députée Renaissance, rapporteure de la mission.
Et de fait, la première partie du rapport dresse un état des lieux plutôt préoccupant, voire inquiétant en matière d’usage par les jeunes des informations véhiculées par les réseaux sociaux d’abord, par les autres canaux numériques ensuite. De nombreux exemples allant de la simple désinformation à caractère complotiste au dévoiement des réseaux sociaux à des fins de prédation sexuelle peuvent faire « froid dans le dos » et légitiment tant la démarche parlementaire que l’urgence de ses propositions.
L’école est forcément convoquée pour être l’un des vecteurs de cette mobilisation, notamment avec les propositions suivantes :
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Faire de l’EMI une discipline à part entière, avec des horaires dédiés tout au long de la scolarité, du cycle de l’école élémentaire au lycée.
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Revaloriser la formation initiale et continue des professeurs à l’EMI et placer les professeurs documentalistes au coeur des dispositifs d’enseignement renforcés ; créer une agrégation spécifique.
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Mentionner les actions d’EMI menées par les équipes éducatives dans les projets d’établissement.
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Proposer des chartes académiques réaffirmant les modalités de soutien des professeurs par leur hiérarchie et informant des mécanismes d’alerte en cas d’atteinte aux valeurs de République.
Mais le champ du parascolaire et du hors scolaire n’est pas oublié pour autant. Le rapport stipule d’autres propositions intéressantes comme :
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Fédérer les acteurs du champ éducatif et social autour des enjeux de parentalité numérique et de sensibilisation des seniors à l’EMI.
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Créer un module commun d’EMI dans la formation socle dispensée au cours du futur service national universel étendu à tous les jeunes.
Et le rapport de stipuler que l’enjeu mérite de « déclarer l’EMI grande cause nationale » au point de « nommer un délégué interministériel à l’EMI pour mieux en coordonner les différents volets ministériels et veiller au renouvellement et au suivi des conventions ».
L’UNSA Éducation ne peut que se joindre à cette réelle volonté de renforcer les démarches éducatives visant à développer l’esprit critique à l’égard des médias et raffermir chez les jeunes les principes d’expression publique permettant l’exercice de notre démocratie. Toutefois, cette demande politique, si elle devait se concrétiser avec l’ambition telle que déclarée par la mission parlementaire, exigera le déploiement de moyens financiers humains, pédagogiques et financiers à la hauteur de l’enjeu, en harmonie et complémentarité avec l’autre pilier de notre socle éducatif républicain que constitue l’Enseignement moral et civique (EMC). Le travail mené en matière d’éducation aux médias et à l’information depuis plusieurs années, avec de nombreux contacts associatifs et culturels, par des enseignant·es et notamment par des professeur·es documentalistes, doit être soutenu et mieux reconnu.