Affaire des calendriers : laïcité, confiance et bon sens…
L’Institution a donc désavoué publiquement et jusqu’au plus haut niveau de l’État l’un de ses agents. Notre ministre s’empresse de rassurer les conservateurs heurtés par le fait que l’on puisse remettre en cause l’utilisation des calendriers de l’Avent à l’école, à l’approche de la période des fêtes.
On ose invoquer pêle-mêle une atteinte aux libertés pédagogiques, une acception trop rigide du principe de laïcité.
Mais de quoi parle-t-on exactement ?
La laïcité est un principe qui pose un cadre général clair fondé sur le respect de la liberté de conscience et sur l’obligation de neutralité de l’État, singulièrement à l’école.
En revanche, une fois confrontée à l’épreuve des faits, l’application de ce principe peut être soumis à interprétation au regard de la complexité de certaines situations.
Certains outils comme le Vademecum Laïcité à l’École permettent d’accompagner les personnels de l’Éducation nationale. D’ailleurs, la question du sapin de Noël est prise en exemple. L’analyse indique, à juste titre, qu’au regard de l’histoire (traditions païennes et chrétiennes), cet arbre mêle de nombreuses symboliques et fait surtout état aujourd’hui de symbole d’une fête unanimement reconnue comme laïcisée. Bien évidemment, il ne peut être installé qu’à condition de ne revêtir aucun caractère cultuel dans sa présentation ou dans sa décoration.
Mais ce consensus est-il aussi valable pour les calendriers de l’Avent, objet de la polémique naissante ?
L’Avent tire son nom du latin adventus, qui signifie arrivée. Au Ve siècle de notre ère, l’Église s’est consolidée, et avec elle les traditions qui précèdent le 25 décembre. A l’origine, il s’agissait pour des pratiquants de se préparer pendant plusieurs semaines, notamment en jeûnant, en priant et en prenant le temps de réfléchir aux valeurs chrétiennes. Cette préparation est devenue ce que l’on nomme désormais « Avent ». Aujourd’hui, l’Avent marque le début de l’année liturgique et débute quatre dimanches avant Noël pour amener jusqu’à la veille du 25 décembre, où sera fêtée la naissance de Jésus Christ. Rien de très laïc donc…
Et même si certains industriels du chocolat ont fait de cette référence un objet markéting, force est de constater qu’on est loin de l’objet laïcisé qu’est devenu le sapin aujourd’hui. Il s’agit surtout de reproduire une démarche qui s’inspire de facto d’un acte de foi.
Dans l’absolu, ce type d’objet n’a rien faire dans nos écoles. L’UNSA Éducation comprend donc la démarche initiée par notre collègue IEN et, malgré une forme qui aurait pu être revue, lui apporte son soutien. Les personnels d’encadrement ceux en charge de la formation ont une mission aussi importante que délicate. L’Etat doit assurer qu’ils puissent exercer en toute sérénité.
Toutefois, notre fédération fait confiance au terrain et à la capacité d’adaptation de nos collègues qui peuvent le cas échéant détourner allègrement ce calendrier et son principe pour en faire un compte à rebours avant les vacances scolaires par exemple. En somme, nous leur faisons confiance pour laïciser ce calendrier de « l’avant » auprès de leurs élèves à travers leurs enseignements.
Dans une époque qui craint davantage les offensives des extrémistes religieux de tout bord que les excès d’interprétation laïque, notre ministre doit rester ferme sur ses positions, promouvoir le principe de laïcité et couper court à toute possibilité de récupération de la part des forces les plus rétrogrades.