Apprendre sans peur, un enjeu majeur pour l’éducation des filles !

À l’occasion de la 3è Journée Internationale des Filles (célébrée le 11 octobre), le MAE et Plan France international ont organisé une conférence-débat pour faire le tour de la question des VGMS « Violence de Genre en Milieu Scolaire » et pour faire en sorte que les enfants n’aient plus peur d’aller à l’école.

Quelles politiques et actions concrètes de terrain ont été menées sont les questions qui ont été posées aux invités de la table ronde. L’UNSA Éducation participait à cette conférence. Ci-après, les faits saillants et les twittos diffusés sur place.


Depuis de nombreuses années, la France porte cette thématique de la violence à l’école car elle est l’un des principaux freins à l’éducation des filles mais également de certains garçons. Le problème est qu’elle reste « invisible ».

Pour la combattre, la France a mis en place -au sein de 4 pays d’Afrique (1)– avec « Plan  France », des programmes d’actions contre la VGMS et a adopté une résolution qui sortira en avril 2015. L’objectif sera de poser les bases d’une définition commune sur ce qu’est « la violence de genre ».

N’attendons pas 2072 pour que toutes les filles sachent lire nous dit Irina Bokova ! (UNESCO) – Le ton est donné, interventions et témoignages se succèdent pour faire le tour de la question de l’accès au savoir pour les filles et pour présenter le travail de terrain qui devrait permettre de sortir de cette « peur d’apprendre ».
3 freins à l’accès à l’éducation pour les filles sont énoncés : les violences de genre en milieu scolaire (VGMS) et sur les chemins de l’école, les mariages forcés et l obstacles économiques.

Les VGMS sont difficiles à estimer car elles représentent des tabous et la loi du silence pèse sur elles. Pour rompre avec cette violence de genre et leurs conséquences (sortie de l’école, enlèvements et mariages forcés), les intervenantes (ministre de l’éducation des pays présents) préconisent de les répertorier. Peu de rapports chiffrés existent du fait de cette Omerta ; c’est un travail long et difficile.

Les ministres de l’éducation nationales présentes se relayent et témoignent des politiques qui ont été ou doivent être mises en place
Mettre la priorité sur l’éducation des filles, à l’instar du Burkina Faso qui en a fait une « Super priorité nationale », en attribuant le même budget à l’éducation nationale qu’aux autres ministères –
Réviser les programmes et les ouvrages, informer et former les enseignants, renforcer les capacités des syndicats d’enseignants tant au plan global que régional – Faciliter les formalités de reconnaissance des enfants car pour passer un diplôme, il faut un acte de naissance. Les démarches sont faites par les mères, souvent analphabètes qui ne comprennent pas l’importance d’un tel papier et qui leur demandera de faire des heures de route.
En Côte d’Ivoire, intensifier les politiques de « protection de l’enfance » qui doivent dépasser les questions de nutrition et de santé de l’enfant – Eviter de rompre le cycle d’apprentissage des enfants en supprimant l’examen de passage en 6ème qui a pour effet de renvoyer aux champs ou à la maison 50 % des élèves.
Traduire, dans les pays signataires, les textes internationaux pour que les droits de chacun soient connus et compréhensibles ; le tout sans laisser l’impunité se répandre. 

Cela étant, pour que ces politiques et actions globales soient acceptées et deviennent efficientes, il est impératif d’impliquer dans ce combat la totalité des acteursLes enseignants et leurs syndicats, les parents, les enfants et élèves eux-mêmes mais également les chefs religieux qui ont un poids très fort au sein des différentes sociétés présentes à cette conférence doivent être inclus dans ce processus de protection des droits des filles et des enfants. En effet, le poids des traditions est si fort que  même s’il existe des politiques qui favorisent « le retour des filles à l’école » après un enlèvement et un mariage forcé, les jeunes filles ont « honte » dès lors qu’elles reviennent dans leur classe.

Au plan local, l’action de terrain doit s’installer au plus près des acteurs dans les plus petits villages – Chacun et chacune doit apprendre à connaître ses droits. L’enjeu est de libérer et de recevoir la parole, faciliter la compréhension, accompagner les parents et les enfants mais également les enseignants et convaincre les chefs religieux que toute la communauté a un intérêt dans ce changement.
De nombreuses actions ont vues le jour et ont déjà porté des résultats. Notamment, des femmes mentor ont été repérées parmis des personnes reconnues par leur communauté. Elles sont alors tutrices et prennent en charge les jeunes filles à l’école. Ces personnes référentes recueillent les témoignages des petites filles des des jeunes filles et interviennent pour permettre à cette violence de genre d’être stoppée.

Enfin, une jeune togolaise de 16 ans engagée depuis l’âge de 9 ans témoigne de la façon dont elle et ses camarades utilisent les outils mis à leur disposition pour contrer et stopper la progression de la VGMS. Elle cite tour à tour l’intérêt de participer à un Club d’éveil et d’écoute, de participer à des «jeux de rôles» où les élèves s’entraînent à exprimer leurs peurs plutôt que de les taire, d’intégrer les actions de la caravane d’information ou encore d’écrire leurs témoignages qui serviront à l’information de tous.
 

La prévention de la violence de genre en milieu scolaire est une lutte à très long terme. Pour faire progresser ce cercle vertueux, il faut certes revoir les livres car ils montrent toujours «les femmes en soignantes mais jamais en docteur», sensibiliser aux stéréotypes de genre dont sont victimes les filles mais également certains garçons.

Au-delà, de ce très long chemin, il appartient à tous et à chacun de l’emprunter car  lorsqu’une petite fille va à l’école jusqu’à l’âge de 12 ans, c’est son autonomie et sa liberté qu’elle gagne. Alors n’attendons pas 2072 pour que ce nécessaire droit devienne une réalité universelle. Tant qu’il n’y aura pas d’égalité dans les écoles, il n’y aura pas d’égalité Femmes-Hommes – Voir le storify ici

(1) Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Togo

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À l’occasion de la 3è Journée Internationale des Filles (célébrée le 11 octobre), le MAE et Plan France international ont organisé une conférence-débat pour faire le tour de la question des VGMS « Violence de Genre en Milieu Scolaire » et pour faire en sorte que les enfants n’aient plus peur d’aller à l’école.

Quelles politiques et actions concrètes de terrain ont été menées sont les questions qui ont été posées aux invités de la table ronde. L’UNSA Éducation participait à cette conférence. Ci-après, les faits saillants et les twittos diffusés sur place.


Depuis de nombreuses années, la France porte cette thématique de la violence à l’école car elle est l’un des principaux freins à l’éducation des filles mais également de certains garçons. Le problème est qu’elle reste « invisible ».

Pour la combattre, la France a mis en place -au sein de 4 pays d’Afrique (1)– avec « Plan  France », des programmes d’actions contre la VGMS et a adopté une résolution qui sortira en avril 2015. L’objectif sera de poser les bases d’une définition commune sur ce qu’est « la violence de genre ».

N’attendons pas 2072 pour que toutes les filles sachent lire nous dit Irina Bokova ! (UNESCO) – Le ton est donné, interventions et témoignages se succèdent pour faire le tour de la question de l’accès au savoir pour les filles et pour présenter le travail de terrain qui devrait permettre de sortir de cette « peur d’apprendre ».
3 freins à l’accès à l’éducation pour les filles sont énoncés : les violences de genre en milieu scolaire (VGMS) et sur les chemins de l’école, les mariages forcés et l obstacles économiques.

Les VGMS sont difficiles à estimer car elles représentent des tabous et la loi du silence pèse sur elles. Pour rompre avec cette violence de genre et leurs conséquences (sortie de l’école, enlèvements et mariages forcés), les intervenantes (ministre de l’éducation des pays présents) préconisent de les répertorier. Peu de rapports chiffrés existent du fait de cette Omerta ; c’est un travail long et difficile.

Les ministres de l’éducation nationales présentes se relayent et témoignent des politiques qui ont été ou doivent être mises en place
Mettre la priorité sur l’éducation des filles, à l’instar du Burkina Faso qui en a fait une « Super priorité nationale », en attribuant le même budget à l’éducation nationale qu’aux autres ministères –
Réviser les programmes et les ouvrages, informer et former les enseignants, renforcer les capacités des syndicats d’enseignants tant au plan global que régional – Faciliter les formalités de reconnaissance des enfants car pour passer un diplôme, il faut un acte de naissance. Les démarches sont faites par les mères, souvent analphabètes qui ne comprennent pas l’importance d’un tel papier et qui leur demandera de faire des heures de route.
En Côte d’Ivoire, intensifier les politiques de « protection de l’enfance » qui doivent dépasser les questions de nutrition et de santé de l’enfant – Eviter de rompre le cycle d’apprentissage des enfants en supprimant l’examen de passage en 6ème qui a pour effet de renvoyer aux champs ou à la maison 50 % des élèves.
Traduire, dans les pays signataires, les textes internationaux pour que les droits de chacun soient connus et compréhensibles ; le tout sans laisser l’impunité se répandre. 

Cela étant, pour que ces politiques et actions globales soient acceptées et deviennent efficientes, il est impératif d’impliquer dans ce combat la totalité des acteursLes enseignants et leurs syndicats, les parents, les enfants et élèves eux-mêmes mais également les chefs religieux qui ont un poids très fort au sein des différentes sociétés présentes à cette conférence doivent être inclus dans ce processus de protection des droits des filles et des enfants. En effet, le poids des traditions est si fort que  même s’il existe des politiques qui favorisent « le retour des filles à l’école » après un enlèvement et un mariage forcé, les jeunes filles ont « honte » dès lors qu’elles reviennent dans leur classe.

Au plan local, l’action de terrain doit s’installer au plus près des acteurs dans les plus petits villages – Chacun et chacune doit apprendre à connaître ses droits. L’enjeu est de libérer et de recevoir la parole, faciliter la compréhension, accompagner les parents et les enfants mais également les enseignants et convaincre les chefs religieux que toute la communauté a un intérêt dans ce changement.
De nombreuses actions ont vues le jour et ont déjà porté des résultats. Notamment, des femmes mentor ont été repérées parmis des personnes reconnues par leur communauté. Elles sont alors tutrices et prennent en charge les jeunes filles à l’école. Ces personnes référentes recueillent les témoignages des petites filles des des jeunes filles et interviennent pour permettre à cette violence de genre d’être stoppée.

Enfin, une jeune togolaise de 16 ans engagée depuis l’âge de 9 ans témoigne de la façon dont elle et ses camarades utilisent les outils mis à leur disposition pour contrer et stopper la progression de la VGMS. Elle cite tour à tour l’intérêt de participer à un Club d’éveil et d’écoute, de participer à des «jeux de rôles» où les élèves s’entraînent à exprimer leurs peurs plutôt que de les taire, d’intégrer les actions de la caravane d’information ou encore d’écrire leurs témoignages qui serviront à l’information de tous.
 

La prévention de la violence de genre en milieu scolaire est une lutte à très long terme. Pour faire progresser ce cercle vertueux, il faut certes revoir les livres car ils montrent toujours «les femmes en soignantes mais jamais en docteur», sensibiliser aux stéréotypes de genre dont sont victimes les filles mais également certains garçons.

Au-delà, de ce très long chemin, il appartient à tous et à chacun de l’emprunter car  lorsqu’une petite fille va à l’école jusqu’à l’âge de 12 ans, c’est son autonomie et sa liberté qu’elle gagne. Alors n’attendons pas 2072 pour que ce nécessaire droit devienne une réalité universelle. Tant qu’il n’y aura pas d’égalité dans les écoles, il n’y aura pas d’égalité Femmes-Hommes – Voir le storify ici

(1) Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Togo