Bacheliers pro et techno dans le sup : vers des quotas contraignants ?

Malgré un volontarisme affiché depuis 2013 (loi Fioraso) pour inciter les sections de techniciens supérieurs (STS) et les instituts universitaires de technologie (IUT) à accueillir plus d'étudiants issus de lycée professionnels ou technologiques, il y a toujours trop de bacheliers pro et de bacheliers techno qui s'incrivent par défaut à l'université, en première année de licence (L1). La ministre de l’Éducation nationale a donc annoncé le 1er février 2016 qu’elle demandera aux recteurs de fixer «par arrêté» des quotas minimaux de bacheliers pro, STS par STS et de bacheliers technos, IUT par IUT.

Malgré un volontarisme affiché depuis 2013 (loi Fioraso) pour inciter les sections de techniciens supérieurs (STS) et les instituts universitaires de technologie (IUT) à accueillir plus d’étudiants issus de lycée professionnels ou technologiques, il y a toujours trop de bacheliers pro et de bacheliers techno qui s’incrivent par défaut à l’université, en première année de licence (L1). La ministre de l’Éducation nationale a donc annoncé le 1er février 2016 qu’elle demandera aux recteurs de fixer «par arrêté» des quotas minimaux de bacheliers pro, STS par STS et de bacheliers technos, IUT par IUT.


En 2013, première année de mise en place des quotas (non contraignants), les résultats ont été encourageants. Malheureusement, l’évolution ne s’est pas confirmée en 2014 et il est resté, par exemple, cette année là, 6000 bacheliers pro qui ont du s’inscrire en première année de licence à l’université alors même que leur premier vœu était une STS. L’échec a été massif. De même en IUT, la pression du nombre de demandes de bacheliers généraux implique encore une limitation du nombre de bacheliers techno.


Le ministère a donc réagi en demandant aux recteurs de formaliser par un acte administratif les objectifs des uns et des autres. Il s’agit de pousser les bacheliers généraux à s’inscrire à l’université où leurs taux de réussite sont bien meilleurs que ceux des bacheliers pro ou techno. Il n’est cependant pas prévu que ces formalisations créent un droit opposable. Autrement dit, un étudiant non retenu dans une formation demandée ne pourra faire valoir ces quotas pour obtenir satisfaction.


Du coté des directeurs des IUT, la mesure est jugée sévèrement. Les arguments donnés semblent curieux puisqu’on y craint «une démotivation des équipes pédagogiques» et «un effondrement des taux de réussite au DUT»… Comme si il ne pouvait pas être motivant de faire réussir des élèves ayant des profils différents.


Le bac professionnel doit rester un diplôme d’insertion professionnelle. Il n’empêche que des bacheliers pros peuvent aussi avoir l’ambition de poursuivre des études post bac et, dans ce cas, leur place est prioritairement en STS puisque c’est dans ces formations que leur réussite est la meilleure. Les bacheliers technos ont, eux, vocation à poursuivre dans le post bac. Leur place est en bien entendu en STS mais aussi en IUT plutôt qu’en L1 à l’université. Cela nécessite peut-être une adaptation des enseignements proposés et des moyens correspondants pour les IUT. Il n’empêche qu’il n’y a pas vraiment de raisons pour que leurs candidatures soient barrées par des dossiers de bacheliers généraux. Et ce d’autant plus que les dernières réformes des voies technologiques ont été conçues pour que ces élèves s’adaptent mieux à l’enseignement supérieur.


Pour l’UNSA Éducation, il est indispensable que l’institution fasse tout ce qui est possible pour éviter l’échec massif des bacheliers pro et techno en première année de licence à l’université. Si elle doit en passer par des quotas contraignants, pourquoi pas !

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Malgré un volontarisme affiché depuis 2013 (loi Fioraso) pour inciter les sections de techniciens supérieurs (STS) et les instituts universitaires de technologie (IUT) à accueillir plus d’étudiants issus de lycée professionnels ou technologiques, il y a toujours trop de bacheliers pro et de bacheliers techno qui s’incrivent par défaut à l’université, en première année de licence (L1). La ministre de l’Éducation nationale a donc annoncé le 1er février 2016 qu’elle demandera aux recteurs de fixer «par arrêté» des quotas minimaux de bacheliers pro, STS par STS et de bacheliers technos, IUT par IUT.


En 2013, première année de mise en place des quotas (non contraignants), les résultats ont été encourageants. Malheureusement, l’évolution ne s’est pas confirmée en 2014 et il est resté, par exemple, cette année là, 6000 bacheliers pro qui ont du s’inscrire en première année de licence à l’université alors même que leur premier vœu était une STS. L’échec a été massif. De même en IUT, la pression du nombre de demandes de bacheliers généraux implique encore une limitation du nombre de bacheliers techno.


Le ministère a donc réagi en demandant aux recteurs de formaliser par un acte administratif les objectifs des uns et des autres. Il s’agit de pousser les bacheliers généraux à s’inscrire à l’université où leurs taux de réussite sont bien meilleurs que ceux des bacheliers pro ou techno. Il n’est cependant pas prévu que ces formalisations créent un droit opposable. Autrement dit, un étudiant non retenu dans une formation demandée ne pourra faire valoir ces quotas pour obtenir satisfaction.


Du coté des directeurs des IUT, la mesure est jugée sévèrement. Les arguments donnés semblent curieux puisqu’on y craint «une démotivation des équipes pédagogiques» et «un effondrement des taux de réussite au DUT»… Comme si il ne pouvait pas être motivant de faire réussir des élèves ayant des profils différents.


Le bac professionnel doit rester un diplôme d’insertion professionnelle. Il n’empêche que des bacheliers pros peuvent aussi avoir l’ambition de poursuivre des études post bac et, dans ce cas, leur place est prioritairement en STS puisque c’est dans ces formations que leur réussite est la meilleure. Les bacheliers technos ont, eux, vocation à poursuivre dans le post bac. Leur place est en bien entendu en STS mais aussi en IUT plutôt qu’en L1 à l’université. Cela nécessite peut-être une adaptation des enseignements proposés et des moyens correspondants pour les IUT. Il n’empêche qu’il n’y a pas vraiment de raisons pour que leurs candidatures soient barrées par des dossiers de bacheliers généraux. Et ce d’autant plus que les dernières réformes des voies technologiques ont été conçues pour que ces élèves s’adaptent mieux à l’enseignement supérieur.


Pour l’UNSA Éducation, il est indispensable que l’institution fasse tout ce qui est possible pour éviter l’échec massif des bacheliers pro et techno en première année de licence à l’université. Si elle doit en passer par des quotas contraignants, pourquoi pas !