Déclaration liminaire pour l’UNSA Éducation de l’Académie de Versailles – CTA du 24 juin 2021

Madame la Rectrice,

Le baromètre UNSA de tous les métiers 2021 marque une rupture de confiance de plus en plus nette entre les personnels et le Ministère. Il est facile de faire porter cette évolution sur la crise sanitaire : en réalité, elle ne fait qu’accentuer tout ce que nous dénonçons depuis plusieurs années. Les conditions de travail se détériorent, la déficience des outils numériques de travail s’accentue et cette année les opérations de gestion des examens sont improvisées.
La marche forcée d’un ministre pour mettre en place une réforme du lycée et du baccalauréat dans un contexte difficile se sera fait au détriment des élèves.
En cette fin d’année scolaire, les révélateurs de cette dégradation générale sont nombreux et n’épargnent pas notre académie.

Nous voulons pour ce dernier CTA de l’année scolaire dresser un état des lieux de ce qui se passe depuis un mois environ dans les services et les établissements, à commencer par le pilotage désastreux de l’organisation des examens qui montre les limites d’une centralisation excessive sur le SIEC et du manque de concertation et d’écoute des acteurs de terrain.
Qui en paye le prix ? Les enseignants convoqués au dernier moment, les secrétariats d’examen et les directions d’établissement qui doivent revoir les organisations en permanence, les corps d’inspection qui doivent monter des épreuves de rattrapage de BTS sans consignes claires. Et surtout, aujourd’hui, les personnels du SIEC au bord de la rupture. Lors de l’audience demandée en urgence par le SNPDEN UNSA la semaine dernière, nous avons vu un directeur du SIEC dépassé et des chefs de division épuisés ; les personnels du SIEC sont à bout et ont dû travailler les deux week-ends précédents (le samedi 12 juin, des convocations ont été envoyées jusqu’après 22h, ce dimanche 20 juin des convocations ont été adressées à des jurys pour le lundi 21. Les procédures ne sont pas préparées, le directeur du SIEC lui-même reconnait que l’algorithme de répartition des jurys ne fonctionne pas correctement et que la composition des jurys
n’est pas toujours conforme au règlement d’examen ce qui nécessite de multiples corrections.
Dernier témoignage d’un système défaillant, l’alerte sur les sujets du DNB : en cette fin de semaine, plus de 1000 collèges d’Ile de France doivent organiser un déplacement pour aller chercher 3 sujets de remplacement.

Nous dénonçons des outils numériques défaillants et là encore les faits nous donnent raison. Les pannes et dysfonctionnements des outils se multiplient.
Lundi 21, premier jour des épreuves du grand oral, le service de collecte des notes est fermé un long moment, puis les temps d’enregistrement sont très longs, EPSnet a bloqué les remontées des livrets de la voie professionnelle, on ne compte plus les interruptions de service de SANTORIN (notamment le jour même des épreuves de philosophie et de français) et les bugs multiples de CYCLADES.

Nous rencontrons les mêmes dysfonctionnements techniques dans les opérations d’orientation et d’affectation. Les informations qui nous sont communiquées en deviennent parfois aberrantes, comme les alertes du SAIO sur des absences de saisie de vœux dans AFFELNET : en fait, les listes adressées aux établissements étaient celles de classes de l’an dernier. Les nomenclatures de la DAPEP sont livrées en retard et doivent être corrigées avant de pouvoir affecter les élèves. Les interruptions de services et les
besoins de correctifs s’enchaînent. AFFELNET 6 ème déployé à la va-vite et très peu utilisé. Après AFFELNET 0, il est demandé de rajouter des vœux à certains élèves ; puis il s’avère qu’il faut en enlever 2 pour en rajouter 2 ; mais lesquels, au hasard ? Est-ce ainsi que se construisent les parcours de formation des jeunes ? Tout cela perturbe le travail des équipes administratives dans les établissements, les CIO et les services.

Au milieu de tout ce bazar, alors que la situation sanitaire s’améliorait, les cafouillages sur le port du masque reprenaient. Une journée pour avoir une information claire sur le port du masque dans les établissements.
Et puis la blague des autotests pour les élèves continue : les lycées ont reçu des enveloppes afin de diviser les boites de 25 tests par 5, d’inscrire sur chaque enveloppe le numéro du lot et la date limite d’utilisation, afin de les distribuer aux élèves.
Il est vrai Madame la Rectrice que cette activité récréative nous aurait sans doute détendu, les tâches manuelles ne manquant pas d’une certaine noblesse nous y aurions pris un grand plaisir mais il ne vous aura pas échappé que les opérations de fin d’année nous occupent un peu. L’UNSA Education Versailles invitera donc les lycées de l’académie à venir déposer les boîtes de tests, et les enveloppes, au Rectorat de Versailles à votre attention, vous saurez sans doute en faire meilleur usage que nous.

J’en viens à notre dernier sujet d’actualité : les épreuves de fin d’année maintenues contre l’avis général par notre ministre qui pensait ainsi sauver sa réforme. Le Grand Oral est un non-sens : les élèves ont connu des grandes disparités dans sa préparation, nous n’avons cessé de le dire et nous en voyons les conséquences. A côté d’interventions brillantes, de simples exposés sont présentés, provoquant des écarts de notes importants. L’épreuve qui révèle et accentue les inégalités, comme nous l’avions craint.
Quant à la passation de l’épreuve de philosophie, elle a connu ici ou là des fortunes diverses. Il a fallu souvent la force de conviction des professeurs pour maintenir les élèves en salle et leur démontrer l’intérêt de composer. Cependant, dès 9h les messages circulaient sur la fuite des élèves ; le record étant probablement détenu pour un établissement qui a vu partir 74% des candidats d’une série, il est vrai déjà peu encline à la composition écrite.
Bref, nous retiendrons que notre ministre restera dans l’histoire de l’Education comme celui qui sera allé le plus loin dans une réforme du bac en parvenant à transformer l’épreuve de philosophie en escape game.
En deux mots, Monsieur le Ministre est recalé et doit réviser son bac pour l’année prochaine.

Et puis revoilà le SNU, mais vous verrez Madame la Rectrice que nous restons dans les mêmes thématiques.
Voulant à tout prix maintenir cette opération qui se révèle de plus en plus comme une action plus politique qu’éducative, devant le peu de candidatures en seconde, le recrutement a été élargi aux jeunes de première alors qu’il était au départ prévu de ne pas perturber le passage des leurs examens avec cela. Je vais procéder, Madame la Rectrice à la lecture d’un mail adressée par une élève volontaire au SNU à ses professeurs et à la direction de son lycée. Cette jeune fille, Amélie S. a été convoquée au SIEC pour passer
son oral de Français en raison de sa participation au stage SNU cette semaine. Convoquée pour 8h30, elle a pris un train à 6h10 pour se présenter à la Maison des Examens en avance conformément à sa convocation.

« Bonsoir Madame,
Après six longues, mais très longues heures d’attente, assise dans une cage d’escalier, entassée avec d’autres élèves et l’impossibilité d’ouvrir les fenêtres, j’ai ENFIN pu passer mon oral ! Sur une bonne quarantaine d’élèves, je suis passée en avant dernier. Les jurys fonctionnant par ordre alphabétique, ce n’était pas mon jour de chance… [elle décrit ensuite le passage de son épreuve]. Je suis un peu moins contente de mon travail lorsque je le compare à ce que j’ai pu faire au bac blanc, aujourd’hui je me suis sentie moins à l’aise avec ce texte, j’avais un mélange de colère et de fatigue qui se logeait dans ma petite tête pendant l’épreuve, l’attente entre mon arrivée et mon passage a vraiment été infernale, je souhaite que les prochains jours soient mieux organisés pour les prochains candidats car je trouve qu’il n’est pas normal de passer une épreuve dans de telles conditions alors que le stress de l’épreuve est suffisamment présent pour certains. »

Le lendemain, elle poursuivait dans un autre mail.
« On ne nous a rien donné, en réalité les oraux devaient avoir lieu de 8h30 à 12h30, alors passée cette heure certains jury sont rentrés chez eux et d’autres ont été appelés en urgence pour les relayer. A midi ils nous ont dit que nous pouvions aller manger car ils n’arrivaient plus à gérer le passage des élèves et le temps commençait à se faire long, à treize heures nous sommes revenus et avons continué les oraux. En revanche tout le monde n’avait pas d’argent pour manger, certains se sont arrangés avec leurs camarades et je crois que des jurys ont aidé des élèves qui n’en avaient pas. Nous sommes conscients que ce n’est en aucun la faute des jurys et nous sommes très reconnaissants envers leur patience et leur amabilité qu’ils ont conservé toute au long de la journée […]. Bien sûr vous pouvez transmettre mon message à vos inspecteurs et je vous en remercie car il serait inadmissible que d’autres élèves subissent ce genre de situation. »

Ce sont donc bien les élèves, Madame la Rectrice, qui subissent malgré tous les efforts des personnels les conséquences d’un pilotage défaillant du Ministère. Il est absolument nécessaire de régler tous les dysfonctionnements de ce système et les solutions passeront par une écoute réelle des personnels et de leurs représentants.
Pour améliorer la qualité de vie au travail, Madame la Rectrice, une feuille de route RH ne réglera rien si nos outils restent inopérants, chronophages ou inadaptés. Un plan d’urgence du numérique en direction des personnels s’impose.

Nous vous remercions de votre attention.

Christelle BERGERON et Thierry FAUCONNIER, pour l’UNSA Éducation

Nous contacter : versailles@unsa-education.org

Madame la Rectrice,

Le baromètre UNSA de tous les métiers 2021 marque une rupture de confiance de plus en plus nette entre les personnels et le Ministère. Il est facile de faire porter cette évolution sur la crise sanitaire : en réalité, elle ne fait qu’accentuer tout ce que nous dénonçons depuis plusieurs années. Les conditions de travail se détériorent, la déficience des outils numériques de travail s’accentue et cette année les opérations de gestion des examens sont improvisées.
La marche forcée d’un ministre pour mettre en place une réforme du lycée et du baccalauréat dans un contexte difficile se sera fait au détriment des élèves.
En cette fin d’année scolaire, les révélateurs de cette dégradation générale sont nombreux et n’épargnent pas notre académie.

Nous voulons pour ce dernier CTA de l’année scolaire dresser un état des lieux de ce qui se passe depuis un mois environ dans les services et les établissements, à commencer par le pilotage désastreux de l’organisation des examens qui montre les limites d’une centralisation excessive sur le SIEC et du manque de concertation et d’écoute des acteurs de terrain.
Qui en paye le prix ? Les enseignants convoqués au dernier moment, les secrétariats d’examen et les directions d’établissement qui doivent revoir les organisations en permanence, les corps d’inspection qui doivent monter des épreuves de rattrapage de BTS sans consignes claires. Et surtout, aujourd’hui, les personnels du SIEC au bord de la rupture. Lors de l’audience demandée en urgence par le SNPDEN UNSA la semaine dernière, nous avons vu un directeur du SIEC dépassé et des chefs de division épuisés ; les personnels du SIEC sont à bout et ont dû travailler les deux week-ends précédents (le samedi 12 juin, des convocations ont été envoyées jusqu’après 22h, ce dimanche 20 juin des convocations ont été adressées à des jurys pour le lundi 21. Les procédures ne sont pas préparées, le directeur du SIEC lui-même reconnait que l’algorithme de répartition des jurys ne fonctionne pas correctement et que la composition des jurys
n’est pas toujours conforme au règlement d’examen ce qui nécessite de multiples corrections.
Dernier témoignage d’un système défaillant, l’alerte sur les sujets du DNB : en cette fin de semaine, plus de 1000 collèges d’Ile de France doivent organiser un déplacement pour aller chercher 3 sujets de remplacement.

Nous dénonçons des outils numériques défaillants et là encore les faits nous donnent raison. Les pannes et dysfonctionnements des outils se multiplient.
Lundi 21, premier jour des épreuves du grand oral, le service de collecte des notes est fermé un long moment, puis les temps d’enregistrement sont très longs, EPSnet a bloqué les remontées des livrets de la voie professionnelle, on ne compte plus les interruptions de service de SANTORIN (notamment le jour même des épreuves de philosophie et de français) et les bugs multiples de CYCLADES.

Nous rencontrons les mêmes dysfonctionnements techniques dans les opérations d’orientation et d’affectation. Les informations qui nous sont communiquées en deviennent parfois aberrantes, comme les alertes du SAIO sur des absences de saisie de vœux dans AFFELNET : en fait, les listes adressées aux établissements étaient celles de classes de l’an dernier. Les nomenclatures de la DAPEP sont livrées en retard et doivent être corrigées avant de pouvoir affecter les élèves. Les interruptions de services et les
besoins de correctifs s’enchaînent. AFFELNET 6 ème déployé à la va-vite et très peu utilisé. Après AFFELNET 0, il est demandé de rajouter des vœux à certains élèves ; puis il s’avère qu’il faut en enlever 2 pour en rajouter 2 ; mais lesquels, au hasard ? Est-ce ainsi que se construisent les parcours de formation des jeunes ? Tout cela perturbe le travail des équipes administratives dans les établissements, les CIO et les services.

Au milieu de tout ce bazar, alors que la situation sanitaire s’améliorait, les cafouillages sur le port du masque reprenaient. Une journée pour avoir une information claire sur le port du masque dans les établissements.
Et puis la blague des autotests pour les élèves continue : les lycées ont reçu des enveloppes afin de diviser les boites de 25 tests par 5, d’inscrire sur chaque enveloppe le numéro du lot et la date limite d’utilisation, afin de les distribuer aux élèves.
Il est vrai Madame la Rectrice que cette activité récréative nous aurait sans doute détendu, les tâches manuelles ne manquant pas d’une certaine noblesse nous y aurions pris un grand plaisir mais il ne vous aura pas échappé que les opérations de fin d’année nous occupent un peu. L’UNSA Education Versailles invitera donc les lycées de l’académie à venir déposer les boîtes de tests, et les enveloppes, au Rectorat de Versailles à votre attention, vous saurez sans doute en faire meilleur usage que nous.

J’en viens à notre dernier sujet d’actualité : les épreuves de fin d’année maintenues contre l’avis général par notre ministre qui pensait ainsi sauver sa réforme. Le Grand Oral est un non-sens : les élèves ont connu des grandes disparités dans sa préparation, nous n’avons cessé de le dire et nous en voyons les conséquences. A côté d’interventions brillantes, de simples exposés sont présentés, provoquant des écarts de notes importants. L’épreuve qui révèle et accentue les inégalités, comme nous l’avions craint.
Quant à la passation de l’épreuve de philosophie, elle a connu ici ou là des fortunes diverses. Il a fallu souvent la force de conviction des professeurs pour maintenir les élèves en salle et leur démontrer l’intérêt de composer. Cependant, dès 9h les messages circulaient sur la fuite des élèves ; le record étant probablement détenu pour un établissement qui a vu partir 74% des candidats d’une série, il est vrai déjà peu encline à la composition écrite.
Bref, nous retiendrons que notre ministre restera dans l’histoire de l’Education comme celui qui sera allé le plus loin dans une réforme du bac en parvenant à transformer l’épreuve de philosophie en escape game.
En deux mots, Monsieur le Ministre est recalé et doit réviser son bac pour l’année prochaine.

Et puis revoilà le SNU, mais vous verrez Madame la Rectrice que nous restons dans les mêmes thématiques.
Voulant à tout prix maintenir cette opération qui se révèle de plus en plus comme une action plus politique qu’éducative, devant le peu de candidatures en seconde, le recrutement a été élargi aux jeunes de première alors qu’il était au départ prévu de ne pas perturber le passage des leurs examens avec cela. Je vais procéder, Madame la Rectrice à la lecture d’un mail adressée par une élève volontaire au SNU à ses professeurs et à la direction de son lycée. Cette jeune fille, Amélie S. a été convoquée au SIEC pour passer
son oral de Français en raison de sa participation au stage SNU cette semaine. Convoquée pour 8h30, elle a pris un train à 6h10 pour se présenter à la Maison des Examens en avance conformément à sa convocation.

« Bonsoir Madame,
Après six longues, mais très longues heures d’attente, assise dans une cage d’escalier, entassée avec d’autres élèves et l’impossibilité d’ouvrir les fenêtres, j’ai ENFIN pu passer mon oral ! Sur une bonne quarantaine d’élèves, je suis passée en avant dernier. Les jurys fonctionnant par ordre alphabétique, ce n’était pas mon jour de chance… [elle décrit ensuite le passage de son épreuve]. Je suis un peu moins contente de mon travail lorsque je le compare à ce que j’ai pu faire au bac blanc, aujourd’hui je me suis sentie moins à l’aise avec ce texte, j’avais un mélange de colère et de fatigue qui se logeait dans ma petite tête pendant l’épreuve, l’attente entre mon arrivée et mon passage a vraiment été infernale, je souhaite que les prochains jours soient mieux organisés pour les prochains candidats car je trouve qu’il n’est pas normal de passer une épreuve dans de telles conditions alors que le stress de l’épreuve est suffisamment présent pour certains. »

Le lendemain, elle poursuivait dans un autre mail.
« On ne nous a rien donné, en réalité les oraux devaient avoir lieu de 8h30 à 12h30, alors passée cette heure certains jury sont rentrés chez eux et d’autres ont été appelés en urgence pour les relayer. A midi ils nous ont dit que nous pouvions aller manger car ils n’arrivaient plus à gérer le passage des élèves et le temps commençait à se faire long, à treize heures nous sommes revenus et avons continué les oraux. En revanche tout le monde n’avait pas d’argent pour manger, certains se sont arrangés avec leurs camarades et je crois que des jurys ont aidé des élèves qui n’en avaient pas. Nous sommes conscients que ce n’est en aucun la faute des jurys et nous sommes très reconnaissants envers leur patience et leur amabilité qu’ils ont conservé toute au long de la journée […]. Bien sûr vous pouvez transmettre mon message à vos inspecteurs et je vous en remercie car il serait inadmissible que d’autres élèves subissent ce genre de situation. »

Ce sont donc bien les élèves, Madame la Rectrice, qui subissent malgré tous les efforts des personnels les conséquences d’un pilotage défaillant du Ministère. Il est absolument nécessaire de régler tous les dysfonctionnements de ce système et les solutions passeront par une écoute réelle des personnels et de leurs représentants.
Pour améliorer la qualité de vie au travail, Madame la Rectrice, une feuille de route RH ne réglera rien si nos outils restent inopérants, chronophages ou inadaptés. Un plan d’urgence du numérique en direction des personnels s’impose.

Nous vous remercions de votre attention.

Christelle BERGERON et Thierry FAUCONNIER, pour l’UNSA Éducation

Nous contacter : versailles@unsa-education.org