Nos expressions

Condamnation de Marine Le Pen, le triomphe de l’État de droit

Après sa condamnation le 31 mars à cinq ans d’inéligibilité et quatre ans de prison pour détournements de fonds publics, la cheffe de file du parti d’extrême-droite s’est posée en victime de la « tyrannie des juges » au mépris des règles élémentaires de l’Etat de droit qu’elle prétend défendre. La séquence complotiste et dangereuse relayée par toute la presse d’extrême-droite nous montre à quel point il est urgent de défendre nos valeurs pour préserver notre société démocratique.

Des voix s’étaient déjà élevées il y a quelques mois pour pointer le risque de détricotage de l’état de droit par le RN (comme nous l’expliquions dans notre article).

L’égalité de tous devant la loi

Décrié par les ennemis de la démocratie, l’état de droit suppose d’abord et avant tout le respect de la loi par la puissance publique et par celles et ceux qui sont censés l’incarner.

Les citoyennes et citoyens de notre pays sont majoritairement satisfaits de constater que nos institutions fonctionnent sainement et que le principe constitutionnel d’égalité devant la loi, hérité de la Déclaration des Droits de l’Homme, soit respecté, et ce quel que soit le justiciable. Les politiques ne sont pas au-dessus de la loi qu’ils ont eux-mêmes votée au nom du peuple souverain. Mieux encore, ils ont un devoir d’exemplarité qui s’est consolidé et étoffé depuis les années 1990 dans le cadre d’une moralisation de la vie politique. Au regard des réactions de l’extrême-droite, et d’une partie de la droite après le verdict du procès du RN, il semble inévitable de devoir rappeler ces évidences.

Un RN en voie de trumpisation

De Trump à Bolsonaro, en passant par Poutine ou Meloni, l’internationale fasciste et populiste s’est exprimée ces derniers jours en dénonçant un « régime autoritaire », un « État de droit violé », ou tout simplement les excès du « système », au mépris total des faits et de la réalité. C’est devenu un principe trumpiste bien connu : la remise en cause des faits et la création d’une vérité dite « alternative », autrement dit de mensonges éhontés assumés. Cyniques et dépourvus de toute éthique, ces ennemis des libertés publiques voudraient substituer la brutalité au débat, le ressenti à la raison, le jugement personnel au droit…

Ainsi, toute la semaine, sur les plateaux de télévision, Marine Le Pen et ses alliés ont pu distiller des éléments de langage visant à discréditer le tribunal qui a condamné l’ancienne patronne du parti d’extrême droite à quatre ans de prison dont deux ferme, assortis d’une peine d’inéligibilité à effet immédiat.

Non seulement le RN a pris des accents trumpistes depuis le 31 mars pour pointer du doigt le « système » qui voudrait « voler l’élection présidentielle » aux Français·es, mais ses éléments de langage infusent aussi dangereusement dans le débat public.

Leur argumentaire s’appuie cependant sur des mensonges. Pourtant, répéter des mensonges ne permet pas d’en faire des vérités…

Si cette décision de justice a incontestablement des répercussions politiques, elle ne constitue nullement une décision politique. Le RN empêtré dans cette procédure judiciaire depuis 2013, essaie de faire croire que la justice a tenté d’empêcher la candidature de sa championne. C’est pourtant la présidente du RN qui s’est soustraite à la justice depuis des années, invoquant son immunité parlementaire pour faire traîner les débats. Elle bénéficiera comme tous les citoyens de ce pays d’un appel.

 L’échec de la stratégie de « dédiabolisation »

Le RN a montré dans cette séquence ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un parti d’extrême-droite. En effet, les contre-vérités sur la légitimité du jugement, les menaces visant les magistrat·es et les attaques contre l’État de droit proférées par des responsables du parti sont l’occasion de rappeler sa véritable nature. On aurait presque fini par oublier que c’était Marine Le Pen l’accusée, tant elle s’est évertuée à faire passer les juges pour les véritables coupables… C’est bel et bien la patronne de l’ex FN qui a instauré un système d’emplois fictifs au Parlement européen de 2011 à 2016, pour un préjudice de plus de 4 millions d’euros. Dont un des bénéficiaires était un certain Jean-Marie Le Pen, dont le chauffeur, le secrétaire et le garde du corps de cet europhobe étaient payés par le Parlement Européen.

Le RN peine à mobiliser

La manifestation de soutien organisée le 6 avril, à Paris, par le Rassemblement national, n’a pas mobilisé les foules, mais elle a été une nouvelle occasion pour Marine Le Pen d’attaquer « le système » et la justice.

Malgré les excès scandaleux de l’ancien chef du parti Les Républicains, Éric Ciotti, qui a multiplié les provocations sur la « démocratie assassinée », rien que cela, les Français restent majoritairement en phase avec la décision de justice. Pour les Françaises et les Français (singulièrement pour les habitant.e.s d’Hénin Beaumont, qui ont souffert longtemps de l’immoralité des dirigeants locaux) le respect de la loi par les politiques est un impératif. Ils ne sont pas dupes et appellent de leurs vœux une véritable égalité.

Pour l’UNSA Éducation, le respect de l’État de droit est la condition sine qua non d’une démocratie sereine. Le RN pourra user toutes les voies légales de recours, y compris celles qu’ils dénoncent depuis toujours, comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui sera saisie alors même que Marine le Pen lui conteste toute légitimité… Quand nécessité fait loi…

Mais ce sont bel et bien l’indépendance de la justice et le respect de la séparation des pouvoirs qui seront à même de garantir notre république démocratique.

Une autoroute semble toute tracée pour Jordan Bardella et la menace extrémiste reste entière. Outre le respect du droit, c’est sur le terrain des idées que notre fédération continuera à attaquer le projet mortifère de l’extrême-droite qui ne recule devant aucune forfaiture pour parvenir à ses fins.

Plus que jamais, l’UNSA Éducation est mobilisée pour lutter auprès de toutes les forces progressistes et démocratiques pour le respect de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui nous permettront d’assurer l’émancipation de nos jeunes et la garantie de la cohésion nationale.

Sélectionnés pour vous

La laïcité falsifiée…

24 avril 2025  -  National
Que d’outrages aura-t-on commis ces derniers mois au nom du principe de laïcité ! Ironie du sort, l’année où l’on célèbre les 120 ans de…
Lire la suite →
+ d’actualités nationales