Montpellier, des moyens insuffisants pour la rentrée 2024

Ce mardi 16 janvier, la Rectrice de l'Académie de Montpellier, a présenté à l'ensemble des organisations syndicales représentatives le projet de répartition des emplois dans le 1er et 2nd degré pour la rentrée scolaire 2024. Nous avons voté contre ce projet.

La préparation de la rentrée 2024 dans l’académie de Montpellier se profile sur la base de la création de 46 Équivalents Temps Plein (ETP) pour le second degré et 10 ETP pour le premier degré. S’ajoutent à ces créations, les autorisations exceptionnelles de recrutement obtenues et conservées par les services depuis juin 2023. À première vue, ces chiffres pourraient laisser croire que notre territoire est bien pourvu par le ministère. La rectrice de Montpellier a d’ailleurs souligné, en instance et dans les média, que notre académie fait partie des mieux dotées. Cependant, une analyse plus approfondie révèle un manque criant de moyens, surtout lorsque l’on considère la complexité de notre territoire. Comment peut-on améliorer la mixité sociale et scolaire dans nos établissements, en consacrant la quasi-totalité des moyens à financer les réformes passées et en cours ?

Ces moyens sont alloués dans un contexte d’annonces et de priorités ministérielles à décliner localement. Pour le second degré, si nous prenons l’exemple de la réforme de la voie professionnelle, qui impacte la grille horaire du bac pro avec des répercussions sur les moyens attribués aux établissements : le compte n’y est pas ! De même, pour le collège et son « Choc des savoirs », les moyens supplémentaires sont censés financer la mise en place des groupes de niveaux, mais là encore, le compte n’y est pas ! Notre fédération s’oppose à la mise en place des groupes de niveaux, contraires à l’hétérogénéité et à la mixité que nous considérons comme des leviers de réussite pour tous les élèves. Malgré l’assurance de la Rectrice concernant la marge d’autonomie préservée pour les EPLE, la répartition des Dotations Horaire Globale (DHG) risque de devenir un casse-tête pour les chef·fe·s d’établissements en limitant les marges de manœuvre nécessaires pour appliquer de vrais choix pédagogiques. De plus, toutes les études montrent que séparer des élèves selon leurs résultats conduit souvent à un décrochage accru de celles et ceux qui sont le plus en difficulté. Ces mesures auront des conséquences sur la qualité des emplois du temps des professeurs de mathématiques et de français, et entraîneront une dégradation des conditions de travail pour l’ensemble des personnels (emplois du temps morcelés, amplitudes horaires plus importante…). L’UNSA éducation s’interroge fortement sur la faisabilité  de mettre en place ces groupes de niveaux dans notre académie  avec seulement 46 ETP !  Quant à la création des prépa-lycées (expérimentation d’une classe par département dans un lycée polyvalent dès la rentrée 2024), cela pourrait vider les classes de bac professionnel, avec un risque accru de décrochage pour les élèves concernés par un dispositif qui ne fait pas sens pour eux.

Dans le premier degré, les moyens obtenus sont censés permettre la déclinaison des priorités ministérielles, en tenant compte de l’évolution des effectifs d’élèves pour chaque département. Malgré une enveloppe de moyens positive pour les départements de l’Hérault (+12 ETP) et du Gard (+1 ETP). La Lozère perd 3 ETP et l’Aude et les Pyrénées-Orientales fonctionneront à moyens constants pour la rentrée 2024. Nous avons interrogé la rectrice sur la difficulté à financer les priorités au regard des moyens obtenus. Comment finaliser les dédoublements de classe en grande section en éducation prioritaire ? On est encore loin du 100% annoncé par la Rectrice pour la rentrée 2023. Comment poursuivre le plafonnement à 24 ? Comment accompagner l’école inclusive avec la création d’ULIS et d’unités autisme ? Sur ce dernier point, nous n’avons obtenu aucune réponse. Sans moyens plus importants, il sera quasiment impossible de permettre le remplacement d’enseignant·e·s absent·e·s ou en formation, risquant ainsi de dégrader encore davantage la formation continue des personnels, formation réduite à peau de chagrin depuis plusieurs années pour les personnels du 1er degré notamment.

Pour UNSA Éducation Montpellier, cette dotation demeure largement insuffisante pour répondre aux besoins de notre système éducatif. Elle ne permettra ni d’améliorer les moyens pour accueillir et accompagner les élèves en difficulté, ni d’améliorer les conditions d’exercice des enseignants. Il est impératif de repenser la répartition des moyens afin de garantir une éducation de qualité pour tous les élèves de l’académie de Montpellier.

Pour ces raisons, l’UNSA éducation ainsi que la FSU, FO et Sud éducation (pour le 1er degré)  ont voté contre le projet de répartition des moyens 1er et 2nd degré. Seul le Snalc s’est abstenu.