Améliorer la mixité sociale dans les grandes écoles : chantier en cours
Le constat est connu : les grandes écoles françaises recrutent et forment peu d’enfants d’agriculteurs, d’artisans, d’ouvriers et d’employés. Quand l’enseignement supérieur accueille 38 % d’étudiants boursiers sur critères sociaux, ils ne sont que 13 % en écoles de commerce, 11 % à Polytechnique, ou encore 19 % à l’ENS Paris. Paradoxalement, l’ENS et Polytechnique, préparant théoriquement à des carrières brillantes de la fonction publique, rémunèrent leurs étudiants, quelles que soient leurs origines sociales.
L’entre soi dans ces cursus est devenu trop visible et l’élitisme -dit républicain- n’est plus socialement bien accepté. La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a, semble-t-il, pris la mesure du problème et demandé aux directeurs de ces écoles de lui faire des propositions pour réussir à améliorer la diversité sociale dans ces écoles très sélectives.
Les directeurs ont rendu leur rapport le 20 octobre et leurs propositions sont diverses. Certaines relèvent de l’évidence : accompagner mieux les jeunes au lycée, accroître la diversité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles. D’autres sont déjà plus ou moins en œuvre: renforcer les voies d’admissions parallèles (sans passer par les CPGE, donc). On relèvera une proposition plus audacieuse : octroyer un bonus de points aux jeunes issus de familles défavorisées, au moment de l’admissibilité. Rassurons-nous, ce bonus ne serait pas connu des examinateurs à l’oral qui se passerait « normalement ».
La prise de conscience est là. Des mesures ambitieuses sont proposées. La ministre et le gouvernement ont la main. Iront-ils sur ce chemin ? On peut souhaiter qu’ils aient ce courage politique car, malheureusement, les résistances à ce changement risquent d’être vigoureuses.