Analyses et décryptages

Augmentation alarmante des incidents graves dans les écoles et établissements scolaires. Analyse de l’UNSA Éducation.

La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) vient de sortir une note qui a de quoi inquiéter. Le nombre d’incidents graves déclarés dans les écoles, collèges et lycées est en augmentation. Dégradations réelles des conditions de travail et d’apprentissage, la réponse ne peut cependant pas être que répressive. Une approche éducative et une réduction de la pauvreté restent essentielles pour résorber ce fléau qu’est la violence.

Un incident grave, qu’est-ce que c’est ?

Principalement des atteintes aux personnes : dans l’écrasante majorité des cas ce sont des violences verbales, violences physiques et dans une moindre mesure des atteintes à la vie privée. Viennent ensuite et dans des proportions bien moindres les atteintes aux biens et les atteintes à la sécurité.

Où ont-ils lieu ? Comment évoluent ils ?

Les incidents graves déclarés explosent dans les écoles. Ainsi le taux moyen d’incidents graves pour 1000 élèves passe de 3 à 4,6 en un an, soit une augmentation de plus de 50% si on compare les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023.

Il y a également une augmentation, mais moindre, dans les établissements du secondaire. Il faut dire que les taux étaient déjà élevés dans cette catégorie. Ils passent de 12,3 à 13,7 soit une augmentation de 11% en un an.

Les lycées professionnels sont en tête de ce palmarès bien peu glorieux. Le taux d’incidents graves est d’environ 20 pour 1000 élèves dans ces établissements et reste stable.

L’incidence de ces faits reste fortement corrélée au milieu social et concentrée sur une minorité d’établissements. Près de 80% des écoles et un tiers des établissements du secondaire ne déclarent aucun incident grave. A l’inverse, 11% des écoles déclarent au moins 2 incidents graves et un quart des établissements du secondaire en déclarent plus de 10. La DEPP souligne également que, dans le secondaire, les taux d’incidence sont beaucoup plus élevés dans les établissements concentrant des élèves issus de milieux défavorisés.

Qui sont les auteurs et les victimes de ces incidents graves ?

Dans les écoles, près de 60% des victimes sont des personnels et les violences sont commises à 61% par les élèves et 30% par les familles.

Dans les collèges et lycées, élèves et personnels sont les victimes dans des proportions sensiblement égales (environ 40%) mais les auteurs sont quasi exclusivement des élèves (93%).

L’analyse de l’UNSA Éducation

Commençons par affirmer que  chaque violence est un excès relationnel et a, avant tout, un caractère individuel. Un incident grave peut donc apparaître dans un contexte scolaire apparemment apaisé et propice au travail.

Une dégradation toujours plus forte des conditions de travail des personnels

La qualification et la formation des enseignants ne les préparent guère à répondre aux problèmes déclenchés par les incidents scolaires. L’importance accordée à  l’évaluation peut amener l’élève au sentiment de son propre échec. Le comportement de plus en plus consumériste des familles est également à noter. Dans tous les cas, les personnels sont désignés responsables du destin scolaire des jeunes. Ces questions usent les équipes dont les conditions de travail se dégradent, faute de solutions institutionnelles et de régulations collectives adaptées à l’intérieur des établissements. Les cas de burn-out se multiplient, les demandes de rupture conventionnelle et les démissions également. Ce sont des signes qui ne trompent pas.

Un climat scolaire peu propice aux apprentissages

Les violences en milieu scolaire perturbent l’environnement d’apprentissage en créant un climat d’insécurité et de stress, détournant l’attention des élèves des études. Cela entrave leur concentration, leur bien-être émotionnel et leur capacité à assimiler les connaissances. En ce sens, prévenir les violences de toutes natures et, d’une manière plus générale, apaiser le climat scolaire sont des éléments essentiels au développement des jeunes et à leur réussite. 

Ne pas minimiser, ne pas stigmatiser

Les incidents graves sont pris au sérieux par les équipes localement et les réponses se font suivant des modalités diverses (conseils de disciplines, exclusion, dialogue, dépôt de plaintes, …). Ceci est d’ailleurs confirmé par la note de la DEPP. Mais les équipes enseignantes, comme les équipes de direction regrettent dans leur grande majorité que l’approche purement répressive soit préférée à une réflexion d’ordre éducatif et pédagogique associant les familles. La médiation, la présence d’adultes qualifiés, sont à prioriser même s’il semble difficile d’occulter le traitement technique de ces violences. 

Au-delà du traitement par l’institution de ces violences, il convient ici de rappeler que la sociologie de la violence est avant tout une sociologie de l’exclusion sociale. Ce serait une erreur d’omettre la grande pauvreté et la précarité de certaines familles comme des facteurs importants générant ces violences. C’est donc bien aussi et d’abord en luttant contre la pauvreté et en résorbant les inégalités sociales que les violences seront moins nombreuses.

Pour l’UNSA Éducation, la problématique des incidents graves reste complexe à traiter, les causes sont multiples. Seule une mobilisation de tous sur le terrain précédée d’une réelle volonté politique permettront de limiter les entraves qui peuvent perturber durablement les conditions de travail et les relations pédagogiques. Il convient néanmoins d’éviter toute stigmatisation, réponse simpliste à de réelles souffrances.

Pour aller plus loin :

La note complète de la DEPP sur le sujet

Comportement des élèves : nos partenaires étrangers s’alarment

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