Vous avez dit autonomie ?

Les derniers résultats de l’étude comparative PISA pointent l’incapacité de notre système éducatif à résorber les inégalités sociales. Pour certains, la politique éducative centralisée, basée sur un socle national et homogène, est la cause principale de cet échec. Pour résorber ces inégalités, faut-il mettre fin à une politique éducative centralisée et privilégier l’autonomie des établissements scolaires ?


C’est la solution avancée par certains candidats à l’élection présidentielle (quel que soit leur parti), mais aussi par des organismes institutionnels tels que France Stratégie, qui prévoit plusieurs scénarios vers une plus grande autonomie des établissements scolaires*.


Le terme « autonomie » des établissements est suffisamment symbolique pour inspirer l’adhésion (ou le rejet !), et suffisamment large pour éviter de le définir clairement et surtout d’envisager ses conséquences. Car préciser de quelle autonomie l’on parle conduirait à s’engager dans des directions qui bouleverseraient potentiellement notre système éducatif et ses fondements. Parle-t-on de l’autonomie des établissements scolaires à recruter et rémunérer leurs personnels, et si oui sur quels critères ? D’une autonomie financière plus grande ? D’une latitude plus large dans l’organisation pédagogique ?


La question fondamentale soulevée par l’autonomie des établissements est celle du rôle de l’État dans le système éducatif, aussi bien en termes de politique éducative, que de moyens humains et financiers. Concrètement qui pilote et qui gère quoi en l’absence de l’État ? la collectivité territoriale ? l’établissement scolaire ? Actuellement par exemple, les moyens financiers sont en grande partie décentralisés aux collectivités territoriales. Il en résulte aujourd’hui des disparités en termes d’attribution de dotation de fonctionnement et parfois des décisions unilatérales des collectivités. Comment une classe de sciences et vie de la terre peut-elle fonctionner lorsque la collectivité territoriale refuse de financer le laboratoire de travaux pratiques, sans aucune justification ?


A l’UNSA Éducation, nous revendiquons que l’Éducation reste une priorité de la nation. Si la question de l’autonomie a toute sa place dans le débat sur l’École, elle doit être replacée dans une perspective durable, non soumise aux aléas politiques locaux, en permettant l’accès de tous, de manière égale, à l’enseignement. L’autonomie des établissements ne doit pas être l’occasion de satisfaire les volontés politiques locales unilatérales mais être au service de la réduction des inégalités sociales. Elle passe par une vision stratégique et une impulsion nationale cohérente.

Mesdames et messieurs les candidats, levez le voile. De quelle autonomie parlez-vous réellement ? Comme ça, ce sera clair.


Le billet de Claire

* le rapport France Stratégie sur l’autonomie des établissements

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C’est la solution avancée par certains candidats à l’élection présidentielle (quel que soit leur parti), mais aussi par des organismes institutionnels tels que France Stratégie, qui prévoit plusieurs scénarios vers une plus grande autonomie des établissements scolaires*.


Le terme « autonomie » des établissements est suffisamment symbolique pour inspirer l’adhésion (ou le rejet !), et suffisamment large pour éviter de le définir clairement et surtout d’envisager ses conséquences. Car préciser de quelle autonomie l’on parle conduirait à s’engager dans des directions qui bouleverseraient potentiellement notre système éducatif et ses fondements. Parle-t-on de l’autonomie des établissements scolaires à recruter et rémunérer leurs personnels, et si oui sur quels critères ? D’une autonomie financière plus grande ? D’une latitude plus large dans l’organisation pédagogique ?


La question fondamentale soulevée par l’autonomie des établissements est celle du rôle de l’État dans le système éducatif, aussi bien en termes de politique éducative, que de moyens humains et financiers. Concrètement qui pilote et qui gère quoi en l’absence de l’État ? la collectivité territoriale ? l’établissement scolaire ? Actuellement par exemple, les moyens financiers sont en grande partie décentralisés aux collectivités territoriales. Il en résulte aujourd’hui des disparités en termes d’attribution de dotation de fonctionnement et parfois des décisions unilatérales des collectivités. Comment une classe de sciences et vie de la terre peut-elle fonctionner lorsque la collectivité territoriale refuse de financer le laboratoire de travaux pratiques, sans aucune justification ?


A l’UNSA Éducation, nous revendiquons que l’Éducation reste une priorité de la nation. Si la question de l’autonomie a toute sa place dans le débat sur l’École, elle doit être replacée dans une perspective durable, non soumise aux aléas politiques locaux, en permettant l’accès de tous, de manière égale, à l’enseignement. L’autonomie des établissements ne doit pas être l’occasion de satisfaire les volontés politiques locales unilatérales mais être au service de la réduction des inégalités sociales. Elle passe par une vision stratégique et une impulsion nationale cohérente.

Mesdames et messieurs les candidats, levez le voile. De quelle autonomie parlez-vous réellement ? Comme ça, ce sera clair.


Le billet de Claire

* le rapport France Stratégie sur l’autonomie des établissements