Montpellier, Education à la sexualité : la santé de nos ados nous préoccupe !

Les infirmier·e·s scolaire regrettent de ne pas pouvoir consacrer plus de temps et de moyens à l’éducation à la sexualité (EAS). Le manque criant de médecins scolaires et d’infirmier·e·s scolaires, les disparités selon les territoires, le manque de formation d’autres personnels sur ces questions essentielles, rendent l’application de la loi impossible à tenir. Et pourtant il y a urgence, le dernier rapport du HCE sur les violences sexuelles et sexistes concernant les jeunes est alarmant ! On fait le point sur une éducation à la sexualité qui n’a jamais tenu ses promesses… depuis 2001 !

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Que recouvre l’EAS à  l’école, au collège, au lycée?

À l’école, il ne s’agit pas d’une éducation explicite à la sexualité. Au regard des programmes d’enseignement, plusieurs thématiques peuvent constituer un objet d’étude, en prenant en compte l’âge des élèves : le respect de soi et des autres, la notion d’intimité et de respect de la vie privée, le droit à la sécurité et à la protection, la reproduction des êtres vivants, l’égalité entre les filles et les garçons ainsi que la prévention des violences sexistes et sexuelles. Ces questions doivent faire l’objet d’une intégration à l’ensemble des autres contenus d’enseignement et des opportunités apportées par la vie de classe.

Au collège et au lycée, les modalités d’organisation de l’éducation à la sexualité sont établies dans le cadre du CESC. Il s’agit d’apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques, et de développer leur réflexion et leur esprit critique. Les échanges doivent se faire à partir de leurs représentations afin de leur permettre de développer une réflexion individuelle et collective et ainsi les conduire à s’approprier des valeurs humanistes.

Un manque de moyens et une formation des personnels peu ambitieuse.

Un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), rendu public en septembre 2022, pointe les manquements de l’école en matière d’éducation à la sexualité (EAS). Un autre rapport, celui de Claire Hédon, Défenseure des droits, publié en novembre 2022, vient renforcer le propos.

Le manque de moyens financiers en premier lieu, est à déplorer. Les moyens alloués aux services médicaux scolaires sont bien insuffisants pour faire face à des besoins d’accompagnement pourtant croissants en cette période post-covid. On considère en moyenne qu’il y a un médecin scolaire pour 16000 élèves, les infirmier·ère·s scolaires sont souvent seul·e·s en établissement, les collèges et lycées avec internat ne peuvent compter sur un service médical pour la prise en charge des élèves notamment sur des temps de soirée.

L’EAS reste la prérogative des infirmier·ère·s scolaires qui sont souvent seul·e·s pour animer les séances programmées pour l’ensemble des classes et des niveaux. Contrairement à ce que prévoit la loi, que nous avons rappelé ci-dessus, les enseignants de SVT restent bien souvent les seul·e·s partenaires pour animer ces séances en interne. Le manque de formation des personnels enseignant et d’éducation à l’EAS empêche une prise en charge collective de ces questions et une mise en œuvre transversale dans chaque établissement.  A certaines associations extérieures est confié le soin de prendre en charge une séance pour un niveau ; il est impossible de mobiliser des intervenants pour toutes les classes, pour tous les niveaux, pour trois séances par an. L’EAS n’est donc toujours pas effective plus de 20 ans après la promulgation de la loi.

Une vision lacunaire de l’EAS

On peut déplorer enfin que l’EAS se réduise trop souvent à une information d’un point de vue biologique et porte presque exclusivement sur la contraception et la prévention des infections sexuellement transmissibles. On peut déplorer le focus mis sur la reproduction et sur les risques inhérents à la sexualité et regretter que l’éducation à la sexualité ne soit pas davantage positive et qu’elle mette de côté des informations liées au plaisir ou à la diversité des pratiques.

L’EAS doit présenter une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes et contribuer à l’apprentissage du respect dû au corps humain.

Différents enseignements offrent l’opportunité d’exploiter des situations, des textes ou des supports qui abordent des thèmes variés: liberté, responsabilité et respect face aux choix personnels (réseaux sociaux, Internet, cyberharcèlement, pornographie, etc.), consentement, valeurs et normes, impact des stéréotypes et rôles sexués, prévention des violences sexistes et sexuelles, orientations sexuelles, respect de son corps et de celui de l’autre, etc.

Les enseignements scientifiques et de santé occupent évidemment une place spécifique dans ce domaine et donnent aux élèves les bases scientifiques indispensables. Cependant, les programmes d’autres champs disciplinaires tels que l’enseignement moral et civique, la philosophie, l’histoire, les arts plastiques, les lettres, etc. peuvent être traversés par ces questions essentielles. Cette éducation peut prendre la forme de dialogues et de débats, ainsi les personnels de vie scolaire peuvent trouver leur place dans ces échanges, également dans d’autres espaces que la classe.

Une EAS effective dans les établissements passera par une réelle volonté de la mettre en place en formant les personnels EN et en octroyant une place aux questions essentielles qui traversent nos ados, en abordant les dimensions psychologiques, affectives, sociales, culturelles et éthiques de la sexualité dans les enseignements et dans l’ensemble des espaces scolaires.