C’est au programme

À juste titre, mais dans une confusion volontairement entretenue par les conservateurs de toute obédience, la réforme du collège et les nouveaux programmes du socle commun se télescopent. Faisant partie d’une même approche éducative, il est logique –et même indispensable- qu’ils soient envisagés ensemble.

À juste titre, mais dans une confusion volontairement entretenue par les conservateurs de toute obédience, la réforme du collège et les nouveaux programmes du socle commun se télescopent. Faisant partie d’une même approche éducative, il est logique –et même indispensable- qu’ils soient envisagés ensemble.
Encore faut-il les appréhender dans leur intégralité. Car, comme pour toute modification en profondeur, il y a de l’incohérence –voire de la malhonnêteté et du mépris- à vouloir critiquer le nouveau système en lui appliquant les références d’analyse de l’ancien.

Ainsi, n’est-il pas aberrant de raisonner annuellement alors que c’est par cycles de trois années scolaires consécutives qu’il convient dorénavant d’envisager les acquisitions ?

De même, comment se plaindre d’une diminution des horaires alors que ceux-ci sont stabilisés (voire augmentés en langue vivante) ? Certes, il faut y inclure les enseignements interdisciplinaires. Mais n’y aurait-il aucun apprentissage –y compris disciplinaire- dans une approche plurielle ?

Quel scandale y a-t-il à indiquer des points de repère et de la souplesse dans les programmes et à ne pas être dans une forme d’imposition rigide ?
En fait, il est à se demander si tous ces reproches -souvent aussi violents qu’infondés- ne procédent pas d’un manque de confiance dans les capacités professionnelles des enseignants et des équipes pédagogiques.
Car, oui, ce qui est au programme, c’est un changement pédagogique profond que l’école et surtout le collège doivent opérer.

Et, oui, cette mutation peut inquiéter. Ce n’est ni honteux, ni illégitime.

Est-ce pour autant le rôle d’organisations politiques et syndicales d’attiser les peurs et de prôner –de fait- le statut quo, voire le recul ? N’est-ce pas là une forme de mépris pour des collègues qui veulent bien faire, mieux faire, mais craignent de ne pas toujours bien y réussir ?

Une fois les programmes stabilisés –à l’issue de la période de consultation- chaque équipe, chaque professeur, auront à construire par cycles de nouvelles progressions dans la logique du socle commun et de l’acquisition des compétences définies. Dans cette démarche également, les éléments qui structureront les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) pourront être identifiés : un véritable travail d’ingénierie pédagogique, une véritable démarche d’expert éducatif.

N’est-ce pas là une belle reconnaissance et valorisation des compétences des équipes et des professeurs ?

Bien entendu, une telle perspective nécessitera une démarche progressive, accompagnée et aidée. La formation sera indispensable.

C’est prévu. Mais il faudra demeurer très attentif à ce que les apports soient à la hauteur des enjeux.

Car, ce qui est au programme c’est le passage d’une École qui expose les élèves au savoir, à une École qui construit des êtres apprenants, c’est le passage d’enseignants diffuseurs de connaissances à des enseignants constructeurs en équipe d’un rapport au monde et aux savoirs.

Un programme ambitieux et exaltant –même s’il peut légitimement nécessiter aide et (r)assurance- pour tous ceux qui se reconnaissent comme des professionnels de l’Éducation.

Denis ADAM, le 29 avril 2015

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À juste titre, mais dans une confusion volontairement entretenue par les conservateurs de toute obédience, la réforme du collège et les nouveaux programmes du socle commun se télescopent. Faisant partie d’une même approche éducative, il est logique –et même indispensable- qu’ils soient envisagés ensemble.
Encore faut-il les appréhender dans leur intégralité. Car, comme pour toute modification en profondeur, il y a de l’incohérence –voire de la malhonnêteté et du mépris- à vouloir critiquer le nouveau système en lui appliquant les références d’analyse de l’ancien.

Ainsi, n’est-il pas aberrant de raisonner annuellement alors que c’est par cycles de trois années scolaires consécutives qu’il convient dorénavant d’envisager les acquisitions ?

De même, comment se plaindre d’une diminution des horaires alors que ceux-ci sont stabilisés (voire augmentés en langue vivante) ? Certes, il faut y inclure les enseignements interdisciplinaires. Mais n’y aurait-il aucun apprentissage –y compris disciplinaire- dans une approche plurielle ?

Quel scandale y a-t-il à indiquer des points de repère et de la souplesse dans les programmes et à ne pas être dans une forme d’imposition rigide ?
En fait, il est à se demander si tous ces reproches -souvent aussi violents qu’infondés- ne procédent pas d’un manque de confiance dans les capacités professionnelles des enseignants et des équipes pédagogiques.
Car, oui, ce qui est au programme, c’est un changement pédagogique profond que l’école et surtout le collège doivent opérer.

Et, oui, cette mutation peut inquiéter. Ce n’est ni honteux, ni illégitime.

Est-ce pour autant le rôle d’organisations politiques et syndicales d’attiser les peurs et de prôner –de fait- le statut quo, voire le recul ? N’est-ce pas là une forme de mépris pour des collègues qui veulent bien faire, mieux faire, mais craignent de ne pas toujours bien y réussir ?

Une fois les programmes stabilisés –à l’issue de la période de consultation- chaque équipe, chaque professeur, auront à construire par cycles de nouvelles progressions dans la logique du socle commun et de l’acquisition des compétences définies. Dans cette démarche également, les éléments qui structureront les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) pourront être identifiés : un véritable travail d’ingénierie pédagogique, une véritable démarche d’expert éducatif.

N’est-ce pas là une belle reconnaissance et valorisation des compétences des équipes et des professeurs ?

Bien entendu, une telle perspective nécessitera une démarche progressive, accompagnée et aidée. La formation sera indispensable.

C’est prévu. Mais il faudra demeurer très attentif à ce que les apports soient à la hauteur des enjeux.

Car, ce qui est au programme c’est le passage d’une École qui expose les élèves au savoir, à une École qui construit des êtres apprenants, c’est le passage d’enseignants diffuseurs de connaissances à des enseignants constructeurs en équipe d’un rapport au monde et aux savoirs.

Un programme ambitieux et exaltant –même s’il peut légitimement nécessiter aide et (r)assurance- pour tous ceux qui se reconnaissent comme des professionnels de l’Éducation.

Denis ADAM, le 29 avril 2015