Au piège de la participation

Parmi les slogans de mai 68, on pouvait lire « Participation, piège à cons ». Aujourd’hui, force est de constater qu’au fur et à mesure que la démocratie représentative s’épuise, le recours à la participation citoyenne semble apparaître comme source d’un renouvellement démocratique de la vie politique, tout particulièrement au niveau local. Elle prend, par exemple, une place déterminante dans la nouvelle politique de la Ville. Pour autant elle interroge et peut laisser sceptique.

Certainement initiée avec les meilleures intentions du monde (ou presque), les dispositifs de participation des habitants ont pour beaucoup montré leurs limites. Ainsi le site belge http://www.ieb.be/Participation-piege-a-con, constate que « aujourd’hui promue par les pouvoirs publics ou ses émissaires, la participation semble connaître une vigueur exponentielle à mesure que l’implication des citoyens dans les organes liés à la démocratie représentative s’amenuise. Dans les faits, elle se traduit généralement par une consultation, voire une information, de quelques citoyens présents lors d’évènements visant à permettre la prétendue expression et intégration des « con-citoyens » aux décisions « communes ».

Ainsi la participation semble prendre les politiques au piège.

Soit, il ne s’agit que d’un affichage, censé redynamiser le débat public, mais dans lequel seuls quelques citoyens « éclairés » sont autorisés à participer. Dans ce cas, la déception risque d’être à la hauteur de l’importance des discours et l’échec de ce piège à com’ ne fera que renforcer la méfiance voire la défiance face aux politiques.

Soit, nous sommes face à une véritable révolution de nos modes de débats, de délibérations, de décisions et alors, il est impératif de se donner les moyens de la réussir. Dans cette objectif, il faut alors inventer et développer des démarches, des procédures, des dispositifs innovants qui permettent de libérer la parole et rendent possible la participation de tous.

Nul doute que, dans cette ambition, l’éducation a un rôle à jouer. La participation, en effet, ne se décrète pas. Elle se découvre, s’expérimente, s’apprend… -et elle n’a pas grand-chose à voir avec le fait de lever son doigt afin d’être autorisé à répondre à la question bien sentie du professeur.
Éducation formelle et non-formelle doivent être mobilisées dans ce qui correspond, de fait, à un changement d’attitude et de mentalité. Il s’agit de penser comment devenir acteurs. Et cela peut se développer en classe, en centre de loisir, en cours, en maison de quartier… avant de devenir une démarche effective dans sa commune.

Nos amis belges (encore eux) ont ainsi mis au point un jeu de rôle pour apprendre la participation citoyenne au niveau communal. Intitulé « Une place à prendre« , ce jeu s’adresse à tout groupe à partir de 15 ans et permet (à partir d’une situation simple : leur commune souhaite supprimer un espace de loisirs en plein air pour y construire un parking) de sensibiliser les jeunes au fonctionnement communal, à la participation des jeunes, à la connaissance des acteurs et des différents niveaux de la démocratie, au rôle les médias, à l’identité, aux rapports de force, à la gestion participative…

De nombreux autres supports et initiatives existent. Dans les classes coopératives, par les outils numériques, dans des centres de vacances ou de loisirs, dans des associations, dans des projets d’établissement.

Elles peuvent demeurer des gadgets si la verticalité demeure la règle des décisions politiques et si seuls les experts et les élus ont droit à la parole.
Elles peuvent, au contraire, être à l’origine d’une nouvelle forme de coopération citoyenne si le choix de l’horizontalité, de la décision partagée, de la responsabilité commune est fait.

Pris au piège de la participation, la démocratie est condamnée à réussir cette mutation. Il en va de son avenir.

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Parmi les slogans de mai 68, on pouvait lire « Participation, piège à cons ». Aujourd’hui, force est de constater qu’au fur et à mesure que la démocratie représentative s’épuise, le recours à la participation citoyenne semble apparaître comme source d’un renouvellement démocratique de la vie politique, tout particulièrement au niveau local. Elle prend, par exemple, une place déterminante dans la nouvelle politique de la Ville. Pour autant elle interroge et peut laisser sceptique.

Certainement initiée avec les meilleures intentions du monde (ou presque), les dispositifs de participation des habitants ont pour beaucoup montré leurs limites. Ainsi le site belge http://www.ieb.be/Participation-piege-a-con, constate que « aujourd’hui promue par les pouvoirs publics ou ses émissaires, la participation semble connaître une vigueur exponentielle à mesure que l’implication des citoyens dans les organes liés à la démocratie représentative s’amenuise. Dans les faits, elle se traduit généralement par une consultation, voire une information, de quelques citoyens présents lors d’évènements visant à permettre la prétendue expression et intégration des « con-citoyens » aux décisions « communes ».

Ainsi la participation semble prendre les politiques au piège.

Soit, il ne s’agit que d’un affichage, censé redynamiser le débat public, mais dans lequel seuls quelques citoyens « éclairés » sont autorisés à participer. Dans ce cas, la déception risque d’être à la hauteur de l’importance des discours et l’échec de ce piège à com’ ne fera que renforcer la méfiance voire la défiance face aux politiques.

Soit, nous sommes face à une véritable révolution de nos modes de débats, de délibérations, de décisions et alors, il est impératif de se donner les moyens de la réussir. Dans cette objectif, il faut alors inventer et développer des démarches, des procédures, des dispositifs innovants qui permettent de libérer la parole et rendent possible la participation de tous.

Nul doute que, dans cette ambition, l’éducation a un rôle à jouer. La participation, en effet, ne se décrète pas. Elle se découvre, s’expérimente, s’apprend… -et elle n’a pas grand-chose à voir avec le fait de lever son doigt afin d’être autorisé à répondre à la question bien sentie du professeur.
Éducation formelle et non-formelle doivent être mobilisées dans ce qui correspond, de fait, à un changement d’attitude et de mentalité. Il s’agit de penser comment devenir acteurs. Et cela peut se développer en classe, en centre de loisir, en cours, en maison de quartier… avant de devenir une démarche effective dans sa commune.

Nos amis belges (encore eux) ont ainsi mis au point un jeu de rôle pour apprendre la participation citoyenne au niveau communal. Intitulé « Une place à prendre« , ce jeu s’adresse à tout groupe à partir de 15 ans et permet (à partir d’une situation simple : leur commune souhaite supprimer un espace de loisirs en plein air pour y construire un parking) de sensibiliser les jeunes au fonctionnement communal, à la participation des jeunes, à la connaissance des acteurs et des différents niveaux de la démocratie, au rôle les médias, à l’identité, aux rapports de force, à la gestion participative…

De nombreux autres supports et initiatives existent. Dans les classes coopératives, par les outils numériques, dans des centres de vacances ou de loisirs, dans des associations, dans des projets d’établissement.

Elles peuvent demeurer des gadgets si la verticalité demeure la règle des décisions politiques et si seuls les experts et les élus ont droit à la parole.
Elles peuvent, au contraire, être à l’origine d’une nouvelle forme de coopération citoyenne si le choix de l’horizontalité, de la décision partagée, de la responsabilité commune est fait.

Pris au piège de la participation, la démocratie est condamnée à réussir cette mutation. Il en va de son avenir.