Nous venons de changer de ministre une fois de plus et les personnels enseignants et non enseignants ne semblent pas en attendre grand-chose.
Sans doute pour deux raisons :
Ils se rendent bien compte que d’une part le président s’est accaparé le sujet et que d’autre part, les ministres successifs par leurs choix s’adressent plus à la part d’opinion publique qu’il souhaite séduire qu’aux professionnels, et aux usagers.
Alors, si quelques bribes lâchées ici ou là peuvent éventuellement, si ce n’est nous réjouir , nous rassurer (épreuves de spécialité, prime exceptionnelle…), les autres annonces semblent bien, une fois de plus, passer à côté des vrais enjeux.
Dès cette rentrée, le ministre dit vouloir une vraie union pour notre École publique, nous ne pouvons que partager cette volonté. C’est bien d’union dont l’École a besoin pour être plus forte.
Mais l’union nécessite de la cohérence et de la faisabilité. Cela exige des mesures qui sont pensées globalement, avec tous les acteurs, et qui ont le temps de s’installer avant d’être remplacées par d’autres.
Étudiants, contractuels, salariés du public ou du privé, doivent pouvoir se projeter avec envie et sérénité dans les métiers de l’éducation.
C’est bien par les leviers d’accès à de meilleures conditions d’exercice (rémunération, temps de travail, nombre d’élèves par classe, mobilités, formation…) et à un meilleur climat de travail (dialogue social, respect du principe de laïcité, accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers, soutien de la hiérarchie, rythme des changements, confiance aux équipes…) que « l’image » que les métiers de l’École renverront à la société réussira à redorer « l’image » que la société se fait de l’École.
Dans l’académie, les départs de personnels vers d’autres métiers n’échappent pas à la règle nationale. Par ailleurs, avec des collègues nommés sur des postes éloignés ou difficiles dès leur première rentrée et cela ne concerne pas seulement les débutants, on se rend vite compte que la rémunération ne sera pas le seul levier à actionner pour rendre attractifs nos métiers. L’augmentation du nombre de places en EMS qui sans stigmatiser ces élèves en souffrance rendent les conditions d’apprentissages dans certaines classes très difficiles devient incontournable.
Constater les écarts d’IPS, s’effarer des quartiers qui s’embrasent, constater la difficulté à mener une organisation du territoire dans des secteurs ruraux nous obligent.
Cela nous enjoint de répondre au sentiment de déclassement de certains et donc aux enjeux de cohésion sociale que cela implique.
C’est du côté de la mixité sociale et scolaire, du sens redonné au travail collectif qu il faut chercher des réponses pour réengager nos concitoyens, nos élèves autour de projets communs.
Quelle cohérence entre les louables intentions d’inverser la courbe de la mixité dans l’École publique lorsque les mesures prises jusqu’alors se contentent de quelques mesurettes, de contraindre le privé sans le contrôler et surtout sans rétablir le financement public en faveur de la seule École publique.
Une politique éducative tournée vers la réussite de l’École porte le choix d’un budget qui priorise pleinement l’École publique la dotant :
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d’un nombre d’enseignants suffisant pour avoir des classes moins chargées et des remplacements assurés ;
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d’un nombre de réseaux d’aide suffisant pour privilégier la prévention et une aide précoce ;
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d’un nombre de personnels de vie scolaire suffisant pour accompagner les élèves/les familles et apaiser les conflits ;
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d’un nombre de personnels suffisant formés pour accompagner tous les personnels dans leur désir de mobilité, d’évolution de carrière, dans l’amélioration de leurs conditions de travail ;
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d’un nombre de professionnels médico-sociaux suffisant pour surmonter les handicaps et les maux ; pour accompagner les personnels et les jeunes.
C’est bien un meilleur fonctionnement de l’École publique qui orientera le choix de la grande majorité des familles vers l’École publique et gratuite, l’École pour tous, et qui permettra de sortir des « entre-soi » générateurs d’atteinte à la laïcité.
Une politique éducative tournée vers la réussite de l’École respecte celles et ceux qui la font vivre en les rémunérant dignement, en adéquation avec le coût de la vie, en leur permettant d’équilibrer leur vie personnelle et de préserver leur santé notamment en aménageant leur fin de carrière.
L’École de demain est devant nous, il nous faut la bâtir. A l’Unsa Education, nous y sommes prêts !