Après le confinement, organiser des vacances collectives

Après le confinement, organiser des vacances collectives

L’école s’est arrêtée. Pour certains enfants, la continuité pédagogique a été rude voire impossible. Les vacances d’été se rapprochent, et elles vont peut- être suivre la période de confinement avec un retour en pointillés en classe. Les enfants, les jeunes ont besoin de se retrouver, de sortir de leur cadre familial confiné, de reprendre le goût d’apprendre, d’échanger, de jouer, de vivre ensemble. Les colonies de vacances sont des lieux idéaux pour tout cela ! Mais malheureusement, elles ne sont pas accessibles à tous les enfants, à cause de leur coût parfois très élevé, ou tout simplement pas prioritaire dans un budget familial trop modeste. Pour autant, après cette période d’éloignement de l’école, des enfants, des jeunes vont être sérieusement décrochés de toute forme d’apprentissage. La période d’été pourrait alors devenir un espace pour renouer avec un projet éducatif collectif. De tels principes existaient déjà lors de l’invention des colonies de vacances à la fin du XIXe siècle, puis ont été généralisés depuis les années trente et l’embellie du Front populaire, avec l’aide des syndicats et associations de l’éducation.


Le ministre Jean Michel Blanquer a lancé l’idée de « colonie de vacances éducatives », puis de « vacances apprenantes ».
L’UNSA Education lui répond que toutes les colonies de vacances sont éducatives, et que l’éducation n’est pas que scolaire !

N’oublions pas que conformément au code de l’action sociale et des familles, chaque Accueil Collectif de Mineurs (ACM) doit fournir pour sa déclaration un projet éducatif et un projet pédagogique.
Cette annonce montre à quel point le ministre peut avoir une vision hégémonique de l’éducation nationale sur le champ éducatif… C’est nier toute l’expérience et les compétences des professionnels de l’éducation populaire qui œuvrent auprès des enfants et des jeunes en faveur du développement de leurs compétences psycho-sociales et cognitives.


Des colonies de vacances éducatives, certes mais pas des colonies scolaires de vacances ! Il s’agit d’éviter les dispositifs à deux vitesses, d’une part des vacances loisirs pour celles et ceux qui aidé.es à la maison et favorisé.es culturellement n’ont pas décroché scolairement et d’autre part des vacances studieuses pour les plus éloigné.es de la culture et des apprentissages scolaires…


Pour l’UNSA Education, organiser des vacances collectives d’après crise sanitaire, impose de les penser en complémentarité avec les savoir-faire de l’éducation populaire et de l’éducation scolaire. Les syndicats et les fédérations d’éducation populaire doivent être associés à la démarche.


La plupart des enfants et des jeunes qui sont en « décrochage numérique et pédagogique » en ces temps d’école à distance seront ceux dont les parents ne sont pas prêts à les envoyer en « colonie ». Dans la plupart des zones d’éducation prioritaire, il est très difficile pour les équipes éducatives de recevoir l’adhésion des parents sur un projet de classe transplantée, malgré le travail de fond, les échanges, les rencontres avec les parents qui connaissant bien l’enseignant. Il est donc important que ce projet soit travaillé en version avec et sans hébergement. Sur le territoire de vie des enfants, en investissant tous les espaces de loisirs, d’enseignement, sportif, équipements culturels (médiathèque…), et l’environnement naturel. Les directeurs d’ALSH doivent avoir les moyens de se mettre en lien avec les enseignants volontaires pour travailler ce projet. Le PEDT trouve ici toute son importance pour articuler les différents professionnels autour d’objectifs communs.


Pour l’UNSA Education :
– Le droit aux vacances pour les enfants, comme leur droit à l’école et à la santé, sont des droits inaliénables
comme affirmé dans la convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU-UNICEF
– Un plan de relance des colonies de vacances est nécessaire. Pour des séjours accessibles, nombreux, diversifiés, aidés financièrement par l’Etat, gratuits pour les plus démunis.
– Une colonie de vacances n’est pas une classe transplantée. Ce sont donc bien les éléments du projet éducatif du séjour qui peuvent servir des apprentissages plus formels : environnement, jeux, éléments culturels, citoyenneté, activités scientifiques, activités numériques ….
– Il pourrait être imaginé une coopération entre les acteurs volontaires de l’éducation nationale et de l’animation, chacun expert en son domaine, et organisant les différents temps en complémentarité. Une pédagogie active est de mise, ce sont bien les compétences assurées de l’éducation populaire qui guident les processus éducatifs sur le temps des vacances, dans le respect d’une équité rémunératrice entre animateur et enseignant, et sous la direction du directeur d’ACM, garant du projet pédagogique.


Par ailleurs, les associations et mouvements d’éducation populaire nous  alertent sur la pénurie prévisible d’animateurs (BAFA) et directeurs (BAFD) pour l’été 2020, la crise sanitaire ayant empêché l’organisation des formations. Il en est de même pour les certifications pour les animateurs professionnels en cours de formation. Afin de favoriser les échanges entre l’approche éducation nationale et éducation populaire, les étudiants engagés dans les filières des métiers de l’enseignement et de la formation (Master MEEF) peuvent être sollicités via les lieux de formation que sont les Inspé. Ils compléteraient les équipes d’animateurs pour ces dites « colonies » ou autres dispositifs à venir de « vacances apprenantes ».


Vivre une expérience professionnelle auprès d’enfants et de jeunes pendant le temps des vacances est très utile pour la connaissance de ce public. C’est un élément qui participe à la construction de la motivation pour les métiers de l’éducation une valeur ajoutée d’expérience à valoriser lors des oraux de concours et un premier pas vers une culture commune. A ce vivier de personnes ressources, peuvent s’ajouter tout enseignant expérimenté et volontaire, souhaitant s’engager dans cette forme de continuité éducative.


Le ministre ne cesse d’affirmer vouloir faciliter l’articulation des temps scolaires et non scolaires. Profitons de cette situation si exceptionnelle pour mettre en relation les différents acteurs et favoriser l’émergence d’une culture éducative commune autour des mineurs.


UNSA Education, le 22 avril 2020

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Après le confinement, organiser des vacances collectives

L’école s’est arrêtée. Pour certains enfants, la continuité pédagogique a été rude voire impossible. Les vacances d’été se rapprochent, et elles vont peut- être suivre la période de confinement avec un retour en pointillés en classe. Les enfants, les jeunes ont besoin de se retrouver, de sortir de leur cadre familial confiné, de reprendre le goût d’apprendre, d’échanger, de jouer, de vivre ensemble. Les colonies de vacances sont des lieux idéaux pour tout cela ! Mais malheureusement, elles ne sont pas accessibles à tous les enfants, à cause de leur coût parfois très élevé, ou tout simplement pas prioritaire dans un budget familial trop modeste. Pour autant, après cette période d’éloignement de l’école, des enfants, des jeunes vont être sérieusement décrochés de toute forme d’apprentissage. La période d’été pourrait alors devenir un espace pour renouer avec un projet éducatif collectif. De tels principes existaient déjà lors de l’invention des colonies de vacances à la fin du XIXe siècle, puis ont été généralisés depuis les années trente et l’embellie du Front populaire, avec l’aide des syndicats et associations de l’éducation.


Le ministre Jean Michel Blanquer a lancé l’idée de « colonie de vacances éducatives », puis de « vacances apprenantes ».
L’UNSA Education lui répond que toutes les colonies de vacances sont éducatives, et que l’éducation n’est pas que scolaire !

N’oublions pas que conformément au code de l’action sociale et des familles, chaque Accueil Collectif de Mineurs (ACM) doit fournir pour sa déclaration un projet éducatif et un projet pédagogique.
Cette annonce montre à quel point le ministre peut avoir une vision hégémonique de l’éducation nationale sur le champ éducatif… C’est nier toute l’expérience et les compétences des professionnels de l’éducation populaire qui œuvrent auprès des enfants et des jeunes en faveur du développement de leurs compétences psycho-sociales et cognitives.


Des colonies de vacances éducatives, certes mais pas des colonies scolaires de vacances ! Il s’agit d’éviter les dispositifs à deux vitesses, d’une part des vacances loisirs pour celles et ceux qui aidé.es à la maison et favorisé.es culturellement n’ont pas décroché scolairement et d’autre part des vacances studieuses pour les plus éloigné.es de la culture et des apprentissages scolaires…


Pour l’UNSA Education, organiser des vacances collectives d’après crise sanitaire, impose de les penser en complémentarité avec les savoir-faire de l’éducation populaire et de l’éducation scolaire. Les syndicats et les fédérations d’éducation populaire doivent être associés à la démarche.


La plupart des enfants et des jeunes qui sont en « décrochage numérique et pédagogique » en ces temps d’école à distance seront ceux dont les parents ne sont pas prêts à les envoyer en « colonie ». Dans la plupart des zones d’éducation prioritaire, il est très difficile pour les équipes éducatives de recevoir l’adhésion des parents sur un projet de classe transplantée, malgré le travail de fond, les échanges, les rencontres avec les parents qui connaissant bien l’enseignant. Il est donc important que ce projet soit travaillé en version avec et sans hébergement. Sur le territoire de vie des enfants, en investissant tous les espaces de loisirs, d’enseignement, sportif, équipements culturels (médiathèque…), et l’environnement naturel. Les directeurs d’ALSH doivent avoir les moyens de se mettre en lien avec les enseignants volontaires pour travailler ce projet. Le PEDT trouve ici toute son importance pour articuler les différents professionnels autour d’objectifs communs.


Pour l’UNSA Education :
– Le droit aux vacances pour les enfants, comme leur droit à l’école et à la santé, sont des droits inaliénables
comme affirmé dans la convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU-UNICEF
– Un plan de relance des colonies de vacances est nécessaire. Pour des séjours accessibles, nombreux, diversifiés, aidés financièrement par l’Etat, gratuits pour les plus démunis.
– Une colonie de vacances n’est pas une classe transplantée. Ce sont donc bien les éléments du projet éducatif du séjour qui peuvent servir des apprentissages plus formels : environnement, jeux, éléments culturels, citoyenneté, activités scientifiques, activités numériques ….
– Il pourrait être imaginé une coopération entre les acteurs volontaires de l’éducation nationale et de l’animation, chacun expert en son domaine, et organisant les différents temps en complémentarité. Une pédagogie active est de mise, ce sont bien les compétences assurées de l’éducation populaire qui guident les processus éducatifs sur le temps des vacances, dans le respect d’une équité rémunératrice entre animateur et enseignant, et sous la direction du directeur d’ACM, garant du projet pédagogique.


Par ailleurs, les associations et mouvements d’éducation populaire nous  alertent sur la pénurie prévisible d’animateurs (BAFA) et directeurs (BAFD) pour l’été 2020, la crise sanitaire ayant empêché l’organisation des formations. Il en est de même pour les certifications pour les animateurs professionnels en cours de formation. Afin de favoriser les échanges entre l’approche éducation nationale et éducation populaire, les étudiants engagés dans les filières des métiers de l’enseignement et de la formation (Master MEEF) peuvent être sollicités via les lieux de formation que sont les Inspé. Ils compléteraient les équipes d’animateurs pour ces dites « colonies » ou autres dispositifs à venir de « vacances apprenantes ».


Vivre une expérience professionnelle auprès d’enfants et de jeunes pendant le temps des vacances est très utile pour la connaissance de ce public. C’est un élément qui participe à la construction de la motivation pour les métiers de l’éducation une valeur ajoutée d’expérience à valoriser lors des oraux de concours et un premier pas vers une culture commune. A ce vivier de personnes ressources, peuvent s’ajouter tout enseignant expérimenté et volontaire, souhaitant s’engager dans cette forme de continuité éducative.


Le ministre ne cesse d’affirmer vouloir faciliter l’articulation des temps scolaires et non scolaires. Profitons de cette situation si exceptionnelle pour mettre en relation les différents acteurs et favoriser l’émergence d’une culture éducative commune autour des mineurs.


UNSA Education, le 22 avril 2020