Choc des savoirs : une rentrée inégale et dans la confusion
La conférence de presse de rentrée de la ministre démissionnaire aura permis de faire un point concernant la mise en œuvre des mesures du “choc des savoirs”. L’opposition continue de l’ensemble de la profession et de la majeure partie des organisations syndicales toute l’année dernière avait déjà permis d’en d’atténuer une partie des effets. La dissolution de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement cet été, ont encore diminué les ambitions des rares partisans restants de ce projet controversé. Nous devons néanmoins rester mobilisés car l’avenir est incertain (à lire : choc des savoirs et rentrée 2024, l’UNSA Éducation veut rencontrer la ministre de l’éducation nationale).
Programmes de mathématiques et de français des cycles 1 et 2
Alors qu’ils ont été rejetés l’an dernier par le Conseil supérieur de l’éducation, ils auraient dû entrer en vigueur dès septembre 2024. Si les textes sont prêts, ils sont pour l’instant en suspens et ne pourraient être appliqués qu’en septembre 2025 au plus tôt. L’UNSA Éducation reste opposée à ces nouveaux programmes. (à lire : réforme des programmes, les mauvais signaux envoyés par le gouvernement)
Groupes au collège en mathématiques et en français
C’est sans doute sur ce point que l’opposition a été la plus forte l’an dernier. Sous prétexte d’une souplesse laissée aux établissements pour plus de pragmatisme (ce qui est bienvenu), la ministre démissionnaire se déresponsabilise sur les équipes locales, le personnel des établissements et semble incapable de maîtriser le déploiement des groupes. Ainsi, souvent sans moyens supplémentaires, sans aucune conviction et sans règles claires, les modalités de mise en œuvre sont, comme nous l’avions anticipé, variables à l’extrême (à lire : Un collège « dissolution »). Le carcan de l’arrêté et de la note de service semblent désormais relégués au second plan alors qu’ils sont toujours d’actualité. l’UNSA Education est favorable aux groupes de besoin mais les textes actuels provoquent une déstabilisation des collèges, un risque de tri social et une dégradation des conditions de travail des personnels. Ils doivent donc évoluer et les moyens doivent être donnés partout pour mettre en place de véritables dispositifs d’accompagnement efficaces, pensés localement et dans la collégialité. Par ailleurs, la généralisation l’an prochain, aux 4èmes et 3èmes, semble toujours aussi irréaliste et inadéquate.
Evolution du diplôme national du brevet (DNB)
Rien n’est acté à ce jour.
- Le barème devrait évoluer rapidement, et pour la session 2025, vers une répartition entre “contrôle continu” et “épreuves de fin d’année” en passant de 50%/50% à 40%/60% en prenant en compte la moyenne des moyennes de chaque discipline. Les textes, qui pourraient être publiés rapidement, retirent de l’importance au socle commun auquel l’UNSA Éducation reste très attachée.
- Le conditionnement de l’obtention du DNB pour passer directement en seconde est gelé à ce stade et c’est une très bonne chose. L’UNSA Education agit pour que cette mesure soit définitivement enterrée.
Expérimentation des classes “prépa-seconde”
Cette année, une centaine de ces classes étaient prévues (une par département), uniquement sur la base du volontariat des élèves et des familles. La ministre démissionnaire semble passer sous silence la généralisation et le caractère obligatoire prévus l’an prochain pour ce dispositif (intrinsèquement lié au caractère obligatoire du DNB pour passer directement en seconde). Moins de 1000 élèves sont volontaires à ce stade, ce qui rend peu probable l’ouverture des 100 classes… La ministre insiste davantage sur l’incitation des familles à choisir ce dispositif “qui pourrait être positif pour certains”. L’UNSA Éducation reste opposée à la généralisation et au caractère obligatoire de ce dispositif pour celles et ceux qui n’obtiendront pas leur DNB.
Labellisation des manuels
Ouverte à ce stade pour les manuels de CP et de CE1 en lecture, cette labellisation peut être sollicitée par les éditeurs mais n’est pas effective comme prévue initialement en cette rentrée. Les textes officiels n’ont, là non plus, pas été publiés. La généralisation progressive de cette labellisation, d’abord au primaire en 2025 puis dans le secondaire en 2026, reste une perspective que l’UNSA Éducation compte bien combattre de toutes ses forces. (à lire : une nouvelle usine à gaz ministérielle pour labelliser des manuels)
Redoublements
Le décret du 16 mars 2024 place le redoublement en élémentaire comme une décision relevant de l’équipe pédagogique sans accord des parents d’élèves. Un consensus scientifique pointe pourtant l’inefficacité de cette mesure pour les élèves, voire sa nocivité. L’UNSA Education considère que, étant proposé après la mise en place d’une aide personnalisée au sein de classe, le redoublement doit rester une mesure exceptionnelle et que les équipes doivent pouvoir tout mettre en œuvre pour aider au mieux les élèves les plus fragiles sans leur faire perdre une année.
L’UNSA Education a déjà obtenu que la mention “groupe de niveau” disparaisse des textes officiels et un début d’assouplissement des conditions de leur mise en œuvre. Elle a porté un recours devant le conseil d’Etat qui est toujours d’actualité, notamment concernant les groupes au collège. Plus que jamais nous restons mobilisés à vos côtés, pour obtenir l’abrogation des mesures du choc des savoirs sous leurs formes actuelles et la non application l’an prochain des mesures à venir.