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Ambition pour la jeunesse : de vrais défis mais des solutions anachroniques dans le discours du premier ministre

Le 30 janvier 2024, le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, a fait un discours de politique générale à l'assemblée nationale pour présenter les différentes mesures que son gouvernement veut mettre en oeuvre sur tous les sujets. L'UNSA Éducation réagit aux différentes annonces faites sur les sujets d'éducation et de jeunesse dans ce discours.

Le discours de politique générale de Gabriel Attal à l’assemblée nationale est largement revenu, en matière de jeunesse et d’éducation, sur des éléments de langage déjà présents dans le discours ministériel depuis de la rentrée de septembre, autour de l’autorité, du « réarmement civique » de la jeunesse et du choc des savoirs. Une profonde incohérence sépare l’ambition affichée par le premier ministre d’une « école où les enfants sont heureux » et la plupart des mesures. Le réarmement de la jeunesse ? Peines d’intérêt éducatif pour les moins de 16 ans, internats obligatoires, service national universel généralisé…on est loin d’une société qui émancipe, épanouit, fait confiance aux jeunes, leur inculque l’autonomie et la responsabilité.

Malgré ce désaccord profond, l’UNSA Éducation salue la priorité donnée à la santé mentale des jeunes qui est un sujet essentiel, et la revalorisation annoncée des infirmièr·es de l’Éducation Nationale (que nous voulons sous forme indiciaire) dont le rôle est central, et qui doivent être recruté·es en plus grand nombre pour pouvoir être plus présent·es dans la vie des écoles et des établissements. Les assistant·es de service social, les médecins scolaires et les psychologues de l’éducation nationale ont aussi un rôle important à jouer sur cette priorité donnée au bien-être des jeunes et sont pour le moment bien oublié·es dans ces annonces.

Alors que le premier ministre annonce préférer les actes aux grands mots dans l’écologie, c’est le contraire qui se passe dans l’éducation. Les nombreuses déclinaisons du concept d’autorité font contraste avec des moyens de marge des établissements du second degré, qui vont être réduits à néant par la mise en place annoncée des groupes de niveaux. Celle-ci va engendrer un tri social des élèves qui pourrait devenir permanent sur l’ensemble de la scolarité au collège.

Alors que le premier ministre veut déverrouiller la société, abandonner toutes les normes possibles, par exemple pour le logement ou pour l’agriculture, c’est le contraire dans l’éducation où le choc des savoirs annoncé vient corseter le choix des manuels et les pratiques pédagogiques et faire peser un poids énorme sur les personnels.

Le premier ministre a affirmé que le service public était une des priorités de son mandat. Il s’est félicité d’une revalorisation historique et a assuré qu’il serait toujours au côté des enseignant·es. Alors l’UNSA Éducation le prend au mot, et revendique l’ouverture immédiate de négociations sur la charge de travail, les conditions de travail et sur la gestion des ressources humaines pour des personnels de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Jeunesse et des sports, qui, à chaque édition du baromètre UNSA, font de ces sujets des problèmes majeurs qui nuisent à l’attractivité des métiers de l’éducation.

Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation

A Ivry sur Seine, le 30 janvier 2024

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