2015… année éducative

Les historiens n’identifieront certainement pas l’année 2015 aux grandes réformes éducatives. La ministre actuelle de l’Education Nationale risque même de n’avoir qu’une place très réduite dans l’histoire de l’Education. 2015 s’inscrit effectivement dans la continuité et la logique de la Refondation de l’Ecole de la République portée initialement par Vincent Peillon. Pourtant, il se sera joué, durant cette année qui s’achève, bien des choses dont l’impact est encore à venir.

Petit retour sur une année éducative.

Janvier : l’histoire commence mal, très mal.
Le drame de début janvier –avec la tuerie à Charlie Hebdo et la prise d’otages à l’hyper kasher- fait apparaître un malaise, une fracture au sein de la jeunesse française. Tous les jeunes ne se sentent pas « Charlie ». Certains –sans excuser les meurtriers- trouvent, dans ce qu’ils considèrent comme des insultes envers leur religion, des explications à la violence. Dans un petit nombre d’établissements scolaires (mais suffisamment pour devoir être pris en compte) la Marseillaise est huée, la minute de silence perturbée. L’Ecole doit trouver les mots et les actions capables de retisser du lien social et de reconstruire le vivre ensemble. Plus que jamais, la nécessité d’un enseignement moral et civique s’impose, le développement de l’esprit critique devient indispensable, la compréhension et l’analyse des médias sont incontournables.
Ce ne sont pas de grandes mesures qui émergeront de plusieurs semaines de rencontres et d’échanges avec l‘ensemble des acteurs et des partenaires éducatifs. Peut-être simplement une prise de conscience de la nécessité d’agir maintenant, avant que la fracture entre plusieurs jeunesses ne soit irrémédiable et pour longtemps.

Février : vers la généralisation des PEDT : une avancée
Par étapes successives et sans avoir fait le choix de l’imposer aux collectivités locales qui s’administrent librement, les projets éducatifs de territoires (PEDT) deviennent la norme et se développent partout. Le choix du gouvernement de pérenniser le fonds d’amorçage (lié aux nouveaux rythmes éducatifs) en le réservant aux communes signataires d’un PEDT est pour beaucoup dans l’avancée de cette généralisation que nous souhaitons.
Elle ne peut pour autant n’avoir une réelle efficacité que si elle est accompagnée par un travail conjoint des personnels pédagogiques de l’Education nationale et de Jeunesse et sports et si elle débouche, dans chaque collectivité, par la structuration du secteur de l’animation, avec des animateurs coordonnateurs et la mobilisation du tissu associatif. Encore bien des progrès sont à réalisés, mais cette avancée va dans le bon sens pour l’équilibre des temps et des activités des enfants.

Mars : reconnaissance de la spécificité de l’Ecole maternelle. Enfin !
Depuis une vingtaine d’année, la dérive de l’école maternelle l’avait peu à peu transformée en une pré-école primaire. Même la bonne idée d’un cycle « grande section – CP –CE1 » avait conduit à anticiper les attentes du CP plutôt que d’offrir du temps de découverte et d’apprentissage supplémentaire.
Les nouveaux programmes de l’école maternelle tentent de mettre fin à cette escalade du « toujours plus tôt » en reprenant en compte la spécificité et les besoins des jeunes enfants, en redonnant une place éducative au jeu, à la découverte du corps et de l’espace, en insistant sur le développement des capacités à vivre avec les autres…
L’école maternelle renoue enfin avec sa vocation première. Les enseignants ne s’y sont pas trompés, massivement dans notre « baromètre UNSA des métiers de l’Education », ils ont dit leur satisfaction.

Avril : les conservatismes s’enferment dans leur opposition à la réforme du collège
C’est bien connu, le changement peut faire peur. Et c’est sur ce sentiment d’inquiétude légitime (de la part des enseignants comme des parents) que ceux qui ne veulent rien changer, jamais, auront tenté de surfer durant tout le printemps en s’opposant à la réforme du collège.
Dans leur ligne de mire la mise en place d’enseignements interdisciplinaires, la suppression des classes bi-langue et l’hypothétique diminution des horaires de certaines disciplines. En réalité le seul point commun entre les opposants de divers bord (du SNAC au SNES) porte surtout sur leur refus de voir le collège devenir le second étage du socle commun et ne pas demeurer un « petit lycée » servant trop souvent de lieu de sélection des future élites. Leurs appels à manifester et à faire grève seront restés des échecs et c’est désormais à la prochaine rentrée dans la réalité des établissements que la réforme trouvera son sens.

Mai : une Education connectée : nouveau plan
Une fois de plus, l’Education nationale se penche sur les enjeux du numérique et se dote d’un plan pluriannuel afin d’inscrire l’Ecole dans l’ère de la société connectée.
Il s’agit à la fois de travailler les contenus et les apports du numérique et d’équiper les écoles et les établissements scolaires en matériel et en réseau.
Une première étape qui fait suite à une large consultation et au rapport du conseil national du numérique « Jules Ferry 3.0 » rendu public en octobre 2014.

Juin : un secrétaire d’Etat pour l’ESR : il y avait urgence
Pour cause de maladie, Geneviève Fioraso a démissionné en mars 2015 de son poste de secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, elle qui en avait d’abord été la ministre dans le gouvernement Ayrault. Il aura fallu trois mois pour lui désigner un successeur en la personne de Thierry Mandon.
Certes l’ESR ne sera pas resté sans pilote puisque la tutelle est exercée par une même ministre pour l’éducation nationale et l’enseignement supérieur et la recherche. Il n’empêche que de nombreux dossiers urgents demeuraient en attente comme la question des finances des universités et du budget de la recherche ainsi qu’un agenda social pour les différentes catégories de personnels qui tardera jusqu’en novembre à enfin se mettre en place.

Juillet : la polémique dure sur les programmes : copie à revoir
Maladresse du conseil supérieur des programmes et malveillance des opposant à toute réforme, à peine proposés les nouveaux programmes de l’école et du collège ont suscité la polémique. En cause, du vocabulaire abscons, certains contenus laissés au choix des enseignants, d’autres fléchés comme incontournables.
C’est essentiellement en Histoire que l’opposition est la plus vive. Elle est alimentée par ceux qui veulent y voir une manière d’influer sur la construction d’une « récit national » porteur d’une identité enracinée dans la religion chrétienne.
Le conseil supérieur des programmes reverra sa copie dans les mois suivants afin de proposer des orientations plus consensuelles.

Août : craintes pour la rentrée des étudiants : manque de places
Y aura-t-il de la place à la rentrée pour tous les étudiants ? La question se pose à la fin de l’été avec un nombre croissant de nouveaux bacheliers et des facultés saturées. Si cela nécessite des mesures immédiates telles qu’une gestion plus fine des demandes dans le cadre du logiciel APB, c’est essentiellement la question de l’orientation qui se pose et donc de la liaison entre le lycée et l’enseignement supérieur. Cette articulation Bac -3 bac +3 que nous appelons de nos vœux a souvent été évoquée par la ministre mais rien de très concret n’a encore vu le jour au-delà d’expérimentations locales.

Septembre : « plus de maitres que de classes », encore plus !
Mise en place par la loi d’orientation cette mesure qui permet d’attribuer aux écoles « les plus en difficultés » un enseignant supplémentaire, non pour alléger les effectifs des classes mais dans la démarche d’un projet pédagogique spécifique, est renforcée, avec l’attribution de 500 nouveaux postes.
Certes encore bien des besoins ne sont pas couverts, mais la logique de penser une autre organisation pédagogique (décloisonnement, projets, travaux en petits groupes…) est en cours. Tant mieux, car c’est la base indispensable de la refondation.

Octobre : grande pauvreté et réussite scolaire : maintenant agir
Jean-Paul Delahaye a rendu son rapport en mai. Il s’inscrit dans la continuité des travaux d’ATD quart monde ou des résultats PISA et montre combien l’école renforce les déterminismes sociaux, excluant encore davantage ceux qui vivent dans des conditions les plus difficiles et précaires. Que faire ? C’est la question qui se pose dorénavant.
La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem a réaffirmé cette priorité à agir à l’occasion du premier séminaire consacré à la grande pauvreté et à la réussite scolaire, organisé dans le cadre du plan national de formation, à destination des recteurs, inspecteurs, chefs d’établissement et enseignants. En effet, si une répartition plus juste des moyens, une nouvelle carte de l’éducation prioritaire, la recréation de postes de RASED, une meilleure répartition des bourses et l’augmentation des fonds sociaux sont des mesures indispensables, la piste de la formation sur la question de la grande pauvreté afin d’accompagner les enseignants face à ces situations difficiles est tout autant une priorité.
La piste de la mixité sociale et scolaire est aussi mise en chantier, même si on sait toute la difficulté de la rendre concrète, tant les contraintes sont nombreuses et souvent extérieures au système éducatif.

Novembre : de nouveaux attentats meurtriers : la jeunesse fortement touchée
Comme elle avait commencée, l’année se termine dans le sang. Le 13 novembre de nouveaux attentats font 130 morts et des centaines de blessés, simplement parce qu’ils étaient dehors à rire à la terrasse d’un café ou à vibrer au son de la musique dans la salle du Bataclan. Pour la plupart ils étaient jeunes. Tous aimaient la vie. Leurs assassins ne l’aiment pas.
Contrairement à janvier, chacun et chacune s’est senti « Paris » dans une communion de souffrance et de résistance.
Toutes et tous nous savons que nous pouvons être les prochaines victimes et que la meilleure manière de lutter c’est de continuer à vivre libre, à sortir, à rire…
Démontrer la folie pour mieux s’y opposer reste la mission essentielle de tous les éducateurs.

Décembre : le socle commun consolidé par de nouveaux programmes et un collège réformé
Fin de l’année 2015. Nous aurions pu citer bien d’autres éléments éducatifs marquants. Parler de la réorganisation de l’éducation prioritaire qui a pris effet à la rentrée. Evoquer les travaux sur l’évaluation qui, s’ils n’ont pas débouchés sur la suppression des notes, orientent fortement à aller vers une évaluation positive et formative, revenir sur les ESPé qui tardent à concrétiser les espoirs mis en elles comme écoles de formation initiale et continue de l’ensemble des acteurs éducatifs.

Nous retiendrons finalement la double victoire des progressistes sur les conservateurs de toutes obédiences. 2015 s’achève avec le renforcement du socle commun grâce à deux mesures d’importance :
– De nouveaux programmes qui, pour la première fois, concernent l’ensemble de la scolarité obligatoire
– Un collège unique réformé, qui s’inscrit résolument comme le second étage du socle commun et rompt avec la sélection et l’orientation précoces.

 

Bien des chantiers restent à ouvrir ou à faire aboutir. L’essentiel se passera dorénavant dans les écoles et les établissements. Le cadre législatif et réglementaire est posé. Les premières formations sont en cours. A la communauté éducative de s’emparer des nouvelles mesures et des possibilités d’évolution offertes. Il en va de l’avenir de notre système éducatif, de l’avenir de la jeunesse, de l’avenir du pays.
 

Autant dire que si 2015 s’achève comme année éducative, 2016 devra prendre le relai.

 

Denis ADAM, le 30 décembre 2015

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Les historiens n’identifieront certainement pas l’année 2015 aux grandes réformes éducatives. La ministre actuelle de l’Education Nationale risque même de n’avoir qu’une place très réduite dans l’histoire de l’Education. 2015 s’inscrit effectivement dans la continuité et la logique de la Refondation de l’Ecole de la République portée initialement par Vincent Peillon. Pourtant, il se sera joué, durant cette année qui s’achève, bien des choses dont l’impact est encore à venir.

Petit retour sur une année éducative.

Janvier : l’histoire commence mal, très mal.
Le drame de début janvier –avec la tuerie à Charlie Hebdo et la prise d’otages à l’hyper kasher- fait apparaître un malaise, une fracture au sein de la jeunesse française. Tous les jeunes ne se sentent pas « Charlie ». Certains –sans excuser les meurtriers- trouvent, dans ce qu’ils considèrent comme des insultes envers leur religion, des explications à la violence. Dans un petit nombre d’établissements scolaires (mais suffisamment pour devoir être pris en compte) la Marseillaise est huée, la minute de silence perturbée. L’Ecole doit trouver les mots et les actions capables de retisser du lien social et de reconstruire le vivre ensemble. Plus que jamais, la nécessité d’un enseignement moral et civique s’impose, le développement de l’esprit critique devient indispensable, la compréhension et l’analyse des médias sont incontournables.
Ce ne sont pas de grandes mesures qui émergeront de plusieurs semaines de rencontres et d’échanges avec l‘ensemble des acteurs et des partenaires éducatifs. Peut-être simplement une prise de conscience de la nécessité d’agir maintenant, avant que la fracture entre plusieurs jeunesses ne soit irrémédiable et pour longtemps.

Février : vers la généralisation des PEDT : une avancée
Par étapes successives et sans avoir fait le choix de l’imposer aux collectivités locales qui s’administrent librement, les projets éducatifs de territoires (PEDT) deviennent la norme et se développent partout. Le choix du gouvernement de pérenniser le fonds d’amorçage (lié aux nouveaux rythmes éducatifs) en le réservant aux communes signataires d’un PEDT est pour beaucoup dans l’avancée de cette généralisation que nous souhaitons.
Elle ne peut pour autant n’avoir une réelle efficacité que si elle est accompagnée par un travail conjoint des personnels pédagogiques de l’Education nationale et de Jeunesse et sports et si elle débouche, dans chaque collectivité, par la structuration du secteur de l’animation, avec des animateurs coordonnateurs et la mobilisation du tissu associatif. Encore bien des progrès sont à réalisés, mais cette avancée va dans le bon sens pour l’équilibre des temps et des activités des enfants.

Mars : reconnaissance de la spécificité de l’Ecole maternelle. Enfin !
Depuis une vingtaine d’année, la dérive de l’école maternelle l’avait peu à peu transformée en une pré-école primaire. Même la bonne idée d’un cycle « grande section – CP –CE1 » avait conduit à anticiper les attentes du CP plutôt que d’offrir du temps de découverte et d’apprentissage supplémentaire.
Les nouveaux programmes de l’école maternelle tentent de mettre fin à cette escalade du « toujours plus tôt » en reprenant en compte la spécificité et les besoins des jeunes enfants, en redonnant une place éducative au jeu, à la découverte du corps et de l’espace, en insistant sur le développement des capacités à vivre avec les autres…
L’école maternelle renoue enfin avec sa vocation première. Les enseignants ne s’y sont pas trompés, massivement dans notre « baromètre UNSA des métiers de l’Education », ils ont dit leur satisfaction.

Avril : les conservatismes s’enferment dans leur opposition à la réforme du collège
C’est bien connu, le changement peut faire peur. Et c’est sur ce sentiment d’inquiétude légitime (de la part des enseignants comme des parents) que ceux qui ne veulent rien changer, jamais, auront tenté de surfer durant tout le printemps en s’opposant à la réforme du collège.
Dans leur ligne de mire la mise en place d’enseignements interdisciplinaires, la suppression des classes bi-langue et l’hypothétique diminution des horaires de certaines disciplines. En réalité le seul point commun entre les opposants de divers bord (du SNAC au SNES) porte surtout sur leur refus de voir le collège devenir le second étage du socle commun et ne pas demeurer un « petit lycée » servant trop souvent de lieu de sélection des future élites. Leurs appels à manifester et à faire grève seront restés des échecs et c’est désormais à la prochaine rentrée dans la réalité des établissements que la réforme trouvera son sens.

Mai : une Education connectée : nouveau plan
Une fois de plus, l’Education nationale se penche sur les enjeux du numérique et se dote d’un plan pluriannuel afin d’inscrire l’Ecole dans l’ère de la société connectée.
Il s’agit à la fois de travailler les contenus et les apports du numérique et d’équiper les écoles et les établissements scolaires en matériel et en réseau.
Une première étape qui fait suite à une large consultation et au rapport du conseil national du numérique « Jules Ferry 3.0 » rendu public en octobre 2014.

Juin : un secrétaire d’Etat pour l’ESR : il y avait urgence
Pour cause de maladie, Geneviève Fioraso a démissionné en mars 2015 de son poste de secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, elle qui en avait d’abord été la ministre dans le gouvernement Ayrault. Il aura fallu trois mois pour lui désigner un successeur en la personne de Thierry Mandon.
Certes l’ESR ne sera pas resté sans pilote puisque la tutelle est exercée par une même ministre pour l’éducation nationale et l’enseignement supérieur et la recherche. Il n’empêche que de nombreux dossiers urgents demeuraient en attente comme la question des finances des universités et du budget de la recherche ainsi qu’un agenda social pour les différentes catégories de personnels qui tardera jusqu’en novembre à enfin se mettre en place.

Juillet : la polémique dure sur les programmes : copie à revoir
Maladresse du conseil supérieur des programmes et malveillance des opposant à toute réforme, à peine proposés les nouveaux programmes de l’école et du collège ont suscité la polémique. En cause, du vocabulaire abscons, certains contenus laissés au choix des enseignants, d’autres fléchés comme incontournables.
C’est essentiellement en Histoire que l’opposition est la plus vive. Elle est alimentée par ceux qui veulent y voir une manière d’influer sur la construction d’une « récit national » porteur d’une identité enracinée dans la religion chrétienne.
Le conseil supérieur des programmes reverra sa copie dans les mois suivants afin de proposer des orientations plus consensuelles.

Août : craintes pour la rentrée des étudiants : manque de places
Y aura-t-il de la place à la rentrée pour tous les étudiants ? La question se pose à la fin de l’été avec un nombre croissant de nouveaux bacheliers et des facultés saturées. Si cela nécessite des mesures immédiates telles qu’une gestion plus fine des demandes dans le cadre du logiciel APB, c’est essentiellement la question de l’orientation qui se pose et donc de la liaison entre le lycée et l’enseignement supérieur. Cette articulation Bac -3 bac +3 que nous appelons de nos vœux a souvent été évoquée par la ministre mais rien de très concret n’a encore vu le jour au-delà d’expérimentations locales.

Septembre : « plus de maitres que de classes », encore plus !
Mise en place par la loi d’orientation cette mesure qui permet d’attribuer aux écoles « les plus en difficultés » un enseignant supplémentaire, non pour alléger les effectifs des classes mais dans la démarche d’un projet pédagogique spécifique, est renforcée, avec l’attribution de 500 nouveaux postes.
Certes encore bien des besoins ne sont pas couverts, mais la logique de penser une autre organisation pédagogique (décloisonnement, projets, travaux en petits groupes…) est en cours. Tant mieux, car c’est la base indispensable de la refondation.

Octobre : grande pauvreté et réussite scolaire : maintenant agir
Jean-Paul Delahaye a rendu son rapport en mai. Il s’inscrit dans la continuité des travaux d’ATD quart monde ou des résultats PISA et montre combien l’école renforce les déterminismes sociaux, excluant encore davantage ceux qui vivent dans des conditions les plus difficiles et précaires. Que faire ? C’est la question qui se pose dorénavant.
La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem a réaffirmé cette priorité à agir à l’occasion du premier séminaire consacré à la grande pauvreté et à la réussite scolaire, organisé dans le cadre du plan national de formation, à destination des recteurs, inspecteurs, chefs d’établissement et enseignants. En effet, si une répartition plus juste des moyens, une nouvelle carte de l’éducation prioritaire, la recréation de postes de RASED, une meilleure répartition des bourses et l’augmentation des fonds sociaux sont des mesures indispensables, la piste de la formation sur la question de la grande pauvreté afin d’accompagner les enseignants face à ces situations difficiles est tout autant une priorité.
La piste de la mixité sociale et scolaire est aussi mise en chantier, même si on sait toute la difficulté de la rendre concrète, tant les contraintes sont nombreuses et souvent extérieures au système éducatif.

Novembre : de nouveaux attentats meurtriers : la jeunesse fortement touchée
Comme elle avait commencée, l’année se termine dans le sang. Le 13 novembre de nouveaux attentats font 130 morts et des centaines de blessés, simplement parce qu’ils étaient dehors à rire à la terrasse d’un café ou à vibrer au son de la musique dans la salle du Bataclan. Pour la plupart ils étaient jeunes. Tous aimaient la vie. Leurs assassins ne l’aiment pas.
Contrairement à janvier, chacun et chacune s’est senti « Paris » dans une communion de souffrance et de résistance.
Toutes et tous nous savons que nous pouvons être les prochaines victimes et que la meilleure manière de lutter c’est de continuer à vivre libre, à sortir, à rire…
Démontrer la folie pour mieux s’y opposer reste la mission essentielle de tous les éducateurs.

Décembre : le socle commun consolidé par de nouveaux programmes et un collège réformé
Fin de l’année 2015. Nous aurions pu citer bien d’autres éléments éducatifs marquants. Parler de la réorganisation de l’éducation prioritaire qui a pris effet à la rentrée. Evoquer les travaux sur l’évaluation qui, s’ils n’ont pas débouchés sur la suppression des notes, orientent fortement à aller vers une évaluation positive et formative, revenir sur les ESPé qui tardent à concrétiser les espoirs mis en elles comme écoles de formation initiale et continue de l’ensemble des acteurs éducatifs.

Nous retiendrons finalement la double victoire des progressistes sur les conservateurs de toutes obédiences. 2015 s’achève avec le renforcement du socle commun grâce à deux mesures d’importance :
– De nouveaux programmes qui, pour la première fois, concernent l’ensemble de la scolarité obligatoire
– Un collège unique réformé, qui s’inscrit résolument comme le second étage du socle commun et rompt avec la sélection et l’orientation précoces.

 

Bien des chantiers restent à ouvrir ou à faire aboutir. L’essentiel se passera dorénavant dans les écoles et les établissements. Le cadre législatif et réglementaire est posé. Les premières formations sont en cours. A la communauté éducative de s’emparer des nouvelles mesures et des possibilités d’évolution offertes. Il en va de l’avenir de notre système éducatif, de l’avenir de la jeunesse, de l’avenir du pays.
 

Autant dire que si 2015 s’achève comme année éducative, 2016 devra prendre le relai.

 

Denis ADAM, le 30 décembre 2015