Ceux à qui ces odieux crimes profitent…

Le 18 novembre dernier, Emmanuel Rivière, directeur de l’unité stratégies d’opinion de TNS Sofrès, analysait pour l’Express les conséquences possibles des attentats du 13 novembre, à Paris et au Stade de France, sur les élections régionales qui se tenaient en décembre. A la question « l’effet attentats devrait profiter au Front national ? », il répondait « C’est probable. Il est clair que ces attentats confortent des thèmes classiques du FN: les liens supposés entre immigration et insécurité; « L »Europe-passoire »; une demande de sécurité accrue, quitte à limiter les libertés publiques... » Il précisait que certaines annonces du gouvernement sont « des mesures qui sont aussi prônées par le Front national… », ajoutant « dans ces conditions, Marine Le Pen a à peine besoin de faire campagne. Ses électeurs lui sont acquis… »

Quelques mois plus tard, la menace se faisant toujours pressante et les actions meurtrières se multipliant dans le monde, jusque dans l’horreur du massacre de Nice ce 14 juillet, le FN se fait fort d’annoncer –sans grande pudeur- une forte augmentation de son nombre d’adhérents.

Surfant sur les peurs, les réponses simplistes proposées par le parti d’extrême droite cherchent à apparaître d’autant plus comme de bonnes solutions que l’opposition se fait l’écho d’une surenchère électoraliste, oubliant la décence minimale due aux victimes et à leurs proches.

Il ne s’agit certes pas de faire d’angélisme, ni de nier les indispensables efforts qui doivent être conduits en matière de sécurité et donc de coordination, de coopération, de renforcement des forces de l’ordre et des services de renseignements.

Pour autant, le tout sécuritaire, ne peut être la réponse. Les 999 caméras de Nice -soit une pour 343 habitants- vantées par l’ex-maire de la ville aujourd’hui président de la région PACA, n’auront été d’aucune utilité, comme le rappelle tristement le HuffingtonPost, soulignant également que ce même « Christian Estrosi demandait [en janvier 2015] aux élus du Front national de cesser, au moins pour un temps, les polémiques politiciennes sur les questions de sécurité car l’opinion publique attendait avant tout des signes d’unité nationale. Il faut, affirmait-il « être capable de nous retrouver au-delà de nos divergences politiques ». « Un vœu non-suivi d’effet en juillet 2016, pointe le journal dénonçant, Christian Estrosi polémiquant en plein deuil national sur les mesures de sécurité prises par l’exécutif. »

Sans que cela ne serve aucunement d’alibi pour ne rien faire ou pour agir n’importe comment, le courage demande certainement d’accepter de dire que « le risque zéro n’existe pas », qu’il ne sera raisonnablement jamais possible de tout contrôler et que même un Etat totalitaire ne pourrait empêcher certaines formes de terrorisme.

Dire aussi que  l’action doit se situer tant sur le plan international que national.

Seule l’instauration de véritables démocraties laïques, seule l’offre à toutes et tous d’une réelle scolarité longue, d’une Education complète, critique et progressiste, seul un véritable exercice de la citoyenneté, un accès de chacune et chacun à la diversité des arts et des cultures, seule une réelle lutte contre la pauvreté, les exclusions, les discriminations, les ghettos…dans les pays dits en voie de développement, permettront de lutter contre les barbares qui instrumentalisent la misère à des fins de fanatisme.

Nationalement aussi, la responsabilité est plus complexe. Elle ne peut se limiter à des mesures aussi inefficaces qu’injustes comme les fermetures de frontières ou le renvoi des étrangers.

Elle est dans la défense d’un mode de vie.

Elle est dans la diffusion, l’explication, la célébration d’une manière d’être ensemble, de sortir, de faire la fête.

Elle est dans l’inscription de cet art de vivre au cœur de l’histoire de toutes les civilisations et dont les arts et les cultures portent témoignages.

Elle est dans l’étude critique des textes, permettant de les replacer dans leurs contextes, dans leurs esprits et non dans une surinterprétation d’un supposé sens littéral.

Elle est dans notre capacité à construire des mixités qui évitent les entre soi et les enfermements communautaristes.

Elle est dans la solidarité entre toutes celles et tous ceux qui veulent vivre debout, dans la paix et la liberté.

Les vaines polémiques, les attaques stériles, les reproches politiciens qui conduisent à des dérapages inacceptables sont indignes de l’attitude responsable que l’on est en droit d’attendre de femmes et d’hommes qui se prétendent être des dirigeants nationaux.

En alimentant la dissension et le ressentiment, ils ne servent qu’une seule cause :

celle portée par le front national,
celle qui se nourrit de ces crimes odieux :
la haine.

 

Denis ADAM, le 20 juillet 2016
 

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Le 18 novembre dernier, Emmanuel Rivière, directeur de l’unité stratégies d’opinion de TNS Sofrès, analysait pour l’Express les conséquences possibles des attentats du 13 novembre, à Paris et au Stade de France, sur les élections régionales qui se tenaient en décembre. A la question « l’effet attentats devrait profiter au Front national ? », il répondait « C’est probable. Il est clair que ces attentats confortent des thèmes classiques du FN: les liens supposés entre immigration et insécurité; « L »Europe-passoire »; une demande de sécurité accrue, quitte à limiter les libertés publiques... » Il précisait que certaines annonces du gouvernement sont « des mesures qui sont aussi prônées par le Front national… », ajoutant « dans ces conditions, Marine Le Pen a à peine besoin de faire campagne. Ses électeurs lui sont acquis… »

Quelques mois plus tard, la menace se faisant toujours pressante et les actions meurtrières se multipliant dans le monde, jusque dans l’horreur du massacre de Nice ce 14 juillet, le FN se fait fort d’annoncer –sans grande pudeur- une forte augmentation de son nombre d’adhérents.

Surfant sur les peurs, les réponses simplistes proposées par le parti d’extrême droite cherchent à apparaître d’autant plus comme de bonnes solutions que l’opposition se fait l’écho d’une surenchère électoraliste, oubliant la décence minimale due aux victimes et à leurs proches.

Il ne s’agit certes pas de faire d’angélisme, ni de nier les indispensables efforts qui doivent être conduits en matière de sécurité et donc de coordination, de coopération, de renforcement des forces de l’ordre et des services de renseignements.

Pour autant, le tout sécuritaire, ne peut être la réponse. Les 999 caméras de Nice -soit une pour 343 habitants- vantées par l’ex-maire de la ville aujourd’hui président de la région PACA, n’auront été d’aucune utilité, comme le rappelle tristement le HuffingtonPost, soulignant également que ce même « Christian Estrosi demandait [en janvier 2015] aux élus du Front national de cesser, au moins pour un temps, les polémiques politiciennes sur les questions de sécurité car l’opinion publique attendait avant tout des signes d’unité nationale. Il faut, affirmait-il « être capable de nous retrouver au-delà de nos divergences politiques ». « Un vœu non-suivi d’effet en juillet 2016, pointe le journal dénonçant, Christian Estrosi polémiquant en plein deuil national sur les mesures de sécurité prises par l’exécutif. »

Sans que cela ne serve aucunement d’alibi pour ne rien faire ou pour agir n’importe comment, le courage demande certainement d’accepter de dire que « le risque zéro n’existe pas », qu’il ne sera raisonnablement jamais possible de tout contrôler et que même un Etat totalitaire ne pourrait empêcher certaines formes de terrorisme.

Dire aussi que  l’action doit se situer tant sur le plan international que national.

Seule l’instauration de véritables démocraties laïques, seule l’offre à toutes et tous d’une réelle scolarité longue, d’une Education complète, critique et progressiste, seul un véritable exercice de la citoyenneté, un accès de chacune et chacun à la diversité des arts et des cultures, seule une réelle lutte contre la pauvreté, les exclusions, les discriminations, les ghettos…dans les pays dits en voie de développement, permettront de lutter contre les barbares qui instrumentalisent la misère à des fins de fanatisme.

Nationalement aussi, la responsabilité est plus complexe. Elle ne peut se limiter à des mesures aussi inefficaces qu’injustes comme les fermetures de frontières ou le renvoi des étrangers.

Elle est dans la défense d’un mode de vie.

Elle est dans la diffusion, l’explication, la célébration d’une manière d’être ensemble, de sortir, de faire la fête.

Elle est dans l’inscription de cet art de vivre au cœur de l’histoire de toutes les civilisations et dont les arts et les cultures portent témoignages.

Elle est dans l’étude critique des textes, permettant de les replacer dans leurs contextes, dans leurs esprits et non dans une surinterprétation d’un supposé sens littéral.

Elle est dans notre capacité à construire des mixités qui évitent les entre soi et les enfermements communautaristes.

Elle est dans la solidarité entre toutes celles et tous ceux qui veulent vivre debout, dans la paix et la liberté.

Les vaines polémiques, les attaques stériles, les reproches politiciens qui conduisent à des dérapages inacceptables sont indignes de l’attitude responsable que l’on est en droit d’attendre de femmes et d’hommes qui se prétendent être des dirigeants nationaux.

En alimentant la dissension et le ressentiment, ils ne servent qu’une seule cause :

celle portée par le front national,
celle qui se nourrit de ces crimes odieux :
la haine.

 

Denis ADAM, le 20 juillet 2016