Vive l’indiscipline !

En écrivant le titre de cette chronique, j’entends déjà hurler ou grincer des dents tous ceux qui rentrent de classe, de cours, de séances d’animation, de leurs établissements… épuisés d’avoir dû lutter contre les élèves chahuteurs, les enfants n’écoutant rien, les jeunes n’en faisant qu’à leur tête, les étudiants, dissipés… bref tous ces indisciplinés. Alors qu’on vienne faire l’éloge de l’indiscipline… un comble ?

En écrivant le titre de cette chronique, j’entends déjà hurler ou grincer des dents tous ceux qui rentrent de classe, de cours, de séances d’animation, de leurs établissements… épuisés d’avoir dû lutter contre les élèves chahuteurs, les enfants n’écoutant rien, les jeunes n’en faisant qu’à leur tête, les étudiants, dissipés… bref tous ces indisciplinés.


Alors qu’on vienne faire l’éloge de l’indiscipline… un comble ?


Il y a certes un peu de provocation à vouloir promouvoir une démarche qui consiste à sortir des cadres, bousculer les normes, remettre en cause les règles. Chacun le sait, « une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites » comme l’ironisait Alphonse Allais.

Et si justement, ce dépassement des limites était la condition nécessaire, voire indispensable afin de permettre l’ouverture des possibles, la libération des énergies, le pouvoir de l’invention.

Il faut être indiscipliné pour être chercheur. « Un chercheur l’est finalement toujours, sinon comment pourrait-il penser différemment dans un monde en ordre ? » affirme Dominique Wolton dans son livre Indiscipliné. La communication, les Hommes et la politique (Odile Jacob, 2012)

L’indiscipline ainsi mobilisé n’est bien entendu ni le chahut, ni le manque de respect à l’adulte, à ses pairs, au groupe… C’est la capacité d’appréhender les choses autrement, sans les barrières de la norme.

N’est-ce pas aussi à cette ouverture d’esprit et à cette démarche de curiosité que nous avons à éduquer ?

Mais dans le mot « indiscipline », il faut aussi entendre autre chose. L’in-discipline, le hors, le au-delà des disciplines, du disciplinaire. Réaffirmons-le fortement, les constructions et approches disciplinaires sont utiles pour construire des cadres de références, d’analyses, de compréhension… Comme Alphonse Allais (et oui, encore lui !) le disait pour la logique, les disciplines « mènent à tout à condition d’en sortir », d’abord pour les mêler, les articuler, les enrichir dans des approches multidisciplinaires, interdisciplinaires, puis pour les dépasser dans une transdisciplinarité, une indisciplinarité permettant d’aborder autrement, dans des dimensions nouvelles, à partir de points de vue différents les choses, les êtres, les relations, les systèmes…

En ce sens l’Éducation –comme la communication qu’étudie Dominique Wolton et qui sont très proches dans son approche- n’est-elle pas une de ces formes d’indiscipline se nourrissant de psychologie, de sociologie, de pédagogie… mais étant toujours plus et au-delà de ces seules disciplines : un mélange complexe, un étrange cocktail.

Le dernier numéro de la revue Hermès *–qui fête ses 25 ans-, nous invite à réfléchir sur ces notions de discipline, d’interdisciplinaire, d’indiscipline… une ouverture loin d’être inutile, avant de retrouver –et peut-être de regarder d’un autre œil- nos chers petits (ou grands) « indisciplinés » !

* Revue HERMES dirigée par Dominique Wolton no 67. Interdisciplinarité : entre disciplines et indiscipline. Novembre 2013 – Coordonné par Jean-Michel Besnier et Jacques Perriault

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En écrivant le titre de cette chronique, j’entends déjà hurler ou grincer des dents tous ceux qui rentrent de classe, de cours, de séances d’animation, de leurs établissements… épuisés d’avoir dû lutter contre les élèves chahuteurs, les enfants n’écoutant rien, les jeunes n’en faisant qu’à leur tête, les étudiants, dissipés… bref tous ces indisciplinés.


Alors qu’on vienne faire l’éloge de l’indiscipline… un comble ?


Il y a certes un peu de provocation à vouloir promouvoir une démarche qui consiste à sortir des cadres, bousculer les normes, remettre en cause les règles. Chacun le sait, « une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites » comme l’ironisait Alphonse Allais.

Et si justement, ce dépassement des limites était la condition nécessaire, voire indispensable afin de permettre l’ouverture des possibles, la libération des énergies, le pouvoir de l’invention.

Il faut être indiscipliné pour être chercheur. « Un chercheur l’est finalement toujours, sinon comment pourrait-il penser différemment dans un monde en ordre ? » affirme Dominique Wolton dans son livre Indiscipliné. La communication, les Hommes et la politique (Odile Jacob, 2012)

L’indiscipline ainsi mobilisé n’est bien entendu ni le chahut, ni le manque de respect à l’adulte, à ses pairs, au groupe… C’est la capacité d’appréhender les choses autrement, sans les barrières de la norme.

N’est-ce pas aussi à cette ouverture d’esprit et à cette démarche de curiosité que nous avons à éduquer ?

Mais dans le mot « indiscipline », il faut aussi entendre autre chose. L’in-discipline, le hors, le au-delà des disciplines, du disciplinaire. Réaffirmons-le fortement, les constructions et approches disciplinaires sont utiles pour construire des cadres de références, d’analyses, de compréhension… Comme Alphonse Allais (et oui, encore lui !) le disait pour la logique, les disciplines « mènent à tout à condition d’en sortir », d’abord pour les mêler, les articuler, les enrichir dans des approches multidisciplinaires, interdisciplinaires, puis pour les dépasser dans une transdisciplinarité, une indisciplinarité permettant d’aborder autrement, dans des dimensions nouvelles, à partir de points de vue différents les choses, les êtres, les relations, les systèmes…

En ce sens l’Éducation –comme la communication qu’étudie Dominique Wolton et qui sont très proches dans son approche- n’est-elle pas une de ces formes d’indiscipline se nourrissant de psychologie, de sociologie, de pédagogie… mais étant toujours plus et au-delà de ces seules disciplines : un mélange complexe, un étrange cocktail.

Le dernier numéro de la revue Hermès *–qui fête ses 25 ans-, nous invite à réfléchir sur ces notions de discipline, d’interdisciplinaire, d’indiscipline… une ouverture loin d’être inutile, avant de retrouver –et peut-être de regarder d’un autre œil- nos chers petits (ou grands) « indisciplinés » !

* Revue HERMES dirigée par Dominique Wolton no 67. Interdisciplinarité : entre disciplines et indiscipline. Novembre 2013 – Coordonné par Jean-Michel Besnier et Jacques Perriault