Analyses et décryptages

40 nouvelles cités éducatives : une bonne nouvelle ?

Dans le cadre du budget 2021, le ministère de la ville va financer 40 nouvelles cités éducatives. Ce dispositif vise à accompagner chaque enfant individuellement dans son parcours éducatif, depuis la petite enfance jusqu’à l’insertion professionnelle. L’éducation nationale est au centre du pilotage puisque les cités éducatives sont construites autour d’un collège et de son réseau. Sur le papier, le dispositif est vraiment intéressant de par sa dimension partenariale dans et en dehors de l’école et par son inscription dans le territoire. L’Unsa Éducation souscrit pleinement à la vision globale des parcours éducatifs qui est au cœur du projet des cités éducatives.
Cependant, on peut s’interroger sur l’extension du dispositif : quelle évaluation a été menée au sein des cités existantes? Quel bilan a été effectué? En quoi les différents projets des cités éducatives ont contribué à réduire les inégalités? Comment les personnels se sont mobilisés autour de ces nouveaux dispositifs? Quelles difficultés ont -ils rencontrés?
Autant de questions qui méritent des réponses, si on souhaite que les cités éducatives concourent à la réussite des élèves, à l’épanouissement des jeunes et à mettre en synergie les différents acteurs. «Faire de la réussite éducative une grande priorité» ne doit pas être simplement un slogan. Cela passe par une véritable évaluation et il est nécessaire d’entendre les difficultés rencontrées par les acteurs des 80 territoires labellisés «Cités éducatives » en septembre 2019.

A la rentrée 2019, au moment de la mise en place des premières cités éducatives,nous avions donné la parole à Christophe, directeur d’école à Clichy sous Bois (93). Cette commune comprend une cité éducative avec ces 3 collèges REP+ et l’ensemble des écoles. Christophe était plutôt optimiste et attendait un réel plus de ces cités éducatives, même s’il était conscient qu’elles ne résoudraient sans doute pas toutes les difficultés.
Aujourd’hui, Christophe est plutôt déçu « C’est décevant, on ne sait pas si c’est la situation sanitaire qui explique cet arrêt ou si on est face à un énième dispositif qui était encore un effet d’annonce». Évidemment, il est conscient que le confinement et la crise sanitaire ont dû être de véritables freins.

Retour sur notre rencontre : Avez vous eu des réunions autour de la mise en place de la cité?
Les dernières réunions  autour de la cité éducative remontent à 2019 avant le confinement. Nous n’avons pas eu de lien avec le collège ni le territoire depuis plusieurs mois. Même les réunions de réseaux n’ont pas eu lieu. Ce projet est une bonne idée au départ : mais au final, on a le sentiment de s’arrêter aux prémices, on ne va pas au fond des choses. On assiste des débuts timides au niveau de l’école. Pendant le confinement, il n’ y a pas eu d’action spécifique, comme dans bon nombre d’écoles, chacun a dû se débrouiller .


Quel est le fonctionnement de la cité avec votre école ?
Depuis l’an passé, on a eu des infos sur la possibilité de mettre en place des projets. Fin septembre, on a reçu des budgets pour acheter des dicos pour l’école ainsi que des ordinateurs pour tous les élèves de CM1. Malheureusement ces décisions sont prises sans concertation. L’absence de connexion internet, chez certaines familles, n’a pas été pris en compte par exemple. De plus, certains enseignant.es auraient souhaité mener des travaux en classe avec les pc fournis mais on nous a clairement demandé de laisser les pc aux élèves.

Quelles sont vos attentes ?
Nous souhaiterions pouvoir mettre en place des partenariats mais aussi voir nos projets financés. Mais de nombreuses demandes sont restées sans réponse. On nous demande d’élaborer des projets sans savoir quel pourrait être la nature du financement.


Quelles difficultés souhaitez vous évoquer ?
Devoir dépenser rapidement des budgets, n’est pas une gestion efficace et c’est même difficile à gérer. Ce qui serait intéressant, c’est de savoir en amont le montant disponible pour les projets. Cela permettrait aux enseignant.es d’ajuster leurs demandes entre des petits projets ponctuels et des projets qui nécessitent plus de préparation, d’anticipation et de gros financements. C’est difficile de mobiliser les équipes pour élaborer un projet en quelques jours. On n’a pas toujours le sentiment que les choses avancent. On est face à une saupoudrage qui ne répond pas toujours à nos besoins..Peut être que les chose sont plus simples pour les collèges. Mais pour les écoles ce n’est pas le cas. Enfin, le contact est difficile avec le pilote de la cité éducative.

Parlez nous de la mise en place du projet autour des petits déjeuners ?

Il s’agissait d’actions très ponctuelles : 6 séances étalées sur 3 semaines entre novembre et décembre pour les élèves de CM2. Les enseignants ont fait un travail pédagogique autour de cette action. Mais nous avons fait fac à des incohérences : Les petits déjeuner n’étaient pas toujours équilibrés avec des produits parfois trop sucrés. Cela ne correspondait pas au travail mené par les enseignants l’équilibre alimentaire.

Le témoignage de Christophe traduit des difficultés de mise en place. La crise sanitaire que nous traversons, a eu des conséquences sur de nombreux projets. Elle a également amplifié les inégalités scolaires et sociales, c’est incontestable.

Pour l’Unsa Éducation, il n’ y a pas de fatalité. Il nous paraît indispensable de mieux penser l’articulation entre les différents acteurs et de travailler le fond du projet. Il faut donner des moyens aux équipes de répondre aux besoins de élèves et des jeunes dans le cadre d’un projet global et pensé : on ne peut se contenter du financement d’actions ponctuelles. La cadre proposé par la cité éducative doit être une solution et non un problème. Pour se faire, nous pensons que l’ensemble des acteurs doit être mobilisé autour du projet et le processus de décision doit être partout transparent.

Ce dispositif doit évoluer pour répondre aux réalités de fonctionnement des écoles, collèges et des territoires….Ce défi doit être relevé pour permettre aux nouvelles cités éducatives de bien fonctionner à moins que ce dispositif ne soit qu’un affichage …

Pour retrouver le précédent témoignage de Christophe : https://questionsdeduc.wordpress.com/2019/09/24/cites-educatives-on-en-parle-avec-un-directeur-decole/
 

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Dans le cadre du budget 2021, le ministère de la ville va financer 40 nouvelles cités éducatives. Ce dispositif vise à accompagner chaque enfant individuellement dans son parcours éducatif, depuis la petite enfance jusqu’à l’insertion professionnelle. L’éducation nationale est au centre du pilotage puisque les cités éducatives sont construites autour d’un collège et de son réseau. Sur le papier, le dispositif est vraiment intéressant de par sa dimension partenariale dans et en dehors de l’école et par son inscription dans le territoire. L’Unsa Éducation souscrit pleinement à la vision globale des parcours éducatifs qui est au cœur du projet des cités éducatives.
Cependant, on peut s’interroger sur l’extension du dispositif : quelle évaluation a été menée au sein des cités existantes? Quel bilan a été effectué? En quoi les différents projets des cités éducatives ont contribué à réduire les inégalités? Comment les personnels se sont mobilisés autour de ces nouveaux dispositifs? Quelles difficultés ont -ils rencontrés?
Autant de questions qui méritent des réponses, si on souhaite que les cités éducatives concourent à la réussite des élèves, à l’épanouissement des jeunes et à mettre en synergie les différents acteurs. «Faire de la réussite éducative une grande priorité» ne doit pas être simplement un slogan. Cela passe par une véritable évaluation et il est nécessaire d’entendre les difficultés rencontrées par les acteurs des 80 territoires labellisés «Cités éducatives » en septembre 2019.

A la rentrée 2019, au moment de la mise en place des premières cités éducatives,nous avions donné la parole à Christophe, directeur d’école à Clichy sous Bois (93). Cette commune comprend une cité éducative avec ces 3 collèges REP+ et l’ensemble des écoles. Christophe était plutôt optimiste et attendait un réel plus de ces cités éducatives, même s’il était conscient qu’elles ne résoudraient sans doute pas toutes les difficultés.
Aujourd’hui, Christophe est plutôt déçu « C’est décevant, on ne sait pas si c’est la situation sanitaire qui explique cet arrêt ou si on est face à un énième dispositif qui était encore un effet d’annonce». Évidemment, il est conscient que le confinement et la crise sanitaire ont dû être de véritables freins.

Retour sur notre rencontre : Avez vous eu des réunions autour de la mise en place de la cité?
Les dernières réunions  autour de la cité éducative remontent à 2019 avant le confinement. Nous n’avons pas eu de lien avec le collège ni le territoire depuis plusieurs mois. Même les réunions de réseaux n’ont pas eu lieu. Ce projet est une bonne idée au départ : mais au final, on a le sentiment de s’arrêter aux prémices, on ne va pas au fond des choses. On assiste des débuts timides au niveau de l’école. Pendant le confinement, il n’ y a pas eu d’action spécifique, comme dans bon nombre d’écoles, chacun a dû se débrouiller .


Quel est le fonctionnement de la cité avec votre école ?
Depuis l’an passé, on a eu des infos sur la possibilité de mettre en place des projets. Fin septembre, on a reçu des budgets pour acheter des dicos pour l’école ainsi que des ordinateurs pour tous les élèves de CM1. Malheureusement ces décisions sont prises sans concertation. L’absence de connexion internet, chez certaines familles, n’a pas été pris en compte par exemple. De plus, certains enseignant.es auraient souhaité mener des travaux en classe avec les pc fournis mais on nous a clairement demandé de laisser les pc aux élèves.

Quelles sont vos attentes ?
Nous souhaiterions pouvoir mettre en place des partenariats mais aussi voir nos projets financés. Mais de nombreuses demandes sont restées sans réponse. On nous demande d’élaborer des projets sans savoir quel pourrait être la nature du financement.


Quelles difficultés souhaitez vous évoquer ?
Devoir dépenser rapidement des budgets, n’est pas une gestion efficace et c’est même difficile à gérer. Ce qui serait intéressant, c’est de savoir en amont le montant disponible pour les projets. Cela permettrait aux enseignant.es d’ajuster leurs demandes entre des petits projets ponctuels et des projets qui nécessitent plus de préparation, d’anticipation et de gros financements. C’est difficile de mobiliser les équipes pour élaborer un projet en quelques jours. On n’a pas toujours le sentiment que les choses avancent. On est face à une saupoudrage qui ne répond pas toujours à nos besoins..Peut être que les chose sont plus simples pour les collèges. Mais pour les écoles ce n’est pas le cas. Enfin, le contact est difficile avec le pilote de la cité éducative.

Parlez nous de la mise en place du projet autour des petits déjeuners ?

Il s’agissait d’actions très ponctuelles : 6 séances étalées sur 3 semaines entre novembre et décembre pour les élèves de CM2. Les enseignants ont fait un travail pédagogique autour de cette action. Mais nous avons fait fac à des incohérences : Les petits déjeuner n’étaient pas toujours équilibrés avec des produits parfois trop sucrés. Cela ne correspondait pas au travail mené par les enseignants l’équilibre alimentaire.

Le témoignage de Christophe traduit des difficultés de mise en place. La crise sanitaire que nous traversons, a eu des conséquences sur de nombreux projets. Elle a également amplifié les inégalités scolaires et sociales, c’est incontestable.

Pour l’Unsa Éducation, il n’ y a pas de fatalité. Il nous paraît indispensable de mieux penser l’articulation entre les différents acteurs et de travailler le fond du projet. Il faut donner des moyens aux équipes de répondre aux besoins de élèves et des jeunes dans le cadre d’un projet global et pensé : on ne peut se contenter du financement d’actions ponctuelles. La cadre proposé par la cité éducative doit être une solution et non un problème. Pour se faire, nous pensons que l’ensemble des acteurs doit être mobilisé autour du projet et le processus de décision doit être partout transparent.

Ce dispositif doit évoluer pour répondre aux réalités de fonctionnement des écoles, collèges et des territoires….Ce défi doit être relevé pour permettre aux nouvelles cités éducatives de bien fonctionner à moins que ce dispositif ne soit qu’un affichage …

Pour retrouver le précédent témoignage de Christophe : https://questionsdeduc.wordpress.com/2019/09/24/cites-educatives-on-en-parle-avec-un-directeur-decole/