Une rentrée, oui, de la préparation, non
Pour ce début d’année scolaire, la satisfaction de tous les personnels de retrouver les élèves est un point positif et important. Malgré tout, compte-tenu de la présence du virus et des protocoles à mettre en œuvre, il n’est pas encore possible de parler d’un retour à la normale, surtout dans notre académie où le port du masque pour les écoliers n’est pas levé.
A l’UNSA-Education, cette amélioration, en souhaitant qu’elle dure, nous nous en réjouissons. Néanmoins, nous alertons sur le fait qu’elle ne suffira pas à répondre à la dégradation de la qualité de vie au travail constatée bien avant la crise et aggravée par la crise elle-même. Pour que les personnels de notre académie retrouvent la satisfaction au travail, il faut restaurer la reconnaissance, le respect, le dialogue social et aussi deux axes essentiels que sont le recrutement et la rémunération.
A l’UNSA Éducation Paris, le constat est hétérogène à ce stade.
Pour la filière administrative, le relevé signé avec le ministère indique que les choses ont été amorcées positivement…mais attendons le Groupe de Travail académique consacré à l’indemnitaire le 9 novembre prochain avant de nous réjouir trop vite ! Pour ce CTA, le bilan des promotions pose problème : rien concernant les personnels ATRF. Rien sur les personnels travaillant à la DSI du rectorat : assistants ingénieurs, IGR, techniciens de catégorie B… Où sont passées leurs promotions ?
Concernant la carte des emplois des personnels de direction, ne rien proposer n’est pas satisfaisant. Des lycées, notamment professionnels, devraient pouvoir bénéficier d’une équipe de direction complète. Des regroupements d’établissements ont induit des suppressions de postes sans prise en considération de la charge globale de travail.
Dès fin août, la gestion des postes d’enseignants dans le 1er degré a fait tache. Des postes restés vacants à la rentrée et pas de « réserve ». Le rectorat a donc fait appel à des contractuels… en entamant la Liste Complémentaire. Nous serons attentifs à la réponse de l’Académie à notre question diverse. Nous sommes aussi inquiets pour les secrétaires de circonscription. La délocalisation de la gestion des remplacements au rectorat a déshumanisé une partie importante de leurs missions, qu’elles menaient avec professionnalisme. Elles se sentent humiliées et craignent, à terme, des suppressions de poste. Si le rectorat peut, du jour au lendemain, s’acquitter de leurs missions, pourquoi aurait-on encore besoin d’elles ? De plus, les personnels administratifs en services ne sont pas plus satisfaits de la centralisation de cette tâche.
Dans le second degré, nous l’avions dénoncé, les postes supprimés dans le second degré auxquels se sont substituées des HSA mettent en tension le système. Les personnels sont sous une lourde charge de travail, encore aggravée par l’alourdissement des effectifs. Les besoins des élèves restent sans réponse dans de très nombreux endroits par manque d’assistants sociaux, de psychologues, d’infirmières, sans parler de la pénurie de médecins de l’éducation nationale qui s’aggrave d’année en année. La pénurie d’infirmières scolaires, mal reconnues, découragées, est un cas d’école que nous avons posé en question diverse.
A ceci s’ajoute que, dans le premier comme dans le second degré, beaucoup d’élèves en situation de handicap restent sans solution d’accompagnement ou bien avec des temps d’accompagnement déconnectés de leurs besoins réels. Les personnels se retrouvent face à des dilemmes éthiques usants et décourageants. Nous rentrerons dans le détail du recrutement des enseignants spécialisés et des AESH lors du point de bilan 1er et 2nd degré. C’est aussi l’objet de notre question diverse sur le canal de recrutement des AESH.
Pour l’aspect RH, à l’UNSA Education nous pensons que respecter les personnels, c’est aussi être capable de ne pas réduire les personnels à une identité matricule. La gestion humaine des ressources tant attendue n’aura pas lieu sans prendre à bras le corps le sujet de la sous-administration et du sous-encadrement de notre ministère. Cela ne fonctionnera pas non plus sans concertation des représentants du personnel en capacité d’accompagner chaque personnel et d’attester auprès de lui qu’il a été traité avec équité. Cela est parlant dans les services. Trop de couacs pour la mise en place du télétravail : trop d’inégalité de traitement dans un même service, une convention signée, puis à refaire, la menace que des jours de télétravail effectués avant la convention soient pris sur les congés… La confiance n’est pas là. Et déployer la RH de proximité à enveloppe constante, ce n’est pas efficient !
Prendre soin du dialogue social est aussi un élément des RH. Accepter de rencontrer les responsables syndicaux ou répondre en instance est une qualité dans l’académie de Paris. Toutefois, la loi de transformation de la fonction publique a dégradé les échanges entre les représentants du personnel et les services, alors que la direction académique assure que l’on peut leur répondre. Il faut lever cela en respectant le cadre légal et rétablir la considération des partenaires sociaux comme tels.
Pour conclure, à la question « conseilleriez-vous votre métier à un jeune de votre entourage ? » au 9ème baromètre de notre fédération auprès des métiers de l’Éducation, nos collègues ne sont plus que 28 % à répondre « oui ». Pour l’UNSA Éducation, la reconnaissance et le respect nécessaires peuvent passer par le fait d’avoir les moyens d’exercer son métier. Les mesures qui pourront être actées d’ici la fin de ce quinquennat ne suffiront pas à inverser l’accroissement du déficit d’attractivité de nos métiers. Déficit chronique inquiétant pour l’École publique qui joue pourtant un rôle central dans notre société. Les causes sont multiples. Il faut résoudre la question des trop faibles rémunérations et aussi celle de la chute du bien-être au travail. Nous espérons que l’académie saura contribuer à relever ce défi. Nous ne transigerons pas sur les obligations de notre employeur à respecter les représentants des personnels et les personnels.