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Changement climatique : Les organisations syndicales de l’éducation entrent en action

L’internationale de l’éducation réunissait début avril son réseau climat. Cette organisation, qui rassemble 383 syndicats et fédérations de l’éducation sur tous les continents, oeuvrent pour le droit à l’éducation et la défense des personnels éducatifs. Le réseau climat de l’IE organise régulièrement des échanges sur la transition écologique des systèmes éducatifs : révision des programmes scolaires, rénovation du bâti scolaire, conditions de travail face au changement climatique, protection des personnels face aux catastrophes naturelles…

Cette réunion organisée début avril 2024 où l’UNSA éducation était représentée est placée sous le signe de la transformation et de l’espoir et dans les traces de Paolo Freire, pédagogue et philosophe Brésilien qui a notamment écrit Pedagogia da Esperança, en 1992.  Les professeurs, parce qu’ils sont professeurs, ont de l’espoir. Ils sont, par leur vocation, des êtres transformateurs.

Trois femmes, militantes et activistes en justice climatique, sont les invitées spéciales de cette réunion :

Mitzi Jonell Tan, Philippine, membre et co-fondatrice de Youth Advocates for Climate Action Philippines,

Xije Bastida, issue de la communauté indigène Otomi-Toltèque située dans le centre du Mexique. Elle est membre de Fridays for future et co-fondatrice de Re-Earth Initiative, une organisation internationale dirigée par des jeunes dont l’objectif est la mise en évidence de l’intersectionnalité de la crise climatique.

Phoebe L. Hanson : Fondatrice de Teach the Teacher qui élabore des plans de formation, d’éducation et d’enseignement au sujet du changement climatique. Elle est notamment formatrice en éducation au changement climatique auprès des enseignants.

La première question posée aux trois militantes est « Comment définir la pédagogie de l’espoir ? »

Les trois jeunes femmes sont unanimes, c’est l’action et la mise en mouvement qui font naître l’espoir. Leurs expériences personnelles, parce qu’elles font adhérer à leurs idées les populations locales surtout pour Xije et Mitzi, les nourrissent et les confortent à continuer leurs actions.

La solution à l’espoir est aussi la salle de classe. A la tête de cette salle, l’enseignant doit être la personne qui donne envie de chercher des solutions et qui en apporte certaines, qui donne ou qui doit donner la culture de l’engagement pour que cet espoir dépasse la salle de classe.

L’espoir est permis en évitant le catastrophisme. Arrêter de penser les catastrophes climatiques mais penser les solutions climatiques. Cela doit reposer avant tout sur des projets spécifiques, en classe ou en dehors et des objectifs identifiés qui impliquent à différentes échelles : élèves, classe, individu, communauté avec pour finalité : comment devenir un ou une militant.e ?.

Cependant, il y a autant de définition de l’espoir que de personnes. L’espoir est conditionné par ce qui nous forge, notre contexte familial, notre identité. La différence est le mot qui manque dans l’éducation.

Cet espoir dépend aussi du coût et des conditions de vie des populations, du bien être des travailleurs et, dans ce cas, des enseignants alors même que le monde subit de multiples crises.

Phoebe L. Hanson travaille sur l’Education au changement climatique au Royaume Uni où il s’agit surtout d’une activité extra-scolaire, séparer des disciplines enseignées. Les enseignants ne sont pas formés. Pour elle, il faut une réelle « stratégie climat » au ministère en charge de l’enseignement afin que l’ECC soit une composante de tous les programmes scolaires.

Il faut que l’ECC soit une priorité pour les gouvernements du monde.

Quel message aux enseignants ?

Pour Phoebe et Mitzi, nous devons prendre soin de nous, si nous, en tant qu’enseignant, n’avons pas d’espoir, nous ne pourrons pas l’insuffler. L’enseignement doit être plus individualisé, prendre en compte la place de l’élève dans cette construction de l’avenir.

Les mots de Xije sont particulièrement forts. Il faut avoir un déclic, il faut préparer les élèves à un monde en crise et leur faire dessiner des solutions. Il faut apprendre la résilience, mettre l’accent sur la vie actuelle de l’élève pour construire une nouvelle génération transformatrice. Nous sommes les architectes de l’avenir.

Et quel est le rôle des syndicats dans tout ça ?

  • Prendre soin des travailleurs et des travailleuses, discuter avec eux, les informer et les soutenir,
  • Faire prendre conscience qu’une pédagogie de l’espoir est possible,
  • Plaidoyer pour que les gouvernements mettent l’ECC au cœur des programmes.

L’IE est à l’initiative d’un manifeste pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s

Pour en savoir plus et y apporter votre signature : Manifeste de l’Internationale de l’Éducation pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s (ei-ie.org)

La réunion se clôture par un rappel des mots de Freire : Il faut lutter pour l’utopie et l’espoir. Nous ne luttons pas en vain.

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